Ador, un olibrius sur nos murs

Muriel Carbonnet
17/03/2022
Modifié le 08/04/2022 à 14:11

“Olibrius” est à la fois le titre d’une exposition et de la première monographie consacrées à l’artiste Ador, qui - justement - adore raconter des histoires, des contes de fées, rigoler, rebondir et tourner les choses en dérision. Ses peintures envahissent les cimaises de la Cohle Gallery et les pages de cet ouvrage comme il recouvre les murs.

Trinquerie, 2021, Los Angeles, USA [©Ador]
Trinquerie, 2021, Los Angeles, USA. [©Ador]

Le prénom est court, enfantin, coloré, doux. Il se lit dans toutes les langues… Voici l’artiste Ador qui vit et travaille à Nantes. « Ador, c’est mon nom de peintre et ce personnage peut faire partie de ceux que je crée. »

Passionné de dessin depuis toujours, il s’est rapidement tourné vers la rue comme espace d’expression. Le “mur” en béton comme support idéal pour donner libre cours à son imagination, échanger et communiquer avec les passants. « Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours dessiné. Pourtant, je n’étais pas baigné dans un milieu artistique. J’aimais créer des mondes dans lesquels je me réfugiais, qui me rendaient heureux. Et c’est toujours le cas aujourd’hui », confie Ador.

“Olibrius”, une exposition personnelle d’Ador

Ainsi, en avril prochain, la galerie parisienne Cohle Gallery présentera une exposition personnelle baptisée “Olibrius”. Ici, l’artiste ouvrira au public son univers, empreint de caricatures, d’humour et de sarcasme, aux titres évocateurs. Ador traitera de sujets d’actualités ou politiques souvent complexes, en utilisant son style détaillé, dans un esprit aussi ludique que sombre.

Mais pourquoi “Olibrius” ? Ce terme, peut-être abscons, définit « un individu qui se fait fâcheusement remarquer ». Il s’agit là encore d’une forme d’auto-dérision et tend à illustrer la façon, dont l’artiste s’engage auprès des spectateurs. Que cela soit au travers des toiles que l’on retrouve aussi bien en galerie que dans la rue. Dans son travail, l’artiste raconte des histoires qui peuvent interpeller, voire surprendre, plaire ou déplaire. Le tout avec des personnages aux longs nez, aux yeux écarquillés ou exorbités, aux allures dégingandées, dans des environnements rocambolesques et des scènes chaotiques et captivantes.

Etoile, 2020, Saint-Brieuc, France. [©Ador]

Horizon, 2020, Rennes, France. [©Ador]

Le spectacle de la société, 2021, acrylic on canvas. [©Ador]

Ses bonshommes sortent de contes de fées et se retrouvent soudainement face à la réalité. Il y a des humains, des bananes, des pingouins ou des abeilles… Il y a Benito, un “abruti” qui ne sait pas comment s’en sortir pour se faire remarquer. Ou encore le personnage reconnaissable de Belicus, un prophète aux trois yeux, éternellement mécontent. Nous voyons aussi le personnage d’un petit garçon qui, au fil du temps et des tableaux, se confronte à notre société.

En utilisant ces personnages excentriques et enfantins, Ador présente aux spectateurs des idées politiques ou philosophiques, sans être trop dans la frontalité. Il souhaite que ses œuvres soient lisibles et compréhensibles de plein de façons possibles, quel que soit le public. « Il y a toujours des occasions d’imaginer, de rebondir, de sourire, de se moquer ou encore, de se critiquer. C’est de cette façon que je vois les images, je regarde beaucoup ce qu’il y a autour de moi et je fais le point, en rebondissant pour raconter des histoires, à destination de tout le monde… parce qu’on est vivants ! »

“Olibrius”, première monographie sur l’artiste

Concomitamment à l’exposition paraîtra la monographie consacrée à Ador, portant le même titre. Les deux servant de rétrospective et réunissant l’ensemble de ses personnages burlesques. Cet ouvrage retrace 18 ans de création et de peinture. Il permet à chacun de comprendre comment Ador raconte des histoires avec, comme base, le dessin, déclinées sur toile, papier, murs, et en volume.

Qu’il s’agisse d’investir l’espace public ou un cabinet de curiosité, la recherche consiste à communiquer, en mettant en scène des personnages ou des objets, qui deviennent récurrents. Du vocabulaire du cirque ou de l’enfance, des contes de fées ou de l’actualité, comme des parades, ces univers joyeux défilent. L’idée, c’est de laisser place à un imaginaire et de présenter des situations possibles, colorées et légères.

NYC, 2020, acrylique sur toile. [©Ador]

Vu et revu, 2017, Nantes, France. [©Ador]

Vu, 2016, Nantes, France. [©Ador]

« En toute humilité, nous avons décidé de suivre l’ordre de l’alphabet, pour cette première monographie. Un abécédaire, donc. Un livre d’apprentissage qui alimentera chacune de ces curieuses 26 lettres. Mais nous n’expliquerons jamais le choix des mots, qui, nous l’espérons, deviendra évident pour qui regarde et suit le travail d’Ador », peut-on lire dans un extrait de “l’abécédaire Olibrius” de Gérard Lemarié et Ador, qui occupe une des deux parties qui composent la monographie de 240 pages, en plus des 350 magnifiques visuels des œuvres du peintre.

Muriel Carbonnet

Jusqu’au 30 avril 2022 à la Cohle Gallery
17 rue Victor Massé
75009 Paris

Monographie-Ador-Olibrius

Editions : In Fine, éditions d’art
Auteurs : Ador, Léo Bioret et Gérard Lemarié
Prix : 49 €TTC

Plus d’informations :
https://ador.book.fr
Facebook : Ador 2049
Instagram : ador_2049

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