A cheval entre Plouzané, Guilers et Brest, l’ancien site industriel de Bodonou a été réaménagé durant 25 ans. Il vient d’être inauguré, grâce notamment à la réhabilitation d’une carrière Lafarge.
A cheval entre Plouzané, Guilers et Brest (29), l’ancien site industriel de Bodonou a été réaménagé durant 25 ans. « Cela fait 22 ans que je suis ce dossier. Nous avons mis au point, avec toutes les parties prenantes, les carriers, les communes de Brest-Guilers-Plouzané, Brest Métropole (BM), les agriculteurs et le monde associatif notamment Bretagne vivante…, une réhabilitation progressive. A plusieurs, on est toujours plus intelligents et on va beaucoup plus loin », explique Jean-Christophe Gautier de la direction de l’Ecologie urbaine – Division “milieux naturels & biodiversité” de Brest Métropole.
Ce haut lieu de biodiversité de 127 ha est désormais partiellement ouvert au public (notamment, toute la partie Nord). Quelque 6 km de chemins ont été aménagés (et 2 km supplémentaires dès 2024), pour des balades et des randonnées, à pied, à cheval ou à vélo autours du site. « Mais si 8 km de chemins sont ouverts au public et permettent de s’immerger en pleine nature, le cœur du site (en tant que réservoir de biodiversité et zone dangereuse pour la population) sera, quant à lui, préservé de toute fréquentation permanente. Il sera néanmoins accessible de manière encadrée lors d’évènements ponctuels », souligne Jean-Christophe Gautier.
Un réaménagement progressif
A ce jour, 380 espèces végétales et 284 espèces animales ont été recensées : des loutres, des cerfs et des biches, des sangliers, plusieurs espèces de canards. Ainsi que des hérons cendrés et des cygnes… Sans oublier les aigrettes gazette, faucons crécerelle, busards des roseaux et buses. Deux agents sont dédiés à l’entretien et à la préservation du site au quotidien.
Seule exploitation dans le Finistère à offrir un type de sables indispensable pour la fabrication de béton, la sablière de Bodonou produisait 250 000 t/an, de 1975 à 2015.
Jusqu’à 2020, Lafarge, qui avait repris l’exploitation en 2005, a poursuivi les travaux de réaménagement progressif, entamé dans les années 1990 par l’ancien carrier GSM (aujourd’hui, filiale d’HeidelbergCement). Cela consistait en la réhabilitation de landes et de prairies humides au niveau des sources de l’Aber-Ildut. Ceci, afin d’y recréer une mosaïque de milieux et de redonner ainsi à la vallée un attrait faunistique. Tout en accentuant sa diversité floristique.
Un investissement de 350 000 € pour Brest Métrople
Pour ce projet de préservation, BM a investi plus de 350 000 € durant les cinq dernières années. En particulier pour la sécurisation du belvédère, la gestion des plantes invasives, la restauration du milieu naturel, la réfection des chemins, des clôtures et des mobiliers.
La sécurité des usagers a été prise en compte, car le site comporte des zones inaccessibles, notamment aux abords des plans d’eau et des bassins de décantation, créés lors de l’exploitation.
C’est ainsi que pour Bodonou, Lafarge a procédé au réaménagement progressif du site en étroite coordination avec Brest Métropole. Et ce, sous la supervision du comité de suivi annuel associant les différentes parties prenantes et s’appuyant sur de nombreuses visites de terrain.
« Lafarge est fier d’avoir contribué à cet espace naturel à la fois lieu de passage et de rassemblement pour la population, voulu par la collectivité aux portes de la métropole brestoise, insiste Alice Moreaux, responsable foncier environnement chez Lafarge Granulats. C’est un peu le poumon vert de Brest ».
Travaux de génie écologique pour Lafarge
En effet, dès la reprise de l’exploitation de la sablière en 2005, Lafarge s’est engagé dans le cadre de la convention de partenariat signée en 1997.
Fixant les grands principes et les objectifs de réaménagement du site : une restauration écologique et progressive du site, la mise en place d’un comité de suivi annuel. Mais aussi l’ouverture au public et la cession du foncier à Brest Métropole à l’issue du réaménagement. Lafarge a engagé un montant global de près de 800 000 € pour le réaménagement du site, pendant et après la phase d’exploitation. Ensuite, le cimentier a cédé, en 2022, à BM près de 108 ha.
« Les anciennes fosses d’extraction ont été comblées par des fines. Les eaux chargées en fines ont transité dans des bassins de décantation. Certains d’entre eux ont été comblés à 100 % et rendus aux agriculteurs. D’autres remplis à 80 % ont permis de constituer des zones en eau peu profondes. D’autres à 7 ou 8 m de profondeur. Les berges ont ainsi été recolonisées par la faune et la flore. Au fur et à mesure, nous avons eu une réflexion sur la diversité du réaménagement », explique Alice Moreaux. Et de conclure : « Les travaux de génie écologique à Bodonou ont été une vraie école de réaménagement pour Lafarge. Ceci, en concertation avec les parties prenantes. Quand nous avons remis les “clefs” à Brest Métropole, l’avenir du site avait déjà été pensé ».
Muriel Carbonnet