“New Delft Blue” est un projet innovant d’architecture contemporaine développé par le studio Nap à Delft. Avec pour ambition de fusionner l’impression 3D d’argile, le design informatique, ainsi que le vitrage artisanal.
A l’heure où l’éco-construction devient une philosophie, une architecture néerlandaise hors du commun est en train de naître. Dans la ville mythique de Delft, aux Pays-Bas, le studio Rap construit une structure résidentielle avec des tuiles en céramique imprimées en 3D. Ce projet ambitieux a pour nom “New Delft Blue”. Et si ce terme vous est familier, c’est parce qu’il a trouvé sa source chez son prédécesseur du XVIIe siècle : la porcelaine bleue de Delft. Cette coutume a notamment permis à la ville de participer à la renommée des Pays-Bas durant le siècle d’or néerlandais.
L’histoire du célèbre “bleu de Delft”
Pour mieux comprendre ce projet, il faut revenir sur les origines du fameux “bleu de Delft”, aussi appelé “faïence bleue”. Au début du XVIIe siècle, la porcelaine bleue et blanche de Chine connaissait un fort engouement en Europe. Cette poterie était produite essentiellement à partir de “kaolin”. Malheureusement, ce composant était difficile à trouver en Europe. Alors les potiers de Delft, ne pouvant se résoudre à laisser passer cette opportunité, décidèrent de trouver une alternative. Ils réalisèrent leurs céramiques en une faïence émaillée.
Le succès est tel qu’au XVIIIe siècle, d’autres villes d’Europe se mettent aussi à fabriquer ces faïences. De Londres, à Rouen en passant par Bristol, nombreuses étaient les reproductions. Il était désormais possible de se procurer ce type d’art plus solide et surtout moins cher. Le destin ne put alors empêcher la loi du marché d’intervenir. Vers 1800, l’offre étant devenue plus conséquente, la demande chuta sans précédent.
Toutefois, la légendaire “porcelaine hollandaise à l’orientale” ne tomba pas aux oubliettes. Des imitations émergèrent au XIXe siècle. Les céramistes contemporains, comme le Belge Boch Keramis et le Français Samson, commencèrent à produire des répliques très similaires à la faïence originale. Et pour pouvoir les différencier, un œil d’expert était nécessaire…
L’unique manufacture toujours en activité depuis 1653 est la Royal Delft. Cette rescapée continue de produire la faïence bleue de Delft selon les méthodes traditionnelles.
Une impression 3D du projet “New Delft Blue”
New Delft Blue est un projet à l’initiative du studio Rap. Cette société combine la conception informatique avec des méthodes de fabrication numérique innovantes. Leur ambition est de fusionner l’impression 3D d’argile, le design informatique, ainsi que le vitrage artisanal. Ceci, afin d’habiller une allée menant tout droit à une cour d’immeuble. Ce passage est caractérisé par une porte mesurant 4 m de large, 8 m de haut et 12 m de profondeur. « La couleur bleu foncé reflète la connexion avec la porcelaine Delft Blue et contraste avec la maçonnerie de couleur terre recouvrant le bâtiment pour indiquer un seuil », indique le studio Rap.
Près de 4 000 carreaux de céramique contemporains vont être imprimés en 3D. L’équipe utilise une approche algorithmique pour la conception des patrons 3D. Selon eux, le matériau utilisé est de grande qualité. Il permet un faible entretien et une durabilité élevée, y compris dans les environnements les plus corrosifs.
« En appliquant un vernis bleu coulant sur les parties convexes du carreau en argile blanche, le vernis bleu s’accumule dans les zones concaves de la tuile. Cette méthode poétique de “peinture avec la forme” permet d’obtenir des transitions douces entre des teintes de bleu et de blanc qu’il est impossible de produire autrement », explique le studio Rap à propos de la méthode d’émaillage.
Le développement de cet ingénieux projet est réalisé par les entreprise de création immobilière Bouwfonds Property (BPD) et Ballast Nedam Development.
Vous souhaitez en apprendre davantage sur l’impression 3D ? Rendez-vous sur notre article dédié à ce sujet.