BHS-Sonthofen assure la fabrication de malaxeurs pour centrales à béton. Uniquement des outils de type “à doubles arbres horizontaux”. Un choix technologique assumé, car considéré comme le meilleur…
Retrouvez cet article dans le n°79 de Béton[s] le Magazine.
C’est l’archétype de la PME allemande, qui fait tant rêver les classes dirigeantes françaises, lesquelles ne font pas pourtant grande chose pour en favoriser l’essor de ce côté de la frontière. Mais trêve de politique, car là n’est pas le propos. Sise dans le Sud de la Bavière, au cœur de la ville minière de Sonthofen, dont elle tire son nom, BHS-Sonthofen est ainsi une entreprise familiale, comme il y en a tant outre-Rhin. Mais la notion de “familiale” prend ici une tournure particulière, puisque l’entité a pris ce statut au moment de son rachat, en 1996. Auparavant, elle était un conglomérat régional appartenant à la Bavière. Un ensemble à la tête de plusieurs sites de production, dont les activités concernaient tant l’extraction de minerai de fer, que l’industrie du sel ou encore la métallurgie. L’acronyme BHS signifie d’ailleurs “Bayerische Berg-, Hütten- und Salz- werke”, à savoir “Mine, fonderie et saline de Bavière”…
C’est la grande vague de privatisation menée en Allemagne au début des années 1990 qui a fait voler en éclat ce conglomérat, sans doute pour son plus grand bien. Acquis par Christof Kemmann, le site de Sonthofen était celui dédié à la production de malaxeurs pour centrales à béton. Et ce, depuis 1888, l’année où l’industriel inventa le malaxeur à doubles arbres horizontaux. « C’était la première diversification du groupe vers l’industrie des machines », indique Dennis Kemmann, fils de Christof, et Pdg de l’entreprise depuis 2012.
A 30 % dans le béton
L’autre grande diversification fut celle du concassage, opérée au tournant du XXe siècle, avec le lancement d’un premier concasseur à mâchoires. « Aujourd’hui, BHS-Sonthofen se partage entre les activités du malaxage et de la filtration, initiée dans les années 1950, générant chacune 30 % du chiffre d’affaires. Les deux autres pôles sont le concassage et le recyclage, comptant chacun pour 20 %. »
Avec plus de 140 années d’expertise dans le malaxage du béton, BHS-Sonthofen peut s’enorgueillir d’être présent aux quatre coins du monde. Ou presque… A vrai dire, l’industriel a investi l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Amérique du Nord et l’Asie. Là où le malaxage humide des matériaux constituant le béton est de rigueur. Une usine a même été inaugurée en Chine, en 2001, pour répondre aux immenses besoins des marchés asiatiques locaux. C’était une obligation, car il est presque impossible d’y vendre des produits en provenance directe d’Europe ! De même, l’industriel profite du marché algérien, qui vient de s’ouvrir… Ailleurs, comme en Afrique Noire ou en Amérique du Sud, sa présence est moins marquée. « Ce sont des régions où prédomine le malaxage à sec, ce qui ne nous a pas interdit d’équiper des unités de préfabrication ou d’être fournisseurs de projets particuliers sur lesquels le malaxage humide est demandé », reprend Dennis Kemmann.
Le double arbre comme crédo
En Europe, les marchés historiques de la marque sont l’Allemagne et sa voisine, l’Autriche. La France vient juste derrière. « Nous y sommes présents depuis les années 1970. Longtemps via un distributeur exclusif et en direct, depuis 2011 », précise Alexandre Bernabé, ingénieur technico-commercial responsable du marché français pour BHS-Sonthofen. Aujourd’hui, l’ambition de la marque est de grandir sur ce marché et d’accroître sa présence sur le terrain, auprès des clients. Un essor, qui passera par un renforcement de l’équipe commerciale.
