Ecotrans est une entreprise de transport de béton, dotée d’une flotte de 12 toupies Scania, qui roule au biodiesel. Un développement moteur à l’avant-garde et vertueux.
Du port de plaisance garni de yachts aux monts environnants tapissés de tours et d’immeubles, Monaco est une ville si dense que le réseau routier est à la fois étroit et sinueux. Dans le flux de la circulation, une toupie à béton Scania, un P 410 B 8×4 surmonté d’une carrosserie Schwing Stetter, progresse, malgré les passages exigus et les nombreuses courbes et côtes qui ponctuent son parcours. « Le véhicule est top. C’est un camion fait pour nous les conducteurs ! », s’exclame Thierry Legeley, conducteur Ecotrans. Si son porteur ressemble trait pour trait à un malaxeur classique, il a pourtant des caractères atypiques. Côté carburant, il roule au B100, un biodiesel issu du colza. Il dispose aussi d’un équipement électrique pour activer le malaxeur. « Lorsque je livre, le moteur électrique prend le relais, le bruit est ainsi atténué et nous supprimons toute émission de CO2 », explique Thierry Legeley.
Ecotrans, une entreprise engagée
Le Scania P 410 B8x4 peut ainsi se targuer d’être “écologique”, comme les autres véhicules qui composent la flotte de la société Ecotrans. Tous Scania, tous équipés en Schwing Stetter, tous “verts”. « Nous sommes engagés dans une démarche environnementale. Ce ne sont pas que des mots, mais une réelle volonté d’entreprise », martèle Philippe Ortelli, président de l’Entreprise monégasque de travaux (EMT) et aussi d’Ecotrans. Fils du fondateur, monégasque de souche, le dirigeant rappelle que sa société fait partie d’un groupe familial parmi lequel figure EMT et sa centrale à béton souterraine. « Plus largement, nous sommes spécialisés dans la production, la vente et le transport de béton prêt à l’emploi. »
Avec sa centrale à béton située en centre urbain, l’entreprise familiale a non seulement participé au développement monégasque, à la construction du quartier de Fontvieille, mais se projette maintenant dans un avenir durable. « Ecotrans est une société de transport écologique et innovante », clame Philippe Ortelli.
Penser autrement
« Nous sommes une PME au tempérament familial, agile par sa taille. Nous pouvons réfléchir à dix ans et développer nos idées rapidement, sourit Eric Humilier, directeur général d’EMT. C’est ce qui nous permet de prendre de l’avance sur une conduite environnementale, innovante et haut de gamme. Alors que nous opérons sur un secteur plutôt marqué par l’inertie des grands groupes. » Avec une capacité de production de 130 000 m3/an de béton, la centrale est, elle aussi, engagée sur ce front.
« Nous avons développé un béton bas carbone, mis en place des systèmes de recyclage pour l’eau et les cailloux. Nous cherchons à atteindre le zéro déchet. L’ensemble des strates de l’entreprise est porté par ces mêmes préoccupations. Le raisonnement qui prévaut, c’est le transport durable. » Hésitant dans son choix de carburant entre le B100 et le gaz naturel liquéfié (GNL), Eric Humilier a finalement opté pour le plus vertueux. « Le GNL reste une énergie fossile, moins performante écologiquement, quand le B100 restitue 3,7 fois plus d’énergie qu’il n’en nécessite pour être produit. »
Qualités éco-vertueuses du B100
Si l’engagement environnemental est intrinsèque à Ecotrans, il croise aussi une logique politique. « Le gouvernement monégasque vise le zéro carbone à l’horizon 2050 », note Philippe Ortelli. Un éco-système favorable qui a amené l’entreprise à redéfinir ses choix d’éco-carburant. « Très tôt, nous avions adopté le Diester 30 auquel nous renonçons aujourd’hui pour le B100, moins impactant sur l’environnement que le gaz. Par ailleurs, il répond à nos exigences, celles du cycle de vie et de la revente des véhicules. » En effet, le biodiesel fonctionne avec un moteur diesel. « Dans 6 ans, lorsque nous renouvellerons notre parc, il pourra rejoindre le marché traditionnel de l’occasion », explique Eric Humilier.
Des arguments complémentaires aux qualités éco-vertueuses du B100. « Il est 100 % végétal, 100 % renouvelable, réduit de 60 % les émissions de gaz à effet de serre, de 80 % les particules fines. Son empreinte carbone est faible, car il est produit en France. Et enfin, il est issu du colza cultivé sur des terres en jachère. Il n’entre pas en compétition avec la production agricole alimentaire. ». La seule contrainte est réglementaire. Ce carburant n’est autorisé qu’à une clientèle captive. Il appartient aux utilisateurs de disposer de cuves et de ne rouler qu’au B100.
