L’Institut du monde arabe propose une visite guidée virtuelle sur YouTube. Retour sur un édifice à l’architecture prestigieuse.
L’attente se fait longue… Les lieux culturels sont fermés depuis maintenant plusieurs mois. Nombreux sont les amoureux de l’architecture se retrouvant privés de leur plaisir de découvrir l’intérieur de prestigieux édifices parisiens. Conscient de cette frustration qu’éprouve chacun vis-à-vis de la situation sanitaire actuelle, l’Institut du monde arabe (IMA) a réalisé une visite guidée virtuelle du bâtiment emblématique signé Jean Nouvel. Cette dernière est disponible sur YouTube. Retour sur un des édifices incontournables de la capitale française.
Un pont entre l’Ouest et l’Orient
Au lendemain de la crise pétrolière de 1979, le président Valéry Giscard d’Estaing envisage de créer un organisme mettant en valeur la culture et l’art du monde arabe. Cela permettrait aussi d’élaborer des collaborations inédites et d’apaiser les tensions du moment. A l’automne 1981, François Mitterrand, le nouveau chef de l’Etat, prend part à cette ambition et aspire à édifier un pont entre l’Orient et l’Occident. Il augmente considérablement l’ampleur du projet, lui attribuant une parcelle de terrain de l’université de Jussieu. Un lieu en bord de Seine au cœur du Quartier latin de Paris.
Un brillant avenir s’annonçait déjà pour le futur Institut du monde arabe (IMA). Quelque 8 jeunes talents composent l’équipe d’architectes. A sa tête, Jean Nouvel, destiné à une glorieuse carrière. Près de 7 ans de travail sont nécessaires pour bâtir la première réalisation de la lignée des travaux mitterrandiens. L’IMA est inauguré le 30 novembre 1987. Financé par la France et les Etats arabes, l’établissement est placé sous l’autorité morale d’un Haut conseil, composé des représentants de tous les Etats membres de la Ligue arabe.
Un bâtiment fait de lumière pour la ville des Lumières
Pour réaliser l’IMA, Jean Nouvel et l’Architecture-Studio ont cherché à prendre en compte la complexité de l’université de Jussieu et à s’appuyer sur l’urbanisme qu’elle représente. Tout en rappelant le style du Quartier latin grâce aux silhouettes haussmanniennes placées sur la façade Nord du bâtiment. Constitué de béton, d’acier et de verre, l’IMA est moderne, original et reconnaissable entre tous les bâtiments parisiens. Ses 240 moucharabiehs en façade sont iconiques. La moitié des diaphragmes les composant sont mobiles, pouvant ainsi s’ouvrir et se fermer. Ils ont été pensés, afin de filtrer les rayons du jour à l’intérieur du monument et de tamiser l’espace.
A l’origine, les variations de lumière du jour devaient commander l’ouverture des diaphragmes. Toutefois, ce système a rencontré quelques défaillances dans les années qui ont suivi l’ouverture de l’IMA. Les ouvertures se font dorénavant manuellement. Dans la culture de l’architecture arabe, la lumière joue un rôle capital. Jean Nouvel a donc construit tous ses plans autour de celle-ci. Les couleurs choisies sont volontairement neutres, telles que le blanc ou le gris. « J’aime que les architectures soient intelligentes et caractérisées, explique Jean Nouvel. Je les aime comme signe révélateur des savoir-faire, des préoccupations esthétiques et pratiques. Je les juge comme témoins de consensus économiques et culturels. »
Trois fonctions majeures
L’IMA abrite trois symboles, tous influencés par la culture du monde arabe. Le premier est sans aucun doute la tour de Livres. Reliant par ses spirales les différents niveaux de l’emblématique bibliothèque, elle s’étend sur 7 étages comme pour symboliser « l’ascension vers le sommet du savoir et la spiritualité ». Elle fait référence au minaret de la grande mosquée de Samarra, en Irak. Les grands volumes lumineux du musée constituent le deuxième élément. Ils entourent le patio intérieur, s’inspirant de l’architecture introvertie méditerranéenne. Enfin, un nuage de colonne s’étend dans la salle hypostyle, rappelant les colonnades de la grande mosquée de Cordoue…
De quoi programmer une visite non plus virtuelle, mais réelle !