Onze spécialistes des matériaux ont appelé à une adoption plus large de la technologie du ciment bas carbone, afin de réduire les émissions d’ici à 2030. Ceci, lors d’un symposium organisé par Ecocem.
Un groupe international de scientifiques, reconnus pour leur expertise, a appelé les secteurs du ciment et de la construction à adopter d’urgence des technologies de ciment à faible teneur en carbone. Ceci, afin de réduire de manière drastique les émissions de CO2. Pour rappel, le ciment est responsable de près de 8 % des émissions mondiales de CO2, soit plus que le transport maritime, l’aviation et le camionnage longue distance réunis.
Lors d’un symposium organisé les 9 et 10 novembre 2023 à Paris, par Ecocem, ces scientifiques ont partagé leurs derniers travaux de recherche sur les technologies du ciment à faible teneur en carbone. Et se sont concentrés sur les idées et les matériaux susceptibles d’accélérer la décarbonation du secteur.
La décarbonation du ciment, une urgence absolue
La demande mondiale de ciment devrait s’accroître au cours des prochaines décennies. Le Forum Economique Mondial (World Economic Forum), entre autres, prévoit que la demande de ciment pourrait augmenter jusqu’à 45 % d’ici à 2050. Les scientifiques ont déclaré que « des solutions efficaces sont nécessaires de toute urgence, si le secteur de la construction dans son ensemble doit se décarboner conformément à une trajectoire de 1,5 °C ».
Les universitaires ont conclu que l’adoption la technologie du ciment à faible teneur en carbone est le moyen le plus rapide de réduire les émissions dans les secteurs du ciment et de la construction d’ici à la fin de 2030. Mais aussi, le plus évolutif.
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L’industrie du ciment a longtemps été considérée comme difficile à décarboner. Ceci, en raison de l’utilisation du clinker, l’ingrédient principal du ciment, qui est produit en cuisant le calcaire à des températures très élevées. Bien qu’il existe déjà des ciments à faible teneur en carbone, le défi à ce jour était d’imaginer leur production à grande échelle. Au cours de ces deux journées, les scientifiques ont passé en revue les nouvelles données sur l’utilisation de matériaux alternatifs qui réduisent le volume de clinker. En le remplaçant par une grande variété de matériaux de remplissage d’origine locale et d’additions minérales (en anglais, SCMs : Supplementary Cementitious Materials).
Un appel à l’action
Les onze chercheurs représentent un éventail d’institutions du monde entier. Ils ont déclaré qu’il « n’est plus possible de dire que nous ne disposons pas de la technologie nécessaire ou que les coûts sont prohibitifs ». La science des matériaux a progressé à un point tel que la décarbonation rapide du ciment sans coût excessif est désormais une réalité.
Au premier rang de ces avancées se trouve Act, la dernière technologie d’Ecocem, qui permet de réduire de 70 % les émissions du ciment. Ceci, tout en garantissant que le béton produit conserve sa maniabilité, sa résistance et sa durabilité. Avantage supplémentaire, l’Act consomme beaucoup moins d’eau et d’énergie. Il est déployable à l’échelle mondiale, en raison de sa compatibilité avec une grande variété d’additions minérales. Et peut être produit dans des cimenteries existantes avec un minimum d’investissement supplémentaire.
Une concertation internationale, initiée par la France
« L’urgence de développer et de déployer des ciments bas carbone ne fait plus débat. C’est une grande fierté pour l’ENS Paris-Saclay d’avoir contribué à la naissance de la technologie Act. Les intenses années de R&D ont porté leurs fruits », a déclaré Mohend Chaouche, en conclusion du symposium. Directeur de recherche au CNRS, à l’ENS Paris-Saclay et au Laboratoire mécanique de Paris-Saclay, il est aussi directeur du laboratoire commun CNRS-Ecocem : MC²E.
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« Les technologies à faible teneur en clinker développées et validées en laboratoire peuvent désormais être déployées sans frein scientifique, ni technique. Elles représentent un pas significatif vers la réduction des émissions de CO2, en avance sur la feuille de route de l’industrie pour 2030 », confirme Martin Cyr, professeur des universités à l’université de Toulouse, Laboratoire matériaux et durabilité des constructions, et directeur du laboratoire commun LMDC – Ecocem Orison.
Une réponse technologique probante
« L’adoption généralisée de la technologie Act permettra à l’industrie du ciment de réduire ses émissions globales, vite et à moindre coût », explique Donal O’Riain, fondateur et directeur général d’Ecocem. Et de poursuivre : « Les décideurs politiques doivent accélérer la mise en œuvre de la réglementation. Afin de garantir que les technologies de ciment à faible teneur en carbone puissent être utilisées d’une manière plus large. Et que les investissements disponibles permettent d’accélérer le déploiement industriel de ces nouvelles technologies. J’invite le secteur du ciment à agir au plus vite. Nous avons la possibilité d’être le premier secteur industriel à respecter une réduction de 50 % des émissions d’ici à la fin de 2030. La technologie est disponible pour décarboner l’ensemble du secteur du ciment, afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Il est maintenant de notre responsabilité de veiller à ce qu’elle soit mise en œuvre rapidement. »