En matière de ventes de matériels pour le béton, l’année 2023 a été plutôt bien orientée, sans pour autant atteindre des records. A contrario de l’année 2024, qui s’annonce en repli d’au moins 10 %...
Article paru dans le Hors-série Béton[s] le Magazine n°28
S’il y a un matériel qui, à lui seul, symbolise la filière béton, c’est bien la toupie. Quand on en voit passer une, aucun doute n’est permis. Chacun sait ce qu’elle transporte, même si, dans l’absolu, le rôle d’une toupie ne se limite pas à l’unique logistique du béton prêt à l’emploi. Elle sait aussi livrer du mortier ou de la chape fluide, ciment voire anhydrite. Mais ce ne sont là que des considérations de puriste…
La toupie est donc cette cuve en forme de poire, dont la mission première est de transporter du béton. Plusieurs industriels en assurent la production. Sur le marché français, on en compte moins de dix, travaillant souvent, main dans la main avec les constructeurs de camions, indispensables porteurs ou tracteurs pour cet équipement. Bon an mal an, il s’en vend chaque année, sur le territoire national, plusieurs centaines. D’une manière beaucoup plus précise, sur l’année 2023, quelque 810 toupies ont trouvé preneur, soit une hausse de 4 % en comparaison à 2022. Toutefois, nous restons bien éloignés d’années records comme 2017 ou 2019, et surtout 2018 qui avait presque atteint le palier des 1 300 unités vendues. Et lorsque l’on se projette sur ce que pourrait être l’année 2024, les prévisions restent peu enthousiastes. Les adhérents concernés du Seimat1 restent pessimistes, calant la tendance générale à un recul entre – 5 et – 15 % !
Par “général”, on entend “tous matériels béton confondus”, c’est-à-dire, les toupies, mais aussi les pompes automotrices et de chantier et les malaxeurs-pompes. A ce niveau, l’addition est simple. En 2023, il s’est vendu 971 équipements, soit une hausse de 7 % en comparaison à 2022 (avec 907 unités). En 2024, le seuil des 850 ne devrait pas être dépassé. Nous sommes bien dans cette tendance baissière.
Le meilleur score depuis 2018
L’autre matériel participant à la logistique du béton – à sa mise en œuvre pour être exact – est la pompe à béton. Equipement onéreux, surtout quand on attaque les grandes flèches, il s’en vend beaucoup moins que des toupies. Rarement plus de 100 unités sur 12 mois. Une petite vingtaine d’acteurs se partage ce marché particulier. Ainsi, l’année 2023 n’a pas dérogé à cette règle, réalisant 89 ventes. Malgré tout, le meilleur score depuis 2018 et faisant oublier le creux à – 3,8 % enregistré en 2022. Mais l’année 2024 sonnera sans doute le glas de cette euphorie passagère. A moins que les répondants à l’enquête annuelle Seimat n’aient pas vu juste. Nous aurons tous la réponse dans quelques mois.
Le troisième et dernier pan des matériels du béton présente un aspect bien plus important. Nous ne sommes plus dans le transport ni dans la mise en œuvre, mais bel et bien dans la production. Celle du béton. Ici, nous sommes dans l’outil industriel, l’usine. Dans le langage courant, on parle de centrale à béton. C’est là qu’arrivent toutes les matières premières : sable, granulats, ciments, adjuvants. C’est de là que repart le béton prêt à être utilisé, chargé dans une toupie dès lors qu’il s’agit de BPE. Vidé dans une télé-benne ou directement dans une presse à blocs, quand l’unité est rattachée à une usine de préfabrication.
De nouvelles tendances en matière de centrales
En France, entre le BPE, le chantier et l’industriel du béton, on dénombre moins de 3 000 centrales à béton en activité. Et il s’en construit une quarantaine par an (moyenne sur ces 10 dernières années). Ce chiffre comprend quelques créations ex nihilo et beaucoup de reconstructions/remplacements d’unités déjà en place. De fait, le nombre moyen d’unités existantes reste stable.
Contre toute attente, les industriels assurant la construction de centrales à béton sur le territoire français sont très nombreux. Dans notre hors-série “La centrale à béton de A à Z”, nous en avions dénombré une petite quarantaine… Et c’est sans compter l’essor actuel de “mini-centrales” assurant la distribution automatique de bétons en libre-service. Depuis leur arrivée sur le marché, on estime qu’entre 150 et 200 unités de ce type sont en service dans nos régions.
Côté unités de production plus classiques, l’année 2023 a enregistré une progression du marché de 19 %, passant de 42 à 50 centrales à béton vendues et installées. Dans ce contexte haussier, que nous réserve 2024 ? Bien malin qui saurait répondre avec justesse à cette question. En interrogeant les industriels concernés, il y a autant de réponses différentes que d’interlocuteurs. Comme quoi, le jeu des prévisions reste un exercice délicat, pour ne pas dire périlleux.
1Syndicat des entreprises internationales des matériels et services de travaux publics, mines et carrières, bâtiment et levage.
Article paru dans le Hors-série Béton[s] le Magazine n°28