Béton[s] le Magazine n°111 – mars/avril 2024

Un paradoxe bien français

A l’heure de la volonté de réindustrialisation initiée par le gouvernement, la balance bénéfices/risques devient cruciale. Il est évident que personne ne veut d’une usine au bout de son jardin. Mais la chose se complexifie dès lors que l’activité doit être locale. C’est le cas de l’industrie du béton, au sens large du terme. Notre dossier “En Couverture”, consacré
à la réindustrialisation [p. 22], en fait écho. Force est de constater que nombre de bétonniers ont dû renoncer à leurs projets d’implantation, faute d’autorisation alors même que les besoins sont là... Ainsi, la souveraineté économique se heurte de plein fouet au confort personnel, aux idées pré-conçues, à la méconnaissance des activités industrielles. En d’autres termes, oui pour le service, mais non pour les nuisances éventuelles.
Vient aussi le souci du terrain, pas toujours simple à trouver. Pour réindustrialiser, mieux vaut donc être prévoyant, en sanctuarisant son foncier en vue d’une extension future. Ou encore, en profitant de friches existantes, surfaces industrielles déjà plus ou moins acceptées au niveau local.
Mais la France n’est pas à un paradoxe près, comme me l’a dit un jour un industriel : « Essayez d’ouvrir une usine sur un territoire et vous avez une levée de boucliers. Essayez de fermer cette même usine, et les protestations sont les mêmes ».

Frédéric Gluzicki
Directeur de la publication