Karine Bouhier est l’une des rares femmes co-dirigeantes d’une entreprise française de charpente de taille conséquente, LCA. Elle assume en parallèle les fonctions de présidente de la prestigieuse interprofession bois des Pays de la Loire, Atlanbois. A la faveur de plusieurs chantiers locaux, LCA s’est positionnée sur le marché de réhabilitation énergétique des écoles où tout reste à faire, mais aussi, où les pouvoirs publics ont nettement relevé la barre depuis le début de l’année. Interview.
Bâti & Isolation : Positionner LCA sur le créneau de l’enveloppe scolaire en réhabilitation énergétique, cela paraît à première vue un peu banal. Et puis, les charpentiers ne sont-ils pas à la peine avec leurs façades préfabriquées, face à l’option hégémonique du PSE sous enduit ?
Karine Bouhier : Le bois a beaucoup cru au moteur de la performance énergétique, et ce moteur s’est un peu grippé ces dernières années pour différentes raisons. Il est vrai que la façade préfabriquée en bois a du mal à se faire une place dans le tout-venant de la réhabilitation énergétique des logements collectifs, notamment sociaux. Mais le marché scolaire offre un certain nombre d’opportunités. Premièrement, il faut réduire au maximum les nuisances et les délais de chantier. Ensuite, le tramage strict de nombreuses écoles bâties dans les années 1970, comme ce collège de la Reinetière que nous avons récemment réhabilité en Loire-Atlantique, se prête bien à une démarche de préfabrication avec du bois. Enfin, si cette opération est la première à atteindre le niveau BBC dans le département, ce genre d’opérations devra désormais atteindre le niveau E3C1, équivalent Bepos. Bref, non seulement la charpente à des atouts à faire valoir, mais le marché de la réhabilitation énergétique scolaire est plus que conséquent.
Y a-t-il encore tant à faire ?
K. B. : Les écoles couvrent la moitié du parc des bâtiments des collectivités territoriales, qui représentent les trois quarts de la consommation d’énergie des communes. Avec une part de 30 % de la consommation des bâtiments communaux, les écoles demeurent le type de bâtiments le plus consommateur devant les équipements sportifs et les bâtiments socio-culturels. Si l’on se réfère à l’exemple du département de Loire Atlantique, le Conseil départemental a initié une démarche de réhabilitation de ses établissements scolaires il y a quelques années. C’est dans ce cadre que nous sommes intervenus une première fois, en 2015, sur le Collège Paul Gauguin, à Cordemais. Cette première expérience à grande échelle nous a permis d’être retenus pour réaliser la réhabilitation de l’enveloppe du collège de la Reinetière, en site occupé. Sur une surface de 7 000 m2, l’objectif BBC correspond à une réduction de 40 % de la consommation d’énergie. Consciente de l’enjeu que représente ce type d’opérations pour le développement de la filière bois, l’interprofession Atlanbois soutient et relaie ce type de chantiers.
D’autres suivront ?
K. B. : Je l’espère ! Le Collège de la Reinetière a été livré en temps et en heure et il sera bientôt possible de comparer les consommations sur une année pleine. Le coût global d’une réhabilitation, qui s’étend au-delà de la seule enveloppe, en présence d’amiante, n’est finalement que de 250 € HT/m2de la surface actuelle des bâtiments, même si le montant du chantier réalisé par LCA avoisine le 1M€. Il reste beaucoup à faire, mais la façade bois est une bonne réponse, y compris sur les chantiers futurs à objectif E3C1.
Propos recueillis par Jonas Tophoven
LCA en bref
Fondée il y a 45 ans à La Boissière-de-Montaigu en Vendée, LCA est une filiale du groupe Bonnon Charbonneau. L’entreprise de charpente et de construction bois emploie 40 salariés pour un chiffre d’affaires de 6,5 M€.