En Charente, l’entreprise Dufrêne Rénovation intervient en majorité sur des chantiers de rénovation, en gros œuvre et en couverture. Des spécialités qui impliquent des approches spécifiques, en termes de prévention.
Retrouvez cet article dans le n° 90 de Béton[s] le Magazine
Dans les régions de tuiles canal et de toitures à faible pente, les entreprises de gros œuvre assurent souvent les travaux de couverture.
C’est tout à fait la situation de l’entreprise Dufrêne, spécialiste de la rénovation en gros œuvre et couverture, avec des chantiers traités surtout auprès de particuliers.
La sous-traitance est limitée, le turn-over réduit, ce qui permet “d’asseoir” les actions de formation, de prévention et d’organisation du travail dans la durée. L’entreprise est certifiée RGE.
Il y a quelques années, David Dufrêne, dirigeant de l’entreprise, a suivi une formation Feebat. Qui apporte une meilleure connaissance des autres corps d’état. Un plus dans une époque de transversalité croissante entre les différents intervenants d’une opération. Cette formation a été très utile à un moment où l’entreprise assurait aussi des prestations de second œuvre. Alors qu’elle s’est maintenant recentrée sur ses métiers d’origine.
La raison n’est pas due à un manque de chantiers. Mais à une difficulté récurrente à recruter du personnel qualifié et assez motivé par les métiers du bâtiment. En effet, dans cette région de production de Cognac, les grandes maisons attirent la main d’œuvre locale. Ceci, avec des conditions de travail et des niveaux de salaires, qui compliquent le recrutement pour les autres secteurs d’activité… Preuve de ces difficultés, les CFA ont du mal à remplir leurs cessions. « La demande est forte. Nous sommes dans une région prospère. Le niveau de commandes reste élevé. Pourtant, malgré tous les efforts et les actions mises en place depuis plusieurs années, le monde de la construction peine toujours à être suffisamment attractif », conclut David Dufrêne.
Une méthodologie adaptée
« Près de 70 % de nos chantiers concernent des interventions plus ou moins lourdes chez des particuliers »,explique Anne Dufrêne, co-dirigeante de l’entreprise éponyme. Cela va de la réfection de façades en pierre, nombreuses dans la région, à la rénovation lourde d’un bâtiment. Voire à des extensions neuves exécutées dans le respect de l’existant. Les chantiers peuvent durer 3 à 4 mois. D’autres, une demi-journée. Là se situe une vraie difficulté : assurer une prévention égale sur les chantiers longs comme courts. Les principaux risques sont liés aux chutes de hauteur, mais aussi à la rencontre de réseaux (électricité, gaz…) mal ou pas repérés.
Afin d’éviter toute dérive, chaque chantier est préparé avant le début des travaux par l’équipe désignée pour l’intervention. L’établissement du devis est aussi l’occasion d’un repérage des difficultés, des risques inhérents au chantier et de l’établissement d’un plan de travail. Lorsqu'ils débutent les travaux, les compagnons savent quels sont leurs besoins exacts en matériel, en échafaudages et en matériaux. Ce qui évite les pertes de temps dues à des allers et retours plus ou moins répétés chez des fournisseurs. Au préalable, David Dufrêne aura défini les possibilités de mécanisation des manutentions et des postes de travail, ainsi que les matériels nécessaires. Il aura aussi choisi les modes d’exécution en fonction du contexte (lieu habité ou non), afin de réduire au maximum les nuisances liées aux bruits et aux poussières. Enfin, Dufrêne Rénovation aura pris contact avec les différents concessionnaires, afin d’obtenir la communication des implantations des différents réseaux, qu’il s’agisse de l’électricité, du gaz, de l’eau ou des réseaux de communication.
Mécaniser tout ce qui peut l’être
Dans un contexte de difficultés de recrutement, la qualité des conditions de travail fait la différence. Les dirigeants de Dufrêne Rénovation mettent un point d’honneur à mécaniser tout ce qui peut l’être, dans une démarche d’élimination des tâches les plus pénibles. Cette approche passe aussi par la recherche de modes opératoires visant à limiter la fatigue des compagnons. « Si la maçonnerie reste plutôt traditionnelle, les travaux de couverture permettent parfois de sortir des poses classiques, qu’il s’agisse de l’emploi de panneaux supports de couvertures ou de la mise en œuvre de sarkings, ajoute Anne Dufrêne.Des solutions intéressantes, en termes de performances, de rapidité de pose et de réduction de la pénibilité, dès lors que la réfection totale d’une couverture doit être envisagée. » Ces opérations impliquent d’intervenir en hauteur et de manutentionner des matériaux lourds. Afin d’optimiser la prévention et les conditions de travail, Dufrêne Rénovation s’est équipée au fur et à mesure de matériels performants : mini-tombereau, mini-pelle, engin de levage télescopique, échafaudages de pied, grues... Ces équipements qui représentent un investissement élevé ont parfois bénéficié d’aides de la Carsat, de l’OPPBTP, de Constructis… Le personnel de chantier - 11 compagnons au total - est titulaire des différents Caces nécessaires à l’utilisation de ces matériels. De plus, une démarche importante a été engagée au niveau de l’outillage électroportatif. L’entreprise loue l’ensemble de son matériel. Les raisons en sont multiples. Le matériel est toujours opérationnel et en parfait état. Les gammes sont sans cesse renouvelées et incorporent les derniers progrès au niveau de l’ergonomie, de la réduction du poids et des vibrations. Ces progrès sont importants, car ils représentent un vecteur significatif de réduction de la fatigue physique et des risques d’apparition de troubles musculo-squelettiques.
La prévention, source de productivité
L’amélioration de la protection contre les chutes de hauteur est au cœur du système de prévention. « Nous investissons en permanence dans les échafaudages de pied, afin de ne jamais être en rupture et d’éviter toute intervention à risques, détaille Anne Dufrêne. Ces matériels sont équipés pour le montage/démontage en sécurité. Ils sont utilisés en travaux de façade comme en couverture. C’est la garantie de conditions de travail et de sécurité optimisées, quelle que soit l’importance de l’opération. » Afin d’assurer une quantité suffisante d’échafaudages pour une façade standard, mais aussi pour simplifier les opérations de manutention et de stockage, Dufrêne Rénovation a mis au point un système d’échafaudages transportés sur remorque en racks. L’équipement ainsi préparé permet d'échafauder la façade d'une maison de taille moyenne, avec un débordement suffisant en partie supérieure. Même si quelques compléments sont parfois nécessaires. Le personnel suit des formations régulières de montage/démontage d'échafaudages, sans oublier de nombreuses démarches de prévention engagées sur plusieurs années avec l’OPPBTP. « Ces investissements nous font gagner en productivité, tout en diminuant la pénibilité. L’optimisation de la prévention fait aussi gagner de l'argent »,complète David Dufrêne. Une évidence qui a mis du temps à entrer dans les mœurs, nombre d’entreprises percevant uniquement ces investissements comme des dépenses sans retour. Quatre personnes disposent du Caces de grutier, deux sont habilités à utiliser les engins de terrassement, et la quasi-totalité du personnel dispose de l’habilitation PEMP (plate-forme élévatrice mobile de personnes). Un pompier bénévole et un deuxième en formation assurent une sécurité complémentaire sur les différents chantiers de l’entreprise.
Gérard Guérit