Au cœur d’une station de montagne, un chalet mixe tradition, impératifs techniques et modernité.
Le système constructif était autrefois très répandu dans les villages de montagne. Une assise et un sous-sol en pierres, des superstructures constituées d’un assemblage de poteaux et de poutres en bois, et des remplissages variables en fonction de l’usage final : de la grange à l’habitation, un même bâtiment intégrant souvent les deux fonctions. Implanté à proximité de Briançon (05), le constructeur Lombard et Vasina revisite cette tradition. Exemple concret pour un chalet récemment réalisé dans la station de Serre-Chevalier.
Matériaux traditionnels et architecture ouverte
« Nous souhaitions une atmosphère bois, cosy et chaleureuse du chalet de montagne, explique le maître d’ouvrage. Tout en conservant des lignes sobres et la légèreté et la clarté des constructions contemporaines. » C’est exactement ce que propose l’entreprise, spécialiste depuis 4 décennies de la construction en bois massif.
« Depuis sa création, l’entreprise travaille à optimiser et à adapter la construction bois aux tendances et envies des clients ainsi qu’aux différents paramètres et contraintes réglementaires, explique Mathieu Lombard, directeur commercial chez Lombard et Vasina Nous devons à la fois prendre en compte l’architecture régionale, tout en proposant une certaine originalité. Nous offrons un confort actuel, une simplicité et une qualité de vie, tout en respectant les réglementations thermiques, qui se durcissent régulièrement. En assurant un confort acoustique de qualité et en proposant des surfaces vitrées conséquentes. L’association de la technique poteaux/poutres et de remplissages à base de bois nous permet de répondre à ces besoins, car elle autorise des architectures contemporaines et très ouvertes, du fait des distances possibles entre éléments porteurs. »
Le constructeur avance aussi des avantages, qui sont avérés avec le recul du temps. Les tassements, incontournables avec une structure en bois empilés comme, par exemple, une construction en madriers, sont ici très limités. L’usage du bois massif apporte à la construction des qualités d’isolation, supérieures aux réalisations en maçonnerie.
Un an de travaux pour 200 m2 habitables
Comme souvent en montagne, le projet est implanté sur une pente relativement importante. L’entrée dans le chalet se fait par le haut, en façade Nord. Le garage et l’intégralité de cette façade sont réalisés en béton coulé en place, car en partie enterrés. Ce qui permet de s’adapter au dénivelé et d’ouvrir les pièces à vivre en façade Sud.
La structure bois peut ensuite être mise en place sur cette assise maçonnée. Avant d’en arriver-là, le bureau d’études intégré à l’entreprise a défini le projet dans ses moindres détails. Toutes les pièces de bois sont dessinées de manière informatisée. Les informations sont ensuite transmises à l’atelier équipé d’un centre d’usinage (K2), qui transforme les pièces de bois brut en éléments finis.
Néanmoins, les interventions humaines restent très présentes avec du contrôle, l’organisation des bois pour le départ en chantier, la taille de quelques pièces spécifiques, le pré-assemblage d’éléments… Le savoir-faire humain complète généreusement les capacités des machines.
L’ensemble des composants, tous numérotés, est alors livré sur le chantier. Grâce à une notice de montage précise, le chalet est levé rapidement. Tous les éléments de structure font appel au douglas, les bois de remplissage sont en mélèze. « Nous retenons le douglas pour les pièces de structure, car cette essence est particulièrement stable et durable. Elle résiste naturellement aux éléments extérieurs », précise Mathieu Lombard. Le Mélèze est retenu pour les remplissages, les menuiseries intérieures et parfois la couverture, selon les demandes et le budget des clients.
L’isolation, mais aussi l’étanchéité à l’air
Le bois a beau être naturellement isolant, le respect de la RT 2012 et le climat de montagne imposent des contraintes fortes, tant au niveau des matériaux utilisés que de la précision de pose.
Le remplissage par panneaux se fait au fur et à mesure du montage de la structure poteaux-poutres. De l’extérieur vers l’intérieur, il est composé d’un bardage en mélèze, de tasseaux, d’un pare-pluie, d’une ossature en épicéa, d’une première couche d’isolant en laine de verre et d’un panneau de contreventement en OSB. Le remplissage arrive ainsi au nu intérieur des poteaux et des poutres.
