Cem’In’Eu a mis en service la première de ses cinq usines de production de ciments en France. Cette unité fonctionne sous le nom d’Aliénor Ciments et offre une capacité de production de 240 000 t/an.
Cement Innovation in Europe – ou Cem’In’Eu, pour faire simple – est né en 2015, avec une concept simple en tête. « L’idée était de créer une offre nouvelle en matière de ciments, plus adaptée aux besoins des acteurs locaux et de grande proximité. Ceci, dans les principales zones économiques du pays », résume Vincent Lefebvre, président de Cem’In’Eu. Aujourd’hui, le premier site industriel répondant au nom d’Aliénor Ciments est en service à Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, en Nouvelle-Aquitaine. « Cette commune possède une localisation idéale, car proche des grands centres de consommation que sont Toulouse et Bordeaux. Le marché de cette région représente une demande de l’ordre de 3 Mt/an de ciment. Par ailleurs, le site est proche de la ligne de chemin de fer Bordeaux – Toulouse, ce qui facilite l’approvisionnement en matières premières. » A commencer par le clinker, importé d’Espagne jusqu’au port de Bordeaux, avant de rejoindre Tonneins dans des conteneurs spéciaux, par train. « L’embranchement ferroviaire est la clef de notre modèle économique, explique Vincent Lefebvre. Chacune de nos unités de production en bénéficiera. » Le train est même l’avenir pour Cem’In’Eu. Une locomotive diesel a un rendement de CO2/t de marchandises transportées 7 à 8 fois moindre qu’un poids lourd. « Les transports massifs devraient toujours se faire par le rail. »
Une gamme de 4 ciments
Le dispositif de réception du clinker bordelais sera renforcé dans un second temps par un terminal basé à Sète, dans les Bouches-du-Rhône. Celui-ci pourra accueillir et stocker quelque 60 000 t de clinker Il approvisionnera ainsi l’usine de Tonneins, puis celle de Porte-lès-Valence, dès qu’elle sera opérationnelle.
Avec une capacité annuelle de 240 000 t, l’usine de Tonneins sera en capacité de produire 8 % des besoins locaux en ciment. Disponibles depuis quelques mois et bénéficiant d’un marquage CE, les produits proposés sont au nombre de quatre. Ils s’appellent CEM I 52,5 R, CEM II/A-LL 42,5 R et N, et CEM II/B-LL 32,5 R. Aucun CEM III n’est prévu au programme… « Mais nous espérons obtenir le droit d’usage de la marque NF au cours de l’été 2019 », affiche Vincent Lefebvre.
Un train complet compte 21 wagons transportant chacun 2 conteneurs de 20 pieds renfermant entre 31 t et 32,5 t de clinker, soit une charge utile totale de l’ordre de 1 350 t. « C’est l’équivalent de 52 semi-remorques sur la route ! » Entrée dans l’enceinte de l’usine sur sa voie dédiée, la rame est divisée en 2 parties pour simplifier les manœuvres de déchargement. Le pont roulant saisit les conteneurs pleins qu’il met en stock, et dépose en échange sur les wagons les conteneurs vides. L’opération est gérée de manière automatique et combinée avec les mouvements de la rame. Elle est achevée en moins de 6 h.
Le cœur de l’usine
Le pont roulant assure en parallèle l’alimentation du basculeur, dont le rôle est de vidanger, en toute sécurité, les conteneurs dans le hall de stockage des matières premières, via une fosse dépoussiérée. De là, une chargeuse sur pneumatique équipée d’un godet de 4 700 l reprend le clinker pour le déverser dans la trémie d’alimentation dédiée du broyeur.
D’une capacité de 4 500 t, le hall assure aussi le stockage du calcaire et du gypse, les deux autres additions principales du ciment. Chacune de ces matières premières, dont des partenaires locaux assurent la fourniture, bénéficie de sa propre trémie d’alimentation du broyeur. Les capacités en sont de 80 t pour le calcaire et 35 t pour le gypse. Avec ses 250 t, celle du clinker est plus imposante.
