Ancrages et fixations : Pour que plus rien ne bouge

Yann Butillon
21/09/2019
Modifié le 21/09/2020 à 16:33

Que ce soit des éléments comme les chemins de câble, les chauffe-eau, la serrurerie ou les panneaux architectoniques, les constructions en béton sont en permanence habillées et déshabillées. Pour que rien ne bouge, même, parfois, en cas d’activité sismique, les industriels développent des solutions de plus en plus élaborées, qu’elles soient chimiques, mécaniques ou noyées.

Retrouvez cet article dans le n° 80 de Béton[s] le Magazine

Heco a fait le pari de se développer dans le béton avec la Multi-Monti-Plus. [©Heco Schrauben]
Heco a fait le pari de se développer dans le béton avec la Multi-Monti-Plus. [©Heco Schrauben]

Fixer un élément préfabriqué sur un voile porteur en béton reste quelque chose de courant en construction. De même qu’assurer un ancrage sur une structure existante. Pour permettre ces diverses opérations, nombre de systèmes existent sur le marché, avec chacun leurs spécificités, leurs domaines d’emploi et leurs limites. Petit tour d’horizon de l’offre disponible.

Fischer : Pour les environnements hostiles

La nouvelle Fischer Ultracut FBSII A4 est destinée aux environnements les plus rigoureux.  [©Fischer]

La nouvelle Fischer Ultracut FBSII A4 est destinée aux environnements les plus rigoureux.
[©Fischer]

Chez Fischer, la réponse aux besoins des professionnels du béton se nomme Ultracut. La gamme de vis s’est dotée d’une géométrie spéciale et renforcée du filetage. Ce qui permet une installation et un démontage facile, et donc rapide. Tout en assurant des charges admissibles, allant jusqu’à 9,61 kN pour la vis la plus performante. Réutilisable, grâce à sa jauge de contrôle de diamètre, l’Ultracut atteint les catégories de performances sismiques C1 et C2. En fin d’année 2018, la marque a étoffée cette gamme d’une nouvelle venue : la Fischer Ultracut FBS II A4. En acier inoxydable, celle-ci offre un niveau élevé de résistance à la corrosion, ce qui assure une haute performance dans les zones humides et les applications en extérieur. Son embout rouge renforcé permet une installation encore plus rapide, sans effort, et plus sécurisée. Elle permet à la Fischer de toucher les marchés en milieux hostiles.

Fixinox : Standard et sur mesure

Pour le Meca de Bordeaux, Fixinox a proposé ses solutions de fixations sur mesure.  [©Fixinox]

Pour le Meca de Bordeaux, Fixinox a proposé ses solutions de fixations sur mesure.
[©Fixinox]

Venu de Belgique, Fixinox propose des solutions pour des parements lourds en vêture, et notamment, le Fixi 3D, un système de suspentes qui lui est propre. « C’est un système qui a été conçu, au départ, pour la brique et les panneaux sandwichs. Il a ensuite été adapté au béton architectonique et au béton mince, explique Laurent Calia, responsable commercial de Fixinox pour la France. Nous disposons d’une version standardisée, mais nous proposons aussi à nos clients une version sur mesure, qui est pensée, dessinée, fabriquée et valorisée par nos calculs. » En vente directe, les produits de Fixinox ont depuis peu été utilisés sur le chantier Meca de Bordeaux et l’institut Mines-Télécom (IMT) de Paris-Saclay. « Cette adaptabilité de nos systèmes nous permet d’être un généraliste, qui propose des produits très spécifiques. Nous pouvons donc répondre à l’ensemble des chantiers. »

Groupe RGD : Solution indépendante

Le groupe RGD représente la société allemande PreContech depuis deux ans. [©RGD]

Le groupe RGD représente la société allemande PreContech depuis deux ans.
[©RGD]

Depuis deux ans, à travers sa filiale Beaux Ouvrages en Béton (BOB), le groupe RGD représente en France les solutions de la firme allemande PreContech. « C’est l’un des rares indépendants restants, qui produit des rails d’ancrage, explique Richard Guérin, Pdg de RGD. PreContech dispose d’une usine, qui est certifiée ISO, où est fabriqué un rail sous Avis technique européen, gérant les mouvements en trois dimensions. »L’idée est simple : le rail permet de prendre en compte les mouvements verticaux, horizontaux et latéraux. Destinés aux environnements « industriels et nucléaires, les rails permettent d’encaisser les mouvements sismiques. Les panneaux pouvant se déplacer, ils ne chutent pas ». Proposée en vente directe, la solution de RGD est disponible en version standardisée ou sur mesure, livrable en général sous 8 j. «  C’est l’avantage d’avoir une production aux portes de la France, nous sommes très réactifs et pouvons travailler main dans la main avec les clients pour trouver des solutions adaptées à leurs problématiques. »

