Bâti & Isolation n° 30

Un ange passe

Il est très instructif - et aussi un peu amusant - de regarder comment la réglementation aborde la problématique du bruit. Constat : il vaut mieux habiter à l’hôtel ! En effet, une isolation phonique est imposée entre les chambres. Et en maison individuelle, chez M. et Mme Tout-le-Monde ? Le constructeur a des critères de performance à respecter vis-à-vis des bruits… aériens extérieurs. Mais à l’intérieur de la cellule familiale, c’est une autre histoire. Il n’y a rien, aucune obligation, le néant absolu. La réglementation est silencieuse sur le sujet, est-on tenté de répondre… Le coût social, direct comme indirect, des pollutions sonores a été évalué à près de 57 Md€/an en France. Un argument massue pour mieux justifier les interventions dans la construction. Toutefois, la situation est encore loin d’être normale et ne le deviendra pas, tant qu’un acousticien n’interviendra pas sur chaque nouveau projet. Pour l’heure, celui-ci est plutôt présent sur les marchés de niche, qui naissent de l’existence de subventions publiques. Ces aides permettent de lutter contre les “points noirs du bruit”, d’insonoriser les habitants proches d’aéroport ou de corriger au plan phonique les établissements de la petite enfance, ce qui ne rend pas, pour autant, nos bambins plus silencieux ! Mais toutes ces subventions ne financent que l’achat et la pose de matériaux absorbants, sans inclure l’étude acoustique, qui devrait aller avec. On n’est pas à une étrangeté près. Il y en a quelques autres à découvrir au sein du dossier central du présent numéro. Un sujet consacré à l’acoustique, afin de réduire son habitat au silence et écouter les anges passer.

Frédéric Gluzicki
Directeur de la publication