L’usine Isover d’Orange est la plus grosse unité de production de laine de verre au monde. Ici, et de manière générale, l’industriel met en place plusieurs mesures pour réduire son empreinte environnementale. Cela passe notamment par une augmentation de l’utilisation de verre recyclé dans sa production.
Dans l’usine Isover d’Orange, face au mont Ventoux, un autre massif s’étoffe d’année en année. Ici, c’est une montagne de laines de verre usagées qui attend de vivre une nouvelle vie… Créé en 1972, le site amiral de la marque concentre la plus grosse production de laine de verre au monde (tous concurrents confondus), soit 125 000 t/an. « Nous fabriquons essentiellement des solutions dédiées au bâtiment », explique Rémi Jacques, directeur de l’usine d’Orange. Suivant la même démarche que sa maison-mère, à savoir, la neutralité carbone d’ici 2050, Isover se développe dans ce sens.
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« La majorité de nos émissions de carbone est liée aux matières premières, détaille Lucile Charbonnier, directrice développement durable et RSE. L’objectif pour 2030 est d’atteindre en valeur absolue et par rapport à 2017 : – 33 % de CO2 au niveau des scopes1 1 et 2 et – 16 % au niveau du scope 3. » De manière générale, Isover travaille sur sa consommation d’énergie, l’eau utilisée, la diminution de ce qui peut être rejeté dans l’air, sa logistique ou encore la recyclabilité de ses emballages… En bref, l’ensemble de l’analyse du cycle de vie (ACV) de ses produits.
120 000 t de laine de verre issues des déchets de chantier
Pour fabriquer sa laine de verre, la filiale de Saint-Gobain a besoin de sable, de soude ou encore de bore pour la rendre bio-soluble. Aujourd’hui, l’industriel introduit entre 40 et 50 % de calcin externe, verre recyclé principalement issu des bouteilles ou des pare-brise, 7 % de calcin interne (rebus de fabrication) et 5 % de calcin issu de l’Oxymelt. C’est dans ce dernier que la montagne de laine, entreposée à l’extérieur de l’usine, est fondue pour réintégrer le process. Récupérés via la plate-forme Isover Recycling, ces matériaux proviennent des collecteurs de déchets de chantier. Ici, près de 18 t/jour sont traitées avec une capacité maximale de 24 t.
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En 2023, l’outil se refera une beauté. Le four sera reconstruit et des améliorations seront apportées. « Nous travaillons aussi sur l’évolution de l’Oxymelt. Chemillé est l’usine pilote de notre nouvel outil de R&D : le SBM – Submerged burner melter – qui permettra de mieux optimiser le traitement de ces matériaux. » La récupération et la réutilisation des déchets de chantier sont des enjeux phares pour Isover. « Nous sommes les seuls à récupérer les déchets de laine de verre. Et nous nous attendons à une vague importante avec l’arrivée de la Rep [Ndlr : finalement décalée à maximum janvier 2023], car nous sommes le seul exutoire dans ce domaine. Aujourd’hui, nous estimons que ce gisement s’élève à 120 000 t. »
Investir pour accompagner les ambitions environnementales
La part de calcin externe a aussi sa marge de manœuvre. En effet, en France seuls 54 % des bouteilles de verre sont recyclés… L’objectif de tout cela est de bien sûr réduire l’utilisation de matières premières, d’augmenter la part de recyclage dans la fabrication des isolants et ainsi d’introduire 70 %, voire 83 % de calcin dans la production. De plus, si la fusion du verre classique demande d’atteindre le 1 400°C, le calcin descend à 1 200 °C.
« C’est un verre déjà élaboré qui permet de limiter l’énergie nécessaire, reprend Rémi Jacques. Ainsi, environ 15 kWh sont économisés par tonne de verre fondue si nous augmentons de 10 % la part de calcin. » Cette ambition s’accompagne forcément d’investissements. En 2012, Isover avait déjà injecté près de 20 M€ sur son site d’Orange. D’une part, pour augmenter sa production et, d’autre part, pour améliorer les performances environnementales de son usine. Entre 2022 et 2023, l’industriel remettra sur la table près de 15 M€ pour suivre ses engagements.
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A l’heure où tous les projecteurs sont tournés vers la rénovation énergétique et sur la sobriété pour la construction neuve avec l’entrée en vigueur de la RE 2020, la demande d’isolants ne devrait pas faiblir et devrait même se renforcer. Pour Isover, le point de rupture réside dans cette double problématique : « L’augmentation de la production versus la mise en place de nouvelles mesures, conclut Lucile Charbonnier. Sachant que nous voulons atteindre la neutralité carbone sans faire de compensations… » A suivre donc…
1Les scopes permettent de catégoriser les différents domaines qui interviennent dans un bilan carbone. Le scope 1 s’intéresse aux émissions directes liées à la fabrication. Tandis que le scope 2 rassemble celles liées aux consommations d’énergie nécessaires à la production. Enfin, le scope 3 regroupe les émissions générées de manière indirecte.