Halfen : Immédiateté

 

Le système d’Halfen permet de réaliser la connexion des éléments de manière immédiate. [©Halfen]

Le système d’Halfen permet de réaliser la connexion des éléments de manière immédiate.
[©Halfen]

Halfen propose le connecteur Halfen Hek, une solution pour pouvoir solliciter de façon immédiate les liaisons de pièces en béton préfabriquées. Les connecteurs ordinaires, avec des boucles de câbles flexibles ou des barres en acier courbées sur le chantier, doivent être scellés avec du mortier de jointement au niveau du joint de raccordement. Par conséquent, ils ne sont pas totalement capables de supporter des charges tout de suite après le montage. Alors que le connecteur d’Halfen présente une liaison vissable, qui peut être sollicitée sans tarder après le montage par des efforts de traction et de cisaillement. En tant que pièce à intégrer au composant en béton, le connecteur Hek II sert à la fois d’élément de liaison capable de reprendre les efforts et d’élément d’ancrage. En combinaison avec une douille de fixation adaptée dans la pièce à raccorder, telles que la T-Fixx Demu, la Douille à boulon ou à barre d’ancrage Demu, il est possible d’assembler sans diffculté tous les types de pièces en béton préfabriquées les unes aux autres en toute sécurité.

Heco Schrauben : Pour charpentiers et serruriers

Heco a fait le pari de se développer dans le béton avec la Multi-Monti-Plus.  [©Heco Schrauben]

Heco a fait le pari de se développer dans le béton avec la Multi-Monti-Plus.
[©Heco Schrauben]

L’Allemand Heco Schrauben s’appuie sur sa gamme Multi-Monti-Plus pour l’ancrage des éléments dans le béton par vissage. « C’est un produit, qui a déjà dix ans, mais qui est encore peu connu, car ce n’est pas dans notre culture de visser dans le béton, explique Thierry Constant, directeur France de la marque. Nous nous considérons à la fois comme un généraliste, puisque nos produits conviennent à toutes les professions, mais aussi comme un spécialiste, la Multi-Monti-Plus étant destinée en particulier à des charpentiers ou des serruriers, qui veulent réaliser des ancrages dans le béton. » Distribuée en réseau professionnel, la visserie d’Heco est vouée à prendre des parts de marché aux boulons filetés. « Il nous faut travailler à faire rentrer ce concept dans la culture de la construction, mais avec la qualité de sa fabrication allemande, c’est une garantie pour nos clients. »

Hilti : Mécanique et chimique

Le Hit-CT 1 offre l’un des temps de prise les plus courts du marché.  [©Hilti]

Le Hit-CT 1 offre l’un des temps de prise les plus courts du marché.
[©Hilti]

Chez Hilti, l’ancrage et la fixation se distinguent en deux gammes : l’une chimique, l’autre mécanique. La famille des chimiques compte deux sous-familles. Déjà, le Hit-CT 1, un mortier à injection Clean-Tec, qui a été formulé pour réduire au minimum son impact sur la santé, la sécurité et l’environnement. Tout en offrant une résistance maximale dans un temps de prise parmi les plus rapides du marché. Appliqué avec l’injecteur HDE 500-A22 de la marque, le Hit-CT 1 assure l’ancrage des structures en acier, des murs rideaux… Tout comme la capsule HV2, une capsule chimique adaptée aux conditions de chantier les plus difficiles. Cette dernière est capable de travailler dans des milieux fissurés ou humides. Du côté du chevillage mécanique, la HST3 est destinée aux bétons fissurés ou aux éléments situés dans des zones sismiques. Pour les éléments non structurels, elle est classée C1 et C2 pour les éléments structurels. De son côté, la HSL-3-B est une cheville à expansion pour les charges lourdes dans les domaines dynamiques ou de haute sécurité comme les centrales nucléaires.

Jordahl H-Bau : Le rail pour le nucléaire

Les rails de Jordahl sont accrédités pour une utilisation dans le nucléaire.  [©Jordahl]

Les rails de Jordahl sont accrédités pour une utilisation dans le nucléaire.
[©Jordahl]

« Notre but est de répondre à l’ensemble des besoins du marché, à travers une gamme très large, avec des rails adaptés aux besoins spécifiques des différentes applications, explique Jean-Claude Cochard, directeur pour la France de la marque. Nous avons trois gammes : JTA, JXA et JXA PC. » La première est destinée au génie civil et aux bâtiments collectifs, alors que la seconde est crantée et à destination des ouvrages d’art. Quant à la troisième gamme, la JXA PC est un rail cranté destiné aux sollicitations les plus importantes, comme pour les sites nucléaires. « Nous possédons une accréditation nucléaire, ce qui nous permet de travailler sur des sites comme Iter ou La Hague. Mais notre but est de proposer des offres globales, comprenant le rail, mais aussi, par exemple, les boulons spéciaux correspondants. » Vendus en direct, les produits de Jordahl sont issus du catalogue, mais peuvent aussi être adaptés en fonction des besoins dimensionnels. « Nous travaillons sur des partenariats avec les entreprises de génie civil ou les entreprises spécialisées, afin de développer des produits, dont ils ont besoin et que l’on peut standardiser. C’est une piste majeure pour notre futur. »

