Proposer à ses clients des granulats de qualité en recyclant des apports divers, c’est ce que propose Granudem. Un acte militant pour Stéphane Poullard, gérant de l’entreprise.
Pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste le concept de Granudem ?
Nous avons travaillé à produire des granulats recyclés, faciles à réutiliser dans des productions différentes et issus d’apports hétérogènes. Nos produits sont utilisés par les préfabricants, les BPE, les artisans ou des particuliers. Point important : l’utilisation de nos granulats recyclés ne change pas les habitudes de travail.
L’enjeu essentiel est d’obtenir un produit homogène ?
Nous avons un process qui permet d’assurer l’homogénéité des matériaux. La plupart de nos apports viennent de nos démolitions. Les matériaux sont alors déferraillés, concassés, lavés, puis l’on sépare les boues. Enfin pour obtenir des granulats, nous criblons le tout, le sable est lui obtenu par un cyclonage. Lors de ce dernier process, les matériaux de moindre qualité sont éliminés pour nous permettre d’obtenir, in fine, des sables qui vont de 63 µm à 4 mm. Nous effectuons aussi un travail sur la forme du granulat, pour augmenter sa résistance et son absorption. Le process est normé depuis cette année.
Vous travaillez notamment avec l’industriel du béton Spurghin Leonhart. Est-ce par proximité géographique ?
Pour le moment, notre zone de chalandise se limite aux alentours de Chartres. Spurghin Leonhart a travaillé sur le chantier du Onze, dans la même ville, chantier auquel nous avons collaboré aussi. A l’issue des travaux, l’industriel est revenu vers nous pour pérenniser nos liens. Aujourd’hui, nous avons une semi-remorque qui part chaque jour vers son usine. Nous sommes autour de 4 000 t livrées sur un an. Spurghin Leonhart incorpore 15 % de granulats Granudem dans leurs formulations. Un pourcentage limité par notre propre capacité de production, l’installation est prévue pour 40 t/h, mais nous sommes plus à 200 t/semaine. Nous allons passer à un taux d’incorporation de 20 % en début d’année prochaine.
Il vous faut réfléchir à un nouvel outil industriel ?
Oui, il nous faut passer à un niveau supérieur. Nous allons changer de site, je l’espère dans l’année, afin de doubler nos installations. A l’heure actuelle, notre site ne nous permet pas d’augmenter la production. Et encore moins d’élargir notre gamme. Par exemple, nous ne pouvons que produire du béton avec 100 % de granulats recyclés, ce qui n’est pas normé. Avec un nouveau site et un nouveau process, nous pourrons avoir des bétons entrant dans la norme. Nous pourrons aussi élargir le panel de nos apports.
Nous avons aussi entamé des discussions avec des industriels qui sont intéressés par notre brevet. L’idée est d’avoir des franchisés que nous accompagnons dans la mise en place de leur business, en utilisant notre concept. Mais ce processus prend du temps.
Faire accepter les granulats recyclés est aussi un processus assez long…
Au début, on nous prenait pour des extra-terrestres. Mais au fil de nos collaborations, les professionnels ont pris conscience que cela marchait. Nos clients deviennent nos meilleurs promoteurs. Et puis, nous avons désormais le soutien de la métropole de Chartres, puisqu’il est inscrit dans leur PCAET1 que chaque chantier public de bâtiment doit incorporer une part de granulats recyclés. Nous avançons…
Pourtant, l’économie de ressource n’est pas une notion présente dans la RE 2020. Avez-vous l’impression d’être soutenu par l’Etat ?
La RE 2020 ne parle que d’économie de CO2. Pourtant, nous travaillons en circuit court, sans production de nouvelle matière, c’est de l’économie de carbone indirecte. Mais la RE 2020 met en avant des systèmes vertueux. Par ricochet, nous sommes concernés.
Il est aussi compliqué de convaincre des politiques et des entrepreneurs de viser une croissance économique avec moins de production…
Nous avons lancé ce concept, parce que nous y croyions, sans aide gouvernementale. Nous sommes sans doute des précurseurs, mais je veux faire comprendre à tous que l’on peut faire du business avec du recyclage ou des solutions vertueuses. La croissance verte est possible. Nous en sommes un très bon exemple.
1PCAET : Plan climat-air énergie territorial.