On pourrait qualifier d’art naïf l’univers de l’artiste Aude Ambroggi. Depuis les Alpilles, elle “concocte” des sculptures en béton et céramiques colorées, aux formes dézinguées. Le tout, avec un doux parfum d’innocence.
Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 114
Né d’un désir de valoriser le geste, plutôt que la capacité à intellectualiser les œuvres, l’art naïf met en avant la spontanéité, la liberté de création. Mais aussi la qualité d’inventer son monde artistique. Cette définition décrit parfaitement le bestiaire farfelu et coloré de la sculptrice Aude Ambroggi. L’artiste aurait pu se contenter d’un matériau classique pour ses œuvres.
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Mais c’était sans compter sur sa curiosité qui l’a amenée à expérimenter le béton. « Dur comme du béton, matière impérissable… », Aude Ambroggi s’est déjà penchée sur la sémantique du mot. Si les hommes sont au service d’une fonction – celle de mettre en œuvre ce béton – l’artiste, elle, questionne l’essence même des matériaux et les anoblit. « Pour moi au départ, c’était un matériau étrange. Je ne le connaissais pas. Je ne savais pas comment le travailler. J’étais contrariée, mais très curieuse de l’apprivoiser, de le poétiser. C’est devenu obsessionnel pour moi. Et finalement, cela collait avec ma technique », insiste la sculptrice.
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Un monde farfelu jailli du béton
Quand Aude parle du béton, ses yeux s’illuminent. « Au premier abord, le béton peut paraître comme étant le parent pauvre de la dimension artistique, alors qu’il est magique quand il prend l’eau. » Bon, elle passera sur ses galères, sur les conseils qu’elle a demandés à des professionnels du bâtiment, sur ses doutes, ses interrogations… « Nous sommes devenus copains, lui et moi. Je prends désormais énormément de plaisir à le travailler. La magie s’est opérée et je me l’approprie pour le moment. J’espère encore m’améliorer. » Son univers bigarré est peuplé de tout un bestiaire étrange. On y trouve des éléphants tout dodus tout colorés qui tirent la langue. Des oiseaux majestueux, prêts à jaqueter. Mais aussi des visages déformés qui font tourner les têtes. Des sirènes alanguies qui invitent à aller piquer une tête dans l’eau… Un véritable bestiaire de “zozos”. Son monde est enfantin, ludique et décalé, avec des touches d’humour. « Je me suis demandée comment habiller ce matériau, le colorer… J’ai fait confiance à mes émotions. Je joue avec le béton, je le pare de céramique, je lui ajoute des pigments ou je le laisse brut. C’est un véritable échange. Je peux tout faire grâce à lui. »
Muriel Carbonnet
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