L’Ecole des Beaux-Arts de Paris explore, pour la première fois, en France une particularité de l’artiste danois Per Kirkeby : ses sculptures en briques (1966-2016). A découvrir jusqu’au 22 décembre prochain.
A l’occasion des 200 ans de l’Ecole, la nouvelle exposition organisée aux Beaux-Arts de Paris est installée dans le cadre exceptionnel de la cour vitrée du Palais des études. Elle explore, pour la première fois en France, une particularité de l’œuvre du Danois Per Kirkeby (né en 1938) : la brique. Rappelons que l’artiste est avant tout un peintre coloriste expressionniste. On retrouve encore aujourd’hui l’Art minimal, hérité des années 1960, dans ses architectures de briques « un concentré de mes peintures », souligne l’artiste.
C’est la Fédération française des tuiles et des briques (FFTB), partenaire de l’exposition, qui a fourni quelque 40 000 briques à l’artiste…, soit près de 100 t de terre cuite ! Et Vinci, partenaire également de l’évènement, qui a monté les sculptures par rapport au dessins de l’artiste danois. « C’est la première fois qu’une exposition est dédiée aux sculptures en briques de Per Kirkeby et c’est une grande fierté pour nous d’avoir permis qu’une installation d’une telle envergure soit présentée au public. Ces œuvres mettent en valeur la terre cuite, qui est l’un des plus anciens matériaux de construction de l’histoire humaine et qui a su innover pour continuer à inspirer les architectes, y compris des réalisations extrêmement contemporaines. Il est, de plus, ici magnifié par un artiste de renom », a déclaré, lors du vernissage en octobre dernier, Pierre Jonnard, président de la FFTB.
Parcours sculptural pavé de briques
Très tôt dans sa carrière, Per Kirkeby introduit dans son travail de grandes sculptures en briques, qui vont parsemer l’ensemble de son œuvre (une centaine). Pour la cour vitrée des Beaux-Arts, l’artiste a élaboré une sélection de douze pièces, incluant une construction monumentale, un groupe de trois sculptures planes et un ensemble inédit de huit stèles. Ces dernières sont récurrentes dans son travail. Alors que ses peintures sont essentiellement inspirées du Pop art et de l’Expressionnisme des années 1980, ses premières œuvres sculpturales en briques font écho à la tendance minimale, qui prévaut dans les années 1960. Elles constitueront par la suite un crédo dans les années 1980 et 1990. Mais ses sculptures échapperont rapidement à l’esprit de leur temps et prendront une envergure monumentale, devenant plus complexes. Per Kirkerby a souvent expliqué que sa peinture « s’adossait aux formes élémentaires des sculptures en briques. Les blocs de ce matériau sont la structure de mes peintures, leur échafaudage intérieur, leur squelette ». On remarque que les multiples combinaisons du cercle et du carré sont le fondement des sculptures de l’artiste danois. « Ces œuvres en briques sont toutes transparentes et pénétrables. Elles n’acquièrent leur sens que lorsque l’’on les traverse […] des formes neuves, gauches, vues de l’extérieur. Mais elles sont faites pour qu’on y rentre et que l’on en ressorte. Pour être traversées », explique Lars Morell, auteur de l’ouvrage le plus complet sur les œuvres en briques de Per Kirkerby. « Il n’y a pas d’ouvrage ou d’œuvre réussies, sans la rencontre singulière entre un matériau, un créateur et les savoir-faire des metteurs en œuvre. Peut-être est-ce ce qui fait aussi la réussite de ce projet, c’est la rencontre de passionnés de la terre cuite », conclut Pierre Jonnard.
M. C.