Cœur de l’usine, le broyeur à boulets est signé InterCem. Fonctionnant en circuit fermé en association avec un séparateur vertical de haute performance de même marque. D’un diamètre de 3,20 m pour 10 m de long, le broyeur est séparé en 2 compartiments. Le premier assure un broyage grossier, et le second, le broyage fin. La puissance installée de l’équipement est de 1 300 kW, tandis que la séparation finale est réalisée par filtre Air Jet, d’un débit de 70 000 m3/h. Afin de ne générer aucune nuisance, l’ensemble du bâtiment “broyeur” est étanche et insonorisé.
Des sacs en polyéthylène
Le stockage des produits finis est réalisé dans 6 silos de 500 t unitaire, placés au-dessus de 2 ponts de chargement. Chacun d’eux peut être alimenté par 4 silos différents. Le chargement des semi-remorques est géré en automatique par bornes de commande. Une partie de la production est proposée en sacs. La ligne d’ensachage peut être approvisionnée à partir de 4 silos également.
Pour ce conditionnement, Aliénor Ciments a fait le choix de sacs en polyéthylène (PE). Une première en France pour le ciment. « Tels qu’ils sont conçus, les sacs multi-couches en papier sont impossibles à recycler, contrairement aux sacs PE, justifie Vincent Lefebvre. Ce matériau peut être valorisé 7 fois et un sac de ce type peut aussi servir pour les gravats, sans risque de se percer. » L’autre avantage est de proposer une solution 100 % étanche et refermable à l’aide d’une pince prévue à cet effet et faisant office de poignée de transport. Fini les ciments qui font prises à l’intérieur même du sac…
Développée par Haver & Boecker, l’ensacheuse est de type Adams. Elle offre 10 stations de remplissage. Elle est alimentée en sacs PE d’une épaisseur de 150 µm à partir d’une bobine. L’ensacheuse assure la découpe, la soudure du fond, le remplissage et la soudure du dessus. Le débit de l’unité est de 1 100 sacs de 35 kg/h.
Commander via son smartphone
Aliénor Ciments commercialise son offre en sacs sous la marque “Le Ciment Européen”. Deux qualités sont disponibles, à commencer par le CEM II/B-LL 32,5 R en conditionnement de 35 kg. Là, l’industriel offre le choix entre une palette classique de 1,47 t (ou 42 sacs), et une palette réduite de 980 kg (ou 28 sacs). Le second ciment est le CEM I 52,5 R en conditionnement de 30 kg. « Au cours des prochains mois, nous prévoyons de proposer notre CEM II/B-LL 32,5 R en un sac de contenance réduite à 20 kg et équipé d’une poignée », dévoile Vincent Lefebvre.
Côté clients, Cem’In’Eu vise les producteurs de BPE comme les préfabricants indépendants pour le ciment proposé en vrac. Et les petits professionnels et les particuliers pour le ciment vendu en sacs. Pour en faciliter la commercialisation, l’industriel va déployer son application pour smartphones Cem’In’App. Une manière simple et rapide de commander et de se faire livrer une palette au minimum, dans la zone de chalandise de l’usine.
Le dispositif Cem’In’Eu, en France et au-delà…
Aliénor Ciments constitue la première des cinq implantations françaises de Cem’In’Eu. Les autres ouvriront leurs portes en Alsace (qui fournira aussi le Sud de l’Allemagne et la Suisse), en Auvergne - Rhône-Alpes. Mais aussi en Bourgogne - Franche-Comté et dans les Pays de la Loire. Deux autres usines sont prévues hors de nos frontières. La première dans le port de Gdynia, sur la mer Baltique, en Pologne, et la seconde, à proximité de Londres, au Royaume-Uni.
Frédéric Gluzicki