Mapei : Généraliste et spécialiste

Les solutions Mapei sont performantes dans les environnements difficiles.  [©Mapei]

Les solutions Mapei sont performantes dans les environnements difficiles.
[©Mapei]

« Mapei est plutôt axé sur des solutions généralistes, mais nous sommes en capacité d’offrir aussi des solutions spécifiques, explique Alexandre Bertrand, chef de marché adjuvant. Nos gammes sont divisées en deux grands volets : le scellement chimique avec la ligne Mapefix et celui hydraulique avec Mapefill. »Le Mapefix VE est un scellement vinylester à durcissement rapide, alors que le Mapefix EP est, lui, un époxy avec longue ouvrabilité pour des charges structurelles. « Notre catalogue est capable de répondre à l’ensemble des problématiques majeures sur chantier. De très bonnes résistances aux environnements difficiles, les solutions chimiques permettent de faire des scellements dans des environnements très agressifs. Elles sont toutes sous Agrément technique européen». Distribués à la fois par les négoces professionnels et en direct avec les entreprises spécialisées, les produits Mapei sont en constant développement, notamment pour « obtenir des solutions plus respectueuses de l’environnement et des utilisateurs ».

Plaka Group : Chimie et réservation

 

Les Ankrobox de Plaka permettent de réaliser des réservations pour ancrer par la suite des éléments.  [©Plaka]

Les Ankrobox de Plaka permettent de réaliser des réservations pour ancrer par la suite des éléments.
[©Plaka]

Plaka Group propose à la fois des réservations à implanter dans les coulages pour réaliser des ancrages postérieurs et des solutions chimiques pour réaliser cet ancrage. « Nous avons une gamme assez large de réservations pour les ancrages que nous appelons Ankrobox, explique Guerric Becquart, directeur commercial de la marque pour la France. Elles sont disponibles en rectangle, carré ou en rond. Seule, la forme en rond est standardisée, les carrés et les rectangles se font, eux, sur mesure. L’ensemble est adapté en fonction de la pièce à ancrer. » Egalement disponible en vente directe, l’Ankrochim est une résine vinylester en cartouche, la résine et le durcisseur se mélangeant dans la buse d’injection à l’extrémité de la cartouche. « C’est un produit très polyvalent, qui devrait répondre à l’ensemble des besoins d’un chantier », conclut Guerric Becquart.

Rawlplug : Un siècle d’ancrage

Rawlplug a breveté le premier ancrage mécanique de l’histoire en 1934. [©Rawlplug]

Rawlplug a breveté le premier ancrage mécanique de l’histoire en 1934.
[©Rawlplug]

Pour le Britannique Rawlplug, 1919 marque l’année du dépôt de brevet et le début de la production en série de la première cheville pour support mural. Un siècle plus tard, l’industriel revient sur le chemin parcouru. Ainsi, les années 1930 ont été une période de forte expansion internationale du secteur de la construction. Les nouvelles technologies étaient à l’origine de nouvelles inventions, comprenant toujours des solutions Rawlplug. Ces innovations découlaient aussi de la popularité croissante d’un nouveau matériau de construction : le béton armé. Sa structure nécessitait des méthodes inédites de fixation. Première ancrage mécanique de l’histoire, le Rawlbolt a été conçu et breveté sous le numéro GB 444623 et mis sur le marché en 1934. Il est devenu le précurseur de toute une catégorie d’ancrages mécaniques. Et bien que le produit ait évolué au cours des décennies, il constitue un standard de l’industrie depuis près de 80 ans.

Sika : Chimie revisitée

 

Sika a revu sa gamme chimique nommée Anchorfix. [©Sika]

Sika a revu sa gamme chimique nommée Anchorfix.
[©Sika]

Sika propose deux gammes pour l’ancrage : une hydraulique et une chimique. La gamme Sikagrout regroupe les trois solutions hydrauliques. « Les Sikagrout 212 R et 234 sont des scellements coulables. Le Sikagrout 217 permet, lui, de réaliser des scellements plus compliqués, de type “platine” ou “machine” », explique Nicolas Chaignon, responsable marketing pour la distribution professionnelle. Quant à la gamme chimique, elle se nomme Anchorfix. « C’est un marché sur lequel nos produits étaient un peu trop basiques. Nous avons donc décidé de les revoir en totalité pour les rendre plus concurrentiels. » Ainsi, le nouveau AnchorFix 1+ est une résine polyester puissante, permettant de fixer sur un mur des éléments lourds tels des chauffe-eau. L’Anchorfix 2+ est une résine époxy acrylate, dédiée au scellement de barres d’armature. Son classement sismique est C1. Enfin, l’Anchorfix 3030 est une résine époxy pure aux performances élevées, destinée aux projets d'envergure, grâce à son classement C2 et à son PV au feu. « Cette gamme revisitée est disponible dès ce début d’année 2019 », conclut Nicolas Chaignon.

