Corrosion des armatures, défauts structuraux ou fonctionnement inhérent au matériau… les fissures ne sont qu’un symptôme d’une pathologie à traiter. Selon les problématiques du chantier, il existe différentes techniques pour “soigner” les bétons. Explications.
Cet article est à retrouver dans le n° 77 de Béton[s] le Magazine
I – Qu’est-ce qu’une fissure ?
Une fissure, c’est l’endroit où le béton a mal. En dessous de 0,3 mm, voire 0,4 mm d’ouverture, nous considérons qu’elle fait partie du fonctionnement inhérent au matériau. Au-delà, c’est une pathologie à traiter. Ces seuils d’ouverture sont inscrits dans l’Eurocode 2.
II – Comment connaît-on l’origine de la fissure ?
La fissure n’est qu’un symptôme. Pour la traiter, il faut comprendre son origine et c’est la partie la plus complexe. C’est le rôle de tous les métiers, qui touchent à l’ingénierie des structures. Ces ingénieurs doivent déterminer s’il y a, par exemple, un problème d’insuffisance au niveau des armatures ou encore un défaut structurel. Ce diagnostic peut demander cinq minutes, tout comme il pourra prendre trois mois. L’ingénieur va effectuer des calculs de la structure, étudier les plans et la composition du béton.
III – Quels sont les différents types de fissures ? Qu’est-ce qui les distingue ?
Nous pouvons distinguer deux familles de pathologie. Il y a tout d’abord, les fissures dues à la corrosion des armatures. C’est le cas, si une zone dans le béton entre dans un processus de carbonatation. Les armatures peuvent se corroder et déclencher des éclatements du béton par foisonnement, les fissures vont alors suivre les armatures. Il y a ensuite les fissures dites “structurelles” que nous classons en deux sous-catégories. Elles vont apparaître lorsque le béton subit une trop forte traction. Dans la première sous-catégorie, la fissure se fera perpendiculairement à la contrainte de traction, tandis que dans un second cas, elle s’opérera parallèlement à la force de compression. Cette dernière alternative est la moins intuitive à déceler.
IV – Comment traiter les fissures dues à la corrosion des armatures ?
Cela dépend de l’état des armatures et de leur niveau de corrosion. Nous pouvons tout décrouter pour en remettre des nouvelles ou encore mettre en œuvre une protection cathodique. Les armatures sont alors reliées par des anodes, qui produisent des courants électriques neutralisant les courants engendrés par l’effet de corrosion.
V – Quelle est la démarche à suivre pour le traitement des fissures dites “structurelles” ?
Dans ce cas-là, nous allons chercher à soulager la structure, en la renforçant avec des tissus de fibres de carbone, des armatures ou des éléments structurels complémentaires. Nous allons aussi réaliser des injections dans la fissure. Pour celles entre 0,3 mm et 0,5 mm d’ouverture, nous utiliserons plutôt une résine rigide. Et au-delà, un coulis de ciment est plus adapté. Ce sont des produits spéciaux dédiés à la réparation des bétons. Cependant un simple rebouchage n’est pas suffisant, car il ne garantit pas la durabilité du béton et l’absence d’infiltration des eaux vers les armatures. Dans certaines circonstances, nous laissons vivre la fissure, si elle ne remet pas en cause la structure et si elle fait office de joint de dilatation.
VI – Faut-il surveiller les fissures traitées et comment ?
Ce n’est pas systématique, cela dépend de la politique de l’entreprise, qui répare ou du maître d’ouvrage. C’est bien sûr mieux de surveiller, cela concerne les métiers d’auscultation, mais il n’y a pas d’obligation légale.
Sujet réalisé en collaboration avec François Teply, directeur technique, Freyssinet France
Expert depuis 75 ans
Créée par Eugène Freyssinet, ingénieur français et inventeur du béton précontraint, l’entreprise éponyme prospère depuis 75 ans. Elle intervient dans deux domaines d’expertise : la construction et la réparation de structures.
Cet article est à retrouver dans le n° 77 de Béton[s] le Magazine