Implantée sur cinq sites en Ile-de-France, Béton Solutions Mobiles se positionne de façon originale, en proposant indifféremment à ses clients un service de BPE et des centrales mobiles. Le maintien d’un niveau élevé de prévention et de sécurité passe par des procédures adaptées à tous les cas de figure.
Retrouvez cet article dans Béton[s] le Magazine n° 77
Créée en 2014 en Ile-de-France, la jeune société Béton Solutions Mobiles (BSM) propose à la fois à ses clients la location d’unités mobiles et de béton prêt à l’emploi, livrées depuis ses centrales fixes. Ce positionnement original est conçu pour répondre aux contraintes des grands comme des petits chantiers. Fondateur de l’entreprise qui emploie aujourd’hui quatre-vingt-dix collaborateurs, Philippe Tibère en détaille l’organisation générale : « Nous disposons sur l’Ile-de-France de quinze unités réparties en sept malaxeurs fixes et huit unités mobiles. De plus, deux malaxeurs fixes sont installés sur L’Ile-Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, deux à Lognes, en Seine-et-Marne, qui est aussi notre siège, un à Brétigny-sur-Orge, dans l’Essonne, un à côté de Plaisir, dans les Yvelines, et un au Thillay, dans le Val d’Oise. Cette organisation nous permet de n’être jamais trop éloignés des chantiers à livrer ».
Ces deux axes de fabrication et de commercialisation – unités fixes et unités mobiles – permettent à l’entreprise de répondre à tous les types de demandes. Les unités mobiles apportent plus de souplesse aux entreprises. Elles autorisent aussi à des horaires décalés ou des productions très élevées. En fait, les deux solutions sont complémentaires et sont parfois retenues ensemble pour un même chantier.
Des mesures de prévention et d’organisation identiques
Philippe Tibère précise que : « Il n’y a pas de différence d’organisation et de procédures de prévention entre les unités fixes et les unités mobiles : installation, mise en route, check-list à respecter, sécurité électrique, sécurité contre l’incendie sont les mêmes… » La sécuritéest assurée, pour les installations fixes et mobiles, par des câbles coupe-circuit, qui entourent les zones de danger, le déclenchement de ces câbles stoppant immédiatement l’installation. Toutes les grilles de sécurité amovibles, qui protègent les différentes parties en mouvement, sont équipées de contacteurs. En cas d’ouverture en phase de fonctionnement, ils coupent l’alimentation électrique de l’installation. Enfin, plusieurs boutons d’arrêt d’urgence, situés à plusieurs niveaux de l’installation, permettent aussi un arrêt immédiat de la centrale. « Le personnel reçoit les mêmes formations et informations, l’engagement de l’encadrement est comparable. Nous avons également dans notre équipe deux personnes responsables, pour tous les sites, de la sécurité et de l’environnement. Qu’il soit affecté à des centrales fixes ou mobiles, tout nouvel embauché suit le même cursus. »Et il existe un sauveteur/secouriste par site, qui assiste à des séances régulières de remise à niveau. « La seule vraie différence se situe évidemment au niveau de l’installation pour les unités mobiles. L’organisation, le montage, les mesures de prévention et de sécurité sont gérés par notre responsable maintenance, en collaboration avec le constructeur de la centrale. »
Impliquer et responsabiliser
« Le jour de leur embauche, nous équipons les nouveaux arrivés des EPI prévus pour leur poste. La formation de base se calque sur le CD Rom édité, il y a déjà quelques années par le SNBPE, sous forme de lecture complète. Une étape, qui favorise l’introduction au BPE et à la sécurité. »La phase suivante se déroule sur le site, l’animateur sécurité et le responsable de production mettant alors des mots sur des outils et des organes, qui sont souvent étrangers aux nouveaux personnels : chargeurs sur pneus, lames, réducteurs, tapis, arrêt d’urgence… lls reçoivent enfin une formation sur la sécurité électrique et la protection incendie. Philippe Tibère constate que les risques d’accident concernent en priorité le personnel embauché depuis peu ou au contraire les plus anciens. Les premiers parce qu’ils ne connaissent pas les dangers et les