A l'occasion du n° 100 de Béton[s] le Magazine, nous avons donné la parole à nos lecteurs à travers un portrait chinois. Rencontre avec François Toutlemonde, chef du département Matériaux et Structures de l’université Gustave Eiffel (77).
Article paru dans le n° 100 de Béton[s] le Magazine
Si vous étiez une innovation béton ?
Sans trop d’hésitation, j’opte pour le Bfup, car je suis, en quelque sorte, tombé dedans très tôt… C’est un matériau, dont j’ai suivi le développement. J’ai fait partie des personnes qui ont réfléchi à ses utilisations possibles. J’ai œuvré à sa définition et participé à la rédaction des normes le concernant pour qu’il devienne un matériau “traditionnel”.
Si vous étiez une œuvre du patrimoine mondial en béton ?
J’hésite entre l’église Saint-Joseph du Havre, une œuvre d’Auguste Perret et l’église Saint-Christophe-de-Javel, signée Charles-Henri Besnard. Ces deux édifices sont un bel exemple de l’alliance entre le langage architectural et l’économie de la construction. Une démarche qui doit continuer à guider la construction en béton d’aujourd’hui. Elles servent aussi de manière plus démonstrative l’image du béton que certaines barres d’habitation, dont personne ne peut être fier…
Comment voyez-vous évoluer le béton dans le futur ?
Nous sommes à la croisée des chemins. D’un côté, il y a la volonté de répondre aux besoins de gros volumes, avec une recherche d’économie, avec une utilisation accrue de matériaux décarbonés, avec l’intégration de produits issus de la valorisation. De l’autre, une autre voie, celle de bétons beaucoup plus techniques, beaucoup plus optimisés, à l’image des Bfup. Mais aucune de ces deux approches ne devrait exclure l’autre. Toujours le béton pour le bon usage.
Si vous étiez une rubrique de Béton[s] le Magazine ?
J’ai un faible pour la rubrique Laboratoire de la Matière. Elle répond au souci de rendre plus compréhensibles les aspects scientifiques du béton pour les mettre en face des besoins pratiques de la construction. Elle montre que le béton ne s’arrête pas à une démarche empirique, mais qu’il y a aussi beaucoup de recherche derrière. C’est quelque part de la vulgarisation, même si je n’aime pas ce terme.