Contre les nuisances sonores
« Nous sommes aussi dans l’obligation de tracer nos consommations », précise Eric Humilier. Bien que soumis à des règles strictes, et malgré ses atouts environnementaux, le B100 est en vignette Crit’Air 2. Pourtant, entre taxes attractives, qui le place au même prix que le gazole, attrait environnemental et technologique, le B100 rend l’engagement écologique accessible financièrement selon le directeur général d’EMT. Durable jusqu’au bout, il élargit même son propos aux nuisances sonores. « Nous souhaitons aussi réduire le bruit sur les chantiers pour ne pas déranger les résidents. »
Cette motorisation présente 10 % de nuisance sonore en moins, tout comme le système de toupies hybride, qui va dans le même sens. Ou encore le “cri du lynx” des toupies remplaçant les bips de recul stridents. Déjà doté d’un parc 100 % durable, le directeur a prévu d’étendre de 12 à 20 véhicules sa flotte éco-responsable d’ici à la fin 2021. « Nous sommes une petite entreprise familiale où nous pouvons mettre en œuvre ce en quoi nous croyons. »
Grandir ensemble
De la centrale à béton au chantier Testimonio II, le Scania n’a pas fléchi son allure. Le véhicule est souple et son moteur a du couple. Après quelques manœuvres pour positionner la toupie et livrer son béton, Thierry Legeley rappelle que le véhicule dispose d’un PTAC de 44 t, une particularité monégasque. « Nous avons fait bouger la réglementation, en avançant des arguments environnementaux. Plus de volume de béton transporté, c’est moins de camions sur les routes. A fortiori, moins d’émissions de CO2 », argumente Eric Humilier. Et Philippe Ortelli de surenchérir : « Nous avons estimé à 33 % la réduction du trafic ! Ici, tout est plus simple, l’administration est à l’écoute. Le gouvernement a bien compris l’intérêt d’adopter les autorisations maximales européennes ».
Si la France présente une législation sévère en la matière, des modifications techniques ont dû être toutefois apportées, notamment un renfort sur le châssis pour supporter 44 t. En outre, les toupies Scania affichent une configuration spécifique. « Il s’agit de la gamme chantier XT avec pare-chocs rehaussés et une meilleure garde au sol », indique Emmanuel Aldeguer, commercial Scania Méditerranée.
Un partenariat gagnant-gagnant
Les deux hommes s’accordent sur le partenariat tout aussi durable qui les lie. Attaché à la technologie Scania, le président d’Ecotrans rappelle que le Griffon fut l’un des premiers constructeurs à proposer une boîte automatisée avec embrayage pour les approches sur chantier. « Nous avons participé à consolider l’agence niçoise de Scania Méditerranée puisqu’historiquement notre groupement familial dispose d’une flotte de 150 Scania », poursuit Eric Humilier. Cette stratégie mono-fournisseur est un atout pour ses conducteurs qui montent dans des camions aux postes de conduite identiques. Et Emmanuel Aldeguer, de conclure : « C’est notre premier client avec une confiance qui perdure depuis 1997. Un client que nous accompagnons dans toutes ses demandes, celles d’une entreprise qui milite depuis toujours pour des valeurs et une économie durable. »
Avec l’aimable autorisation de Scania France
[Texte : Viso – Photos : Fred Boyadjia]
Trois questions à Emmanuel Aldeguer, commercial Scania Méditerranée
Quelles sont les particularités des véhicules ?
Basculer d’un véhicule diesel au B100 requiert des paramètres moteurs différents. Des réglages qui sont réalisés en usine. Le B100 requiert aussi le changement de filtres à carburant et nécessite une maintenance adaptée.
C’est-à-dire ?
Les entretiens sont plus fréquents avec une attention portée aux durites et aux filtres. Ecotrans a fait le choix d’un contrat de maintenance. L’entreprise se concentre sur ses activités et délègue l’entretien à l’atelier, qui suit les véhicules. Elle anticipe leurs venues grâce au système connecté des véhicules Scania, via le Fleet Management Portal. Ecotrans prend soin de son matériel. Elle attend la même chose de l’atelier.
Ecotrans est-il un client exigeant ?
C’est un client fidèle à la marque qui a souhaité accompagner Scania Méditerranée. Et l’agence de Nice en particulier, pour disposer d’un atelier à proximité. Qui plus est, performant. Nous sommes sur ce que l’on appelle du gagnant-gagnant où nous avançons dans le même sens…