Le malaxage constitue une des activités phares de BHS-Sonthofen. Mais l’industriel a centré son offre une un seul type d’outil : le malaxeur à doubles arbres horizontaux. Pourquoi ce choix unique ? « Nous sommes persuadés que le double arbre est la meilleure technologie de malaxage, explique Dennis Kemmann. Ce type d’outils permet la production de tous les types de bétons. Nous allons poursuivre son développement et accentuer notre savoir-faire dans ce domaine particulier. »
Des centrales pour l’export
Si le cœur de la gamme des malaxeurs BHS-Sonthofen se situe entre 2 m3 et 4,5 m3 de capacité, l’offre globale s’étend de 500 l à 9 m3. « Nous proposons l’équipement principal de la centrale, adaptable à toutes les configurations et à tous les marchés. En fait, nous accompagnons les constructeurs et ne cherchons pas à les concurrencer. » C’est aussi la raison pour laquelle l’industriel ne se positionne pas en tant que constructeur de centrales à béton, estimant que réaliser ce type d’équipements reste une action simple et beaucoup trop liée à des spécificités locales, avec des demandes de niveaux de qualité très variés. C’est pourquoi il préfère laisser le champ libre aux spécialistes du domaine… Toutefois, BHS-Sonthofen a développé une petite ligne de centrales à béton ultra spécialisées. « Nous proposons des unités conteneurisées, offrant de très importantes capacités de production, comprises entre 120 et 320 m3/h. Ces outils sont destinés aux projets d’exception à l’export, réalisés dans des pays comme la Russie ou les Pays du Golfe. Ils ne sont pas adaptés à nos clients BPE ou industriels du béton traditionnel », précise Dennis Kemmann. Enfin, l’autre domaine d’expertise de BHS-Sonthofen au niveau des centrales à béton est la rénovation d’outils industriels existants. L’industriel ne cache pas en réaliser de plus en plus, avec pour résultat d’y installer ses malaxeurs à béton…
Le malaxeur à doubles arbres horizontaux constitue le terrain de jeu de BHS-Sonthofen depuis la fin du XIXe siècle. Pour Dennis Kemmann, l’actuel Pdg de l’entreprise - comme pour ses prédécesseurs d’ailleurs -, cette technologie de malaxage reste la meilleure. Qu’il s’agisse d’homogénéiser des bétons ou de mélanger d’autres matériaux secs ou humides. Aussi, au fil des ans, l’industriel bavarois a décliné son offre en un éventail complet de solutions. Cœur de la gamme, le malaxeur discontinu DKX. Destiné aux bétons, il bénéficie de plusieurs configurations : DKX, DKXS, DKXN, DKXD et DKXG. Ce qui différencie ces variantes est la nature des bétons qu’elles sont en mesure de réaliser, le profil des outils de mélange et/ou la puissance de la motorisation. « Pour la France, le modèle standard est le DKXS, qui permet le malaxage de l’essentiel des bétons classiques, Bap y compris », souligne Alexandre Bernabé, ingénieur technico-commercial responsable du marché français pour BHS-Sonthofen. Viennent ensuite les lignes de malaxeurs continus doubles arbres LFK et mono-arbre MFKG. Ce dernier étant spécifiquement orienté matériaux fins. Quant au traitement à sec des stériles argileux, il est réalisé au sein du malaxeur continu doubles arbres DKXC. Enfin, les centrales à béton conteneurisées pour gros chantiers à l’export s’appellent Monomix et Twinmix, selon qu’elles sont équipées d’un ou de deux malaxeurs. Leurs capacités de production varient de 120 m3/h (1 malaxeur de 3 m3) à 324 m3/h (2 malaxeurs de 4,5 m3).
Au printemps 2018, BHS-Sonthofen a élargi ses champs de compétence avec le rachat de la marque allemande Ava. Par cette action, l’industriel a intégré des technologies de malaxage de séparation solides/liquides et de séchage. Des solutions utilisées dans des secteurs aussi variés que la chimie, l’industrie pharmaceutique, l’agro-alimentaire, la production d’électricité, l’environnement, la métallurgie et les matériaux de construction. « Il existe une grande complémentarité entre nos gammes de produits et nos marchés respectifs, explique Dennis Kemmann, Pdg de BHS-Sonthofen. La reprise d’Ava enrichit de manière importante notre propre gamme de services, en étendant nos compétences sur des étapes de process supplémentaires en amont et en aval. Il en résulte une hausse considérable du nombre de solutions que nous sommes en mesure de proposer. » Fondé en 1991, l’entreprise Ava est basée à Herrsching am Ammersee, commune située au Sud-Ouest de Munich, en Bavière. Soit à moins de 140 km de l’usine BHS-Sonthofen. De quoi bien faire jouer les synergies.