Snaam : Standard adapté

Les produits de Snaam sont en permanence adaptés en fonction des besoins de chaque projet.  [©Snaam]

Les produits de Snaam sont en permanence adaptés en fonction des besoins de chaque projet.
[©Snaam]

« Apporter des solutions spécifiques en fonction des problématiques fait partie de notre ADN, explique François Salvaudon, directeur commercial pour le bâtiment chez Snaam. Mais les produits standardisés nous intéressent aussi. Nous avons pour ambition de répondre à l’ensemble des besoins du marché. » Les tiges de coffrage, chevilles à expansion ou pieds d’ancrage sont disponibles sur catalogue en vente directe sur toute la France. « Nous dialoguons en permanence avec les équipes, qui utilisent nos produits pour les adapter en dimension et aux besoins de soudage… Cela nous permet d’être présents sur de nombreux projets, nécessitant des réponses techniques, assurant qualité et sécurité. » Ainsi, Snaam est présente sur de très nombreux projets du Grand Paris, comme la ligne L 16, le tramway T2A ou la nouvelle station d’épuration de La Défense.

Spit : Changement de culture

Avec sa gamme d’accessoire, le Spit Bull facilite le travail des compagnons en réduisant le nombre d’actions à mener.  [©Spit]

Avec sa gamme d’accessoire, le Spit Bull facilite le travail des compagnons en réduisant le nombre d’actions à mener.
[©Spit]

Spécialiste de l’outillage et des consommables, Spit s’est lancé dans « le développement de systèmes de fixation, et non plus de solutions indépendantes, explique Patrick Boucher, responsable technique de la division France. Nous sommes partis d’un constat simple : pour mettre en place un chevillage, il faut percer, frapper, visser. Cela demande plusieurs outils et plusieurs actions. Nous avons donc cherché à faciliter ce processus ». La réponse à cette problématique se nomme le Spit Bull, qui est arrivé sur le marché en juin 2018, « C’est un outil unique, sur batterie, qui est doté de nombreux accessoires, permettant de mettre en place des goujons d’ancrage, des chevilles à frapper et des chevilles femelles. Il joue son rôle de perforateur, puis en plaçant un accessoire de frappe automatique sur le foret, la frappe et le vissage se font vite et sans difficulté. » Véritable changement de culture de la construction, le Spit Bull n’est qu’au début de son développement. « Au cours de l’année 2019, nous allons ajouter de nouveaux accessoires, permettant notamment de traiter les vis pour le béton. Il nous faut aussi élargir le panel de diamètre pris en charge. Pour le moment, c’est un outil qui traite 80 % des besoins des chantiers », conclut Patrick Boucher.

Würth : Réutilisation

L'année 2019 sera l'année de l'élargissement de gammes pour Würth. [©Würth]

L'année 2019 sera l'année de l'élargissement de gammes pour Würth. [©Würth]

Spécialiste de l’outillage et de la visserie, Würth compte deux gammes pour l’ancrage d’éléments dans le béton. Déjà, la vis WBS qui permet de fixer les éléments lourds, en général issus de la serrurerie, comme les garde-corps. Mais Würth est aussi l’inventeur du concept de cheville réutilisable. « L’ABS 2i est une vis d’ancrage réutilisable, avec un calibrage pour vérifier sa réutilisabilité, indique Jean-Marc Demaret Portelli, directeur de la division “bâtiment” de la marque. C’est une vis, qui a un agrément pour le béton frais, lui permettant d’être utilisée pour fixer des éléments temporaires. » Un concept qui a trouvé son public et qui va être élargi, dès février 2019. « Nous allons augmenter le nombre de diamètres et de tailles disponibles, pour pouvoir mettre en place des éléments comme les coffrages perdus par exemple. La gamme va sans doute changer de nom au passage, mais il n’est pas encore connu. » Ce concept, qui devrait être suivi d’autres dans l’année, devrait permettre à Würth de s’implanter un peu plus dans le bâtiment, un marché où l’industriel n’a pas encore une place prépondérante.

Retrouvez cet article dans le n° 80 de Béton[s] le Magazine