Les Murs à coffrage intégré (MCI) constituent presque toujours une variante de chantier. Ils sont aptes à se substituer à des voiles banchés droits, mais leur emploi nécessite organisation et anticipation.
Retrouvez cet article dans le n° 62 de Béton[s] le Magazine
I- Il y a MCI et MCI
Aujourd’hui, les murs à coffrage intégré (MCI) peuvent être divisés en quatre grandes familles : les incontournables, ceux à structures complexes, les murs à peau apparente et les architectoniques.
a – La première catégorie constitue l’essentiel du marché. Elle comprend les éléments permettant de répondre à des problématiques courantes de chantier : ouvrages à cotes bloquées (trémies d’escalier ou d’ascenseurs), refends, murs de grandes hauteurs, murs contre mitoyens, petits ouvrages isolés… Autant de cas où les MCI offrent une véritable plus-value, en termes de délais, de coûts, de moyens à mobiliser et de qualité de réalisation.
b – Les MCI à structures complexes intègrent les poutres-voiles, les poutres-poteaux, les murs de soutènement et autres éléments pour ouvrages hydrauliques comme les bassins.
c – Les MCI à peau apparente constituent aussi des éléments esthétiques, sans toutefois atteindre les critères d’exigence des “architectoniques”. Il s’agit de murs matricés et/ou intégrant des joints de calepinage… Ils sont une bonne alternative pour qui veut la garantie d’un beau résultat sur quelques pièces devant être travaillées d’un point de vue esthétique…
d – Les MCI architectoniques répondent à plusieurs exigences particulières. D’aspect, tout d’abord. Ce sont toujours des éléments, qui bénéficient d’un traitement poussé des bétons, souvent teintés dans la masse, et dont la surface est très travaillée (polissage en particulier). Ils garantissent des critères de haute qualité, tant au niveau de la régularité de la teinte que de la précision dimensionnelle. Sans compter les précautions prises au moment de la logistique et de la mise en place sur site.
II- Bien définir son besoin
A quelques exceptions près, la solution “MCI classique” est toujours une variante, destinée à remplacer des voiles banchés droits prévus au départ. En revanche, les MCI architectoniques sont toujours un choix envisagé dès le début du projet.
Les MCI ne sont pas des produits de stock, ce sont donc toujours des produits de commande, réalisés à façon pour les besoins spécifiques d’un chantier. Solution alternative, elle doit être anticipée le plus en amont possible, car elle génère des adaptations sur chantier. A commencer par la position des armatures d’attente.
Une fois la commande passée, l’industriel du béton reprend le plan de coffrage béton, qui doit lui être fourni et qui servira de base pour (re)dessiner les éléments. Ceux-ci reprendront (à l’identique) les armatures prévues, mais devront être découpés pour s’inscrire dans le cycle et les contraintes de préfabrication. Et aussi pour permettre leur transport, leur déchargement et leur mise en place en fonction des capacités de la grue.
III- Préparer le terrain
Les MCI sont livrés en racks transportés sur des semi-remorques surbaissées. Aussi, le chantier devra prévoir une aire de dépose, d’une longueur de l’ordre de 22/23 m pour 3 m de large pour permettre aux véhicules de livraison de manœuvrer.
Selon que le MCI arrive dans sa position de pose ou pas, une seconde zone, dite de “retournement”, doit être aménagée. Là, prendra place un outil appelé “retourneur”, fourni par l’industriel du béton. Cet outil est aujourd’hui standardisé. Les MCI sont insérés dans le retourneur, maintenus en sécurité et protégés. On y fixe des élingues ou poulies de retournement – éléments dont la fourniture est obligatoirement à la charge et de la responsabilité du chantier – pour permettre à la mise en position de pose.
Aussi, un dispositif de levage (assez souvent une grue mobile) doit être installé pour autoriser les opérations de manutention.
IV- Le MCI prend place
Une fois dans sa position de pose, chaque MCI est repris, soit depuis le retourneur, soit directement depuis le rack, et transféré vers sa zone de mise en œuvre dans l’ouvrage.
Selon le cas, des étais tirants-poussants sont positionnés sur le MCI une fois ce dernier en place ou au niveau du rack ou du retourneur. En fait, le choix dépend souvent de la dimension de l’élément. De toute manière, des douilles métalliques de Ø 16 mm ou Ø 20 mm sont intégrées au MCI au deux tiers de sa hauteur. Ces douilles peuvent servir par la suite à la fixation d’autres éléments (PTE par exemple).
Détail important : les aciers en attente présents dans la dalle (armature de pied de mur) doivent être centrés par rapport à l’épaisseur du MCI, ce qui modifie leur position, en comparaison à une utilisation en voile banché.
Une fois en place, le MCI est réglé en x, y et z, puis stabilisé à l’aide des étais tirants-poussants. En parallèle, les armatures de liaison entre MCI sont positionnées. Enfin seulement, les élingues peuvent être ôtées.
V- Passons au bétonnage
a – Le béton de remplissage des MCI est un béton de classe de résistance C25/30 tout à fait classique, et de classe de consistance S3/S4. Seule spécificité, sa granulométrie est de 0/10 pour les MCI jusqu’à 20 cm d’épaisseur et de 0/16 au-delà de cette épaisseur.
Au niveau de la mise en œuvre, quelques précautions s’imposent. Tout d’abord, le remplissage doit se faire à une vitesse maximale de 50 cm/h. Ensuite, la hauteur de chute ne doit pas excéder 3 m. Enfin, un entraxe de 3,50 m doit séparer deux points de bétonnage.
Pas de vibrations à prévoir, sauf en cas de pièces complexes (présence d’une réservation) ou d’une forte densité d’armatures. En fait, il faut éviter de laisser des vides ou des nids de cailloux…
Le vide interstitiel peut être rempli en plusieurs fois, si nécessaire. A contrario, il faudra veiller à aligner un nombre suffisant de MCI pour rentabiliser la livraison du béton en toupie.
A signaler : certains bétonniers ont développé des Bap “spécial” MCI, mais leur emploi impose de bien traiter les joints avant de procéder au remplissage.
b – En tant que tel, le bétonnage est réalisé à partir d’une échelle d’accès “spécial” MCI, qui intègre une plate-forme de travail sécurisée, dans le cas des MCI jusqu’à environ 3,50 m/4 m. Au-delà, une structure d’accès spécifique devra être prévue. Le plus simple est l’utilisation d’une nacelle télescopique.
Sujet réalisé en collaboration avec Didier Castiglioni, responsable développement MCI chez KP1.