A l’intérieur, l’ensemble est recouvert d’un isolant complémentaire composé de panneaux de mousse polyuréthane de 100 mm d’épaisseur. L’étanchéité à l’air étant optimisée par la pose d’adhésifs entre les panneaux. En fonction de l’aspect final dans chaque pièce, on rajoute des tasseaux qui supportent les finitions bois, et des ossatures métalliques sur lesquelles sont vissés des plaques de plâtre cartonnées ou des panneaux Fermacell. Ces derniers sont retenus pour les pièces humides, ce support étant le mieux adapté au collage de carrelages et de faïences.
Le traitement thermique et acoustique des sols est aussi spécifique. L’entreprise a fait le choix d’un système de chauffage par le sol, alimenté par une PAC air/eau (Weishaupt, Bi-bloc de type WWPL, puissance 15 kW) en rez-de-chaussée comme en étage. Les planchers bas du rez-de-chaussée et du premier niveau sont en béton, recouverts d’un isolant polyuréthane projeté (Synersol). L’entreprise met ensuite en place le réseau hydraulique de chauffage par le sol, l’ensemble étant enfin recouvert d’une chape ciment. Le plancher bois du second niveau est traité de façon identique, avec en sous-face un solivage en bois, poutres supportant le plancher, et du bardage mélèze
Double couverture
La technique de la double couverture est incontournable en climat de montagne. Dans le cas présent, les clients ont choisi une toiture en bardeaux de mélèze, plus coûteuse, mais aussi plus esthétique que le bac acier habituel. La couverture en bardeaux n’est que la partie visible d’un ensemble plus complexe. De l’intérieur vers l’extérieur, l’entreprise pose sur les chevrons un sous-plafond en mélèze, recouvert ensuite d’un pare-vapeur. S’ensuit la mise en place de deux couches de chevrons croisés, qui intègrent un total de 28 cm de laine de verre Isover GR32. L’ensemble est ensuite recouvert de panneaux jointifs en OSB, accueillant le film d’étanchéité. Un lattage, cloué sur les panneaux en OSB, permet la fixation des bardeaux en mélèze. Les gouttières et les descentes pluviales sont en cuivre, car la patine de ce métal s’accorde bien au coloris du bois grisé par la pluie.
Isolation thermique et acoustique
Les menuiseries en bois du Nord, fabriquées et assemblées dans l’atelier du constructeur, sont toutes équipées de doubles vitrages de 26 mm d’épaisseur. Elles disposent de quincailleries de type “oscillo-battant”, permettant de profiter au mieux de la ventilation naturelle.
Le chauffage, qui fait appel, au rez-de-chaussée comme au premier niveau, à un système par le sol, est bien adapté à l’inertie naturelle du bois massif. Le niveau d’isolation, la conception bioclimatique avec les grandes surfaces vitrées, mais aussi l’ensoleillement très important de la région, favorisent des consommations peu élevées. Elles sont aussi aidées en cela par la mise en œuvre d’un insert, pouvant être utilisé comme complément de chauffage pendant les périodes les plus froides.
Les cloisons de distribution représentent souvent un point faible, en termes d’atténuation acoustique. Elles sont ici composées d’une ossature double composée d’un bardage bois et doublée dans son épaisseur d’une laine de verre de 10 cm. Enfin, les portes en sapin, sans prétendre à de véritables performances acoustiques, contribuent néanmoins par leur masse à prolonger l’efficacité des cloisons.
Au rez-de-chaussée, un parquet collé en chêne à lames larges de 190 mm recouvre le complexe de chauffage par le sol dans les pièces à vivre. Il est remplacé par un carrelage dans les pièces humides. Au premier étage, tous les planchers sont aussi en bois.
Une VMC simple flux (Adles) assure le renouvellement d’air. Cette solution est préférée à une VMC double flux. Mathieu Lombard précise : « Nous conseillons cette solution à nos clients, car bien que moins intéressante en termes de consommation d’énergie, elle est plus saine d’un point de vue qualité de l’air intérieure. En effet, dans une VMC double flux, l’air passe à travers des filtres et conduits qui peuvent s’encrasser, alors que dans la solution préconisée l’air extérieur n’est pas filtré » (ndlr : La région de Briançon est une des moins polluées de France).
Gérard Guérit