Pour répondre à l’urgence climatique, Cimalux le cimentier a pris des décisions radicales, comme l’arrêt de la production de son CEM I !
L’histoire de Cimalux débute il y a 102 ans, sous le nom des Ciments Luxembourgeois, avec la fusion entre les Ciments d’Esch et la Compagnie Générale des Ciments. Mais aussi avec la puissante industrie sidérurgique. A l’époque, la société est intimement liée à cette dernière et réemploie les laitiers de hauts fourneaux dans la fabrication de ses ciments. Au fur et à mesure, Cimalux s’en détache et devient le seul acteur du ciment au Luxembourg. L’industriel fait désormais partie du groupe italien Buzzi Unicem, compte près de 165 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 100 M€ et 1,4 Mt/an de capacité de production. Cimalux dispose d’une large gamme de solutions et réalise une grosse partie de son activité en France. Récemment, le cimentier luxembourgeois a pris plusieurs décisions radicales dans une démarche environnementale très assumée.
Une feuille de route bas carbone assumée et ambitieuse
« Nous nous différencions des autres acteurs dans notre feuille de route pour la décarbonation de notre activité, explique Christian Rech, ingénieur chez Cimalux. Nous regardons l’ensemble de la chaîne de valeur. Car si, nous nous concentrons uniquement sur le ciment, nos chances pour atteindre la neutralité carbone sont faibles. » Pour l’industriel, l’adaptation de la formulation des bétons, l’optimisation de la matière ou encore les techniques mises en œuvre revêtent une grande importance. « D’autres leviers sont possibles comme la mixité des matériaux et les outils digitaux, tels que le BIM. Ou encore, l’économie circulaire. » Mais Cimalux n’en travaille pas moins sur son propre impact. « Nous avons un rôle à jouer dans le choix de l’énergie pour nos process ou encore sur le choix de la matière première. » Il y a bien sûr la substitution du clinker, au vu de son histoire, l’industriel sait le faire. « Nous avons recours au laitier de hauts fourneaux depuis plus de 100 ans, avec une gamme de CEM III établie depuis longtemps. Nous ne pouvons pas dire que ce sont des ciments “verts” ou bas carbone, il faut aller plus loin. » D’autant plus que la quantité de laitiers disponibles ne va pas en s’agrandissant et « l’industrie sidérurgique a aussi sa feuille de décarbonation. Il faut chercher d’autres matières premières. »
L’arrêt de la production de CEM I
En septembre 2021, Cimalux a annoncé la fin des ventes en sac de CEM I, puis au mois d’avril 2022, la fin de la production de ce type de ciments dès septembre 2022. « Les CEM I représentent tout de même 30 % de notre production. Mais nous sommes prêts à payer les pots cassés… Nous n’avons pas le choix. Selon le dernier rapport du Giec, il nous reste 3 ans pour inverser la tendance et lutter efficacement contre le réchauffement climatique. » Pour Cimalux, la première étape consiste à présenter des solutions alternatives au CEM I. CEM II, ciments ternaires, argiles calcinées… sont autant de possibilités. « Nous nous fixons des objectifs de réduction de clinker, tout en proposant des produits performants. Mais il faut que les entreprises soient conscientes que ces matériaux demandent de s’adapter sur le chantier. Par exemple, sur les délais de réalisation ou encore la rotation des banches. Il faut sensibiliser tous les acteurs. » Cimalux est prêt à accompagner ses clients et veut être transparent sur sa démarche. L’industriel prône la cohérence, c’est-à-dire le travail sur l’impact carbone du matériau, mais aussi de l’ensemble du bâtiment et de sa chaîne de fabrication. « Il est important de regarder vers l’avenir. C’est de notre responsabilité que de se fixer des objectifs et de faire en sorte de les atteindre. Mais, il ne faut pas se mentir, nous ne pouvons pas réduire la production de ciment, car nous ne pouvons pas imaginer un monde sans béton… »
Sivagami Casimir