Président de la Fondation Nicolas Hulot, Alain Grandjean s’est exprimé sur les enjeux de la rénovation énergétique des logements sociaux et privés.
A l’occasion du conseil fédéral de la FOPH1, Alain Grandjean, s’est exprimé quant aux enjeux de la rénovation énergétique des logements sociaux et privés. Ce dernier est engagé pour la transition écologique. Il est notamment associé-fondateur de Carbone 4, cabinet de conseil et d’études spécialisé dans la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique. Et président depuis 2019 de la Fondation Nicolas Hulot.
Selon lui, pour relever le défi de la neutralité carbone d’ici 2050, un changement considérable doit être mis en œuvre dans les domaines du bâtiment et du logement. Notamment, en termes de conception et de recours aux énergies décarbonées. En France, ce secteur constitue l’un des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre (28 % des émissions).
Les bailleurs sociaux, acteurs de la neutralité carbone
Après avoir rappelé que tous les acteurs du secteur du logement avaient un défi commun concernant les rénovations, Alain Grandjean a soutenu les actions des organismes d’HLM et approuvé leur position. En effet, les bailleurs privés doivent multiplier par 5 le nombre d’opérations de rénovation, alors que les bailleurs sociaux peuvent se contenter de le doubler. « Vous êtes les meilleurs, capables d’agir à la fois sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre et sur le social, a déclaré le président de la Fondation Nicolas Hublot. Avec l’accessibilité à des logements dignes, confortables et financièrement abordables. » Alain Grandjean a aussi évoqué la place des HLM, en termes de superficie. Ils sont présents sur près de 330 Mm2, ce qui représente 10 % de la surface du parc français. Soit autant que l’ensemble des bâtiments publics. « L’enjeu économique est mieux identifié et professionnalisé chez eux que chez d’autres acteurs du logement. »
Un appel à davantage de financements
Entre 2015 et 2030, l’un des principaux objectifs en matière de rénovations est d’atteindre le nombre significatif de 4,5 M d’opérations. Toutefois, pour Alain Grandjean, ce chiffre est trop ambitieux, car les mesures en cours ne sont pas suffisamment déployées. D’après lui, 2,7 M de rénovations semblent plus réalistes. Pour aspirer à doubler le nombre d’opérations, les financements doivent se multiplier. « Malgré les apparences, le contexte macro-économique me semble plutôt favorable. L’État a intérêt, dans une période de crise sanitaire comme celle que nous vivons, à poursuivre la réalisation d’investissements productifs qui auront des répercussions sociales positives dans la durée. Avec notamment, une baisse des charges des locataires. » Ainsi, Alain Grandjean espère obtenir une transparence totale de l’usage des fonds du plan de relance. Il s’est alors adressé directement à l’Etat. « Nous demandons au gouvernement une grande transparence du décaissement réel du plan de relance. Nous devons exercer sur les pouvoirs publics une pression en ce sens. »
Cet avis, Marcel Rogemont, président de la FOPH, le partage aussi. Dans le cadre des 450 M du plan de relance, prévus pour la rénovation énergétique, il a notamment plaidé en faveur d’une décentralisation des mécaniques d’attribution des financements. Il affirme que « les décisions doivent pouvoir se prendre à l’échelle des collectivités. Laissons aux comités régionaux de l’habitat et de l’hébergement (CRHH) le soin d’accorder les subventions aux logements les plus énergivores. L’effort financier de l’Etat et de l’Europe n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050 ».
1Fédération nationale des offres publiques de l’habitat.