pièges de leur nouvel environnement, les plus anciens, parce que la vigilance baisse naturellement avec le temps… Pour les nouveaux, les procédures d’accueil mises en place les sensibilisent aux risques. Pour les plus anciens, des “piqûres de rappel”, programmées et planifiées, évitent de verser dans la routine et permettent de maintenir le personnel à l’affût du danger. Puis, le fait de pouvoir choisir gants, casques, chaussures, lunettes… au sein d’une vaste gamme d’EPI est un autre moyen d’impliquer le personnel dans la prévention. C’est ensuite plus naturellement qu’il les utilise en fonction de chaque situation. « Nous visons à responsabiliser le personnel vis-à-vis du port des EPI, ajoute Philippe Tibère.Nous communiquons sur le fait que s’équiper d’EPI revient à se mettre en condition de situation au potentiel dangereux. Cette “prise en mains” par le personnel fonctionne assez bien, même si cela n’empêche pas des contrôles réguliers et des rappels de la part des collègues et encadrants. »
Gérer la prévention à distance
Le maintien d’un niveau comparable de sécurité devient plus complexe, dès lors que les toupies doivent livrer le béton sur chantier. S’ajoutent alors le risque routier et les risques inhérents à chaque chantier. Pour y faire face, l’entreprise a mis en place plusieurs mesures et procédures. La gestion des toupies (130 au total) est externalisée dans le cadre d’un contrat de locationde matériel avec chauffeur. Un service transport, interne à l’entreprise, vérifie en continu la conformité du matériel et la validité des chauffeurs : permis, visites médicales... L’ensemble des véhicules est géolocalisé, surtout dans un but de prévention et de sécurité. En effet, les toupies doivent respecter des trajets préconisés. Certaines zones urbaines leur sont interdites. Dans certains secteurs, ils doivent aussi respecter des limitations de vitesse strictes. En cas de non-application de ces consignes, une alerte est reçue par le responsable logistique, qui la transmet ensuite à la société de transport, qui gère les toupies et les chauffeurs. Les consommations d’alcool, les prises de drogues de toutes sortes sont bien sûr interdites et surveillées. L’usage du téléphone portable est prohibée pendant les plages de conduite. Sur chantier, les chauffeurs peuvent et doivent faire usage, si nécessaire, de leur droit de retrait. Les risques se situent surtout au niveau de mauvaises conditions d’attente, de manière plus rare pour des raisons d’accès. Chaque toupie est équipée d’une tablette numérique, qui mentionne, entre autres, tous les points de livraison de la journée. Le chauffeur peut l’utiliser pour prendre des photos dans le cas de conditions litigieuses.
Véhiculer une image positive
L’approche de la centrale de Lognes (77) étonne. Là, on est face à un immeuble de bureaux, prolongé par un entrepôt avec ses classiques quais de chargement. Sauf que l’entrepôt cache l’ensemble de l’installation de production. A savoir : deux centrales complètes avec leurs silos, leurs trémies et les aires de stockage des granulats. Une volonté d’insérer un outil industriel, de manière discrète, dans un environnement déjà construit. L’image passe aussi par une charte graphique. Les porteurs sont peints en gris anthracite, les cuves, en magenta. Chaque toupie véhicule un message spécifique. Par exemple : “Je suis rose, mais je transporte de la matière grise”. Cette déclinaison de gris anthracite et de magenta se retrouve partout : dans les bureaux, les ateliers, le laboratoire… y compris sur les sols recouverts de dalles de moquette. Peut-être une première dans un environnement de centrales à béton, en France. Pour Philippe Tibère, transmettre une image différente est important au plan commercial, comme en interne. Un environnement et des conditions de travail optimisées sont des vecteurs de mieux-être, de moindre fatigue et, par suite, de moindre exposition aux risques, aux incidents et aux accidents. Enfin, plusieurs unités sont équipées de ruches, qui assurent une production régulière de miel. Et le terrain, qui entoure le siège de Lognes, pourrait bientôt être tondu… par des moutons et des chèvres !
Gérard Guérit