Dixième œuvre immergée dans les profondeurs du Musée subaquatique de Marseille, le Voyageur de Bruno Catalano est en ciment CEM III B signé Vicat.
Article paru dans le n° 103 de Béton[s] le Magazine.
Depuis deux ans, le Musée subaquatique de Marseille partage son activité entre biodiversité marine, protection de l’environnement et art immergé. Ainsi, il y a peu, une 10e œuvre est venue compléter sa collection sous-marine.
Signé Bruno Catalano, le Voyageur est visible depuis la surface. Mais surtout en snorkeling et en plongée : elle est immergée, à 5 m de profondeur, à environ 100 m au large de la plage des Catalans. Cette sculpture a été réalisée en ciment CEM III B signé Vicat (usine de Peille). Au regard du style unique qui caractérise le travail de Bruno Catalano, Mathias Souverbie, en charge de l’ensemble des réalisations du Musée, a dû réfléchir à adapter l’œuvre au cahier des charges en milieux aquatiques. Exceptionnellement, et contrairement aux autres, elle a reçu un treillis en acier inoxydable pour souder l’ensemble et résister aux flux marins…
Le Voyageur rejoint ainsi rejoint les œuvres de Michel Audiard, de Christophe Charbonnel, de Benoît de Souza, de Davide Galbiati, d’Evelyne Galinski, d’Herrel, de Mathias Souverbie, de Thierry Trives et de Daniel Zanca.
C’est l’histoire de Bruno Catalano
Depuis près de trente ans, la famille des Voyageurs de Bruno Catalano n’a cessé de prendre de nouveaux visages. Une simple erreur de coulée de métal ouvre une brèche dans le corps de l’une de ses sculptures. Et dans les habitudes de l’artiste. Il se saisit de cet accident et fait de cette déchirure l’élément central dans sa production. Ces Voyageurs portant des valises illustrent, entre autres, des sujets d’actualité comme les flux migratoires…
Des thématiques qui évoquent le parcours du sculpteur. « C’est mon histoire. Je suis arrivé à Marseille avec mes parents et une valise. Le vide, on peut tout interpréter : des choses qu’on laisse, des choses qu’on perd, mais qui sont propres au voyage et à la vie des gens », explique Bruno Catalano.
Ces Voyageurs sont des hommes abandonnés à eux-mêmes, des hommes propulsés dans l’infini du temps et de l’espace. Leurs maisons ne sont plus qu’une valise. Hommes défragmentés, déstabilisés, dépouillés de leurs repères, ils marchent, immobiles pourtant, vers un ailleurs inconnu. Les silhouettes s’ouvrent en grand, fendues, déchirées en leur milieu. Leurs bustes flottent au-dessus de leurs jambes comme par un miracle. Seule, la valise fait le lien entre la tête qui pense et les pieds qui marchent…
M. C.