« Du champ au chantier », c’est le pari que s’est fixée la coopérative Cavac lors de la création de Cavac Biomatériaux en 2009. Dix ans plus tard, retour sur l’évolution positive de la filiale.
L’échéance du réchauffement climatique ou encore l’épuisement des ressources transforme petit à petit les pratiques. D’une part, chez les consommateurs et d’autre part, chez les industriels de nombreux secteurs. Dans le bâtiment, l’idée de construire de façon responsable se revendique de plus en plus. Une tendance qui passe aussi par des matériaux de construction plus naturels. C’est dans cette mouvance qu’en 2007, Cavac, coopérative vendéenne d’agriculteurs, planche sur un nouveau projet. L’entité mise sur une filière non-alimentaire et sur la “bio-économie”. « Nous avions une réelle volonté de renverser la tendance, raconte Jérôme Calleau, président du conseil d’administration de Cavac. De construire une filière unique en Europe, basée sur une stratégie vertueuse de développement. » La coopérative décide de réintroduire la production de chanvre sur son territoire – la Vendée et les Deux-Sèvres. « Nos agriculteurs étaient en demande de nouvelles cultures et le chanvre a l’avantage d’être à base d’intrants1et de nécessiter peu d’eau. » Cavac compte bien toucher des marchés précis autour du chanvre, mais aussi du lin.
Une démarche éco-responsable
« Nous avions envie d’aller bien au-delà de nos métiers agricoles, en créant une filière complète “du champ au chantier”, avec la maîtrise de la production et la mise en service de produits finis », raconte Olivier Joreau, président de Cavac Biomatériaux et Dg adjoint du groupe Cavac. En 2009, Cavac lance officiellement Cavac Biomatériaux. La coopérative investit près de 10 M€ pour cette nouvelle activité en phase, à l’époque, avec les objectifs et enjeux du Grenelle de l’Environnement. « Et ce, malgré la crise financière, qui se profilait, la baisse des permis de construire et la hausse des prix des céréales, qui ont un peu freiné ce développement », souligne Olivier Joreau. Cavac Biomatériaux installe son usine de transformation à Saint-Gemme-la-Plaine (85) [Lire encadré]. Tout s’enchaîne pour la filiale de la coopérative. La marque Biofib’ Isolation voit le jour en 2010. Puis, elle reçoit ses premières certifications et Avis techniques dès 2012. Tout en étendant son site, avec un nouvel espace de stockage et son activité, avec la valorisation de chènevottes et des anas2de lin.
Une évolution constante
Au fil des années, Cavac Biomatériaux lance un pôle de R & D, crée un club d’artisans “Biofib’ Experts”, et continue à développer et améliorer ses produits… Il obtient même le label “produit biosourcé”. « En 2009, personne ne parlait des matériaux biosourcés, raconte Olivier Joreau. Le CSTB était aux abonnés absents sur ce sujet… » Pour Cavac Biomatériaux, ces 10 années passées ne sont qu’une première étape dans son processus de progression. En effet, la filiale de la coopérative a quadruplé sa production d’isolants et son usine de transformation tourne à plein régime. « Nos premiers chantiers avoisinaient les 200 m2 d’isolants. Aujourd’hui, ils peuvent atteindre 15 000 m2 »,raconte Olivier Jadeau. Des chiffres possibles grâce à une large gamme de produits, qui touche différentes applications dans le neuf ou la rénovation. « En seulement 10 ans, nous avons parcouru un très beau chemin, et les voyants sont au vert pour l’avenir, conclut Olivier Joreau. Nous sommes confiants dans l’avenir de la marque et nous travaillons déjà sur de nouveaux projets industriels, qui nous feront franchir un palier supplémentaire pour le développement de notre filière d’excellence écologique. »
Sivagami Casimir
1Les intrants comprennent tous les produits additionnels (phytosanitaires, pesticides, engrais, fertilisants activateurs…) rajoutés dans les cultures, afin d’en améliorer leur rendement.
2Parties ligneuses du lin situées en arrière de la fibre et réduites au cours de l’opération de broyage-teillage en petites particules, constituant un sous-produit utilisé pour la fabrication de différents éléments.
Au cœur de l’usine de transformation
L’usine Cavac de Saint-Gemme-la-Plaine dispose de 2 ateliers de transformation. Le premier accueille tout le processus de défibrage de la paille de chanvre (ou de lin). La 1eligne permet de l’assainir et de l’ouvrir. La paille est ensuite broyée et séparée plusieurs fois, afin de produire des fibres et des chènevottes de différentes granulométries. « Ces dernières sont labellisées pour le béton de chanvre », explique Olivier Jadeau, directeur de Cavac Biomatériaux. La fibre est, elle, affinée en fonction de sa destination. « Nous respectons une politique “zéro déchet”. Ainsi, les fines sont réutilisées pour faire de la bioénergie, par exemple. »Le 2eatelier est dédié à la production de panneaux isolants. Les fibres de chanvre sont mélangées à un liant, puis travaillées pour former des “matelas” de 200 mm. Ils diminuent de 50 % après un passage dans 3 chambres de chauffe pour une cuisson à 160°. Après refroidissement, les panneaux d’isolation sont découpés, puis conditionnés. « Le surplus de matière est re-broyé et réinjecté dans le processus de fabrication. »La production change en fonction des 3 grandes familles de produits Biofib’ à réaliser.
Cavac Biomatériaux en chiffres
2 000 ha de surface de chanvre cultivé
100 km de rayon d’approvisionnement
15 000 t de pailles défibrées en 2018
150 d’agriculteurs en chanvre
45 collaborateurs