Un béton architectonique est un béton destiné à… être vu. Il est brut et chacun de ses défauts reste apparent. Il faut donc pouvoir masquer ces imperfections et/ou réparer les casses éventuelles…
Retrouvez cet article dans le n° 72 de Béton[s] le Magazine
I – Qu’est-ce qu’un béton architectonique ?
Par définition, un béton architectonique est un béton destiné à rester apparent. Son parement peut prendre une multitude d’aspects, de textures et de teintes. Mais il se doit d’être le plus parfait possible ou correspondre aux attentes esthétiques de l’architecte et/ou du maître d’ouvrage de la réalisation.
Mais qui dit “béton architectonique”, sous-entend “réalisation soignée” et “savoir-faire”. Ce qui ne met pas forcément à l’abri d’un incident. En cas de soucis, il est toujours possible de casser pour refaire.
En préfabrication, c’est simple : il suffit de mettre la pièce à la poubelle (dans les faits, l’élément est recyclé et le béton concassé, puis valorisé). Toutefois, jeter et refaire génère des coûts, d’autant plus importants que la pièce réalisée est complexe, intègre des charges minérales à forte valeur ajoutée ou encore bénéficie d’une finition très travaillée.
Sur chantier, c’est-à-dire dans une approche de “coulé en place”, la démarche est comparable, si ce n’est que l’on est obligé de casser sur place, ce qui est chronophage et lourd à gérer. Et qui peut faire prendre du retard à la construction.
Aussi, dans un cas comme dans l’autre, passer par la case “réparation” peut être une bonne solution. Mais réparer un béton destiné à rester apparent n’est pas chose aisée…
II – Quelles sont les étapes pour réparer un béton architectonique ?
Il n’existe pas de formation intitulée “Réparation des bétons architectoniques”. Ce savoir-faire s’acquiert donc par expérience… La grande difficulté d’une réparation de ce type est que l’on travaille sur le parement et sur l’aspect. De plus, on intervient sur une pièce sèche avec une pâte humide. Une pâte parfois fine, mélange de sable et de ciment, alors que l’élément à traiter est en béton, qui intègre sable, ciment et granulats. A ce niveau, il est essentiel de travailler sur la teinte, en s’assurant, qu’une fois sèche, la “rustine” aura la même couleur que son support.
En tant qu’industriel du béton, spécialiste de l’architectonique, Jousselin précise toujours travailler une formule “réparation” compatible avec la pièce réalisée. Ceci pour parer toutes les éventualités. Cette démarche s’accompagne toujours d’une action volontaire de casse, pour vérifier que la réparation est possible et comment opérer…
Le risque d’abîmer une pièce est important en préfabrication, du fait des nombreuses manutentions : au démoulage, lors des différents transferts, lors du chargement sur camion, lors du transport, lors du déchargement sur chantier, lors de la manutention du chantier et, enfin, lors de la mise en place. Et ce n’est pas fini, puisque l’élément reste encore vulnérable, car exposé aux mouvements du chantier. Ce dernier constat est tout aussi vrai pour une pièce coulée en place. Aussi, le meilleur moyen pour ne pas avoir à réparer est de ne pas abîmer ou casser, donc de protéger tout au long du processus de fabrication/construction.
III – On peut recoller plutôt que refaire…
En cas de casse – un fragment de béton, qui se détache suite à un choc, par exemple -, surtout si la rupture est nette et l’éclat en bon état, la première méthode consiste à recoller plutôt que de refaire. L’intervention est réalisée à l’aide d’une colle époxy. In fine, la réparation reste peu visible, limitée à une fissure qu’il est aussi possible de traiter, a posteriori. Mais dans la limite du raisonnable car, selon Jean-Yves Jousselin, Pdg de l’entreprise éponyme, les micro-fissures sont quasiment irréparables sur un béton poli. A ce niveau, la seule intervention possible est d’étanchéiser.
De même, certains bétons sont plus délicats à réparer que d’autres. Contre toute attente, le béton gris lisse reste un des plus ardus, du fait de la colorimétrie. Cette dernière n’est pas nécessairement régulière, ce qui rend le défi difficile à relever. Petite astuce à ce niveau : pour obtenir un beau béton gris, régulier dans sa teinte, il faut partir d’un béton blanc coloré dans la masse. Ceci simplifiera en plus une éventuelle réparation.
S’il est nécessaire de recréer le fragment de béton qui s’est détaché, s’appuyer sur la formulation fournie par le préfabricant est la solution. Ce dernier peut aussi intervenir en assistance technique ou en conseil, sur chantier, sans toutefois assurer la prestation, question de responsabilité légale.
IV – Cachez cette réparation que je ne saurais voir !
Quand on répare, il faut aussi penser à tous les artifices possibles pour réduire ou faire disparaître toutes les traces de l’intervention. L’utilisation d’un produit hydrofuge coloré est la réponse la plus simple : le procédé permet d’égaliser la teinte sur toute la surface du béton. Mais avant de passer à l’acte, un petit passage par le laboratoire est indispensable pour vérifier le résultat et s’assurer que le remède n’est pas pire que le mal !
Dernier point : la réparation ne se limite pas aux bétons neufs. Bien au contraire. Un béton est réparable quel que soit son âge. Un travail sur la formulation sera nécessaire pour l’adapter à l’aspect et à la teinte du support.
Entretenir un ouvrage en béton est une démarche normale et logique, trop souvent négligée. Et nettoyer un beau béton architectonique redonne sa beauté à une façade, un édifice… Mais ceci est un autre sujet.
Sujet réalisé en collaboration avec Jean-Yves Jousselin, Pdg de Jousselin, www.jousselin.fr