Pour améliorer l’esthétique des bétons, le matriçage est un allié idéal. Mais comme pour tout béton, dont l’esthétisme est la qualité principale, il faut soigner la mise en œuvre, en respectant un phasage et des techniques dédiées.
Retrouvez cet article dans le n° 79 de Béton[s] le Magazine
I – Qu’est-ce qu’un béton matricé ?
L’objectif d’un béton matricé est de donner une forme à la matière. La matrice permet donc de “modeler” le béton, souvent pour l’obtention de parements rappelant des éléments naturels, comme le bois ou la pierre. La matrice offre aussi la possibilité de créer des formes géométriques à la surface du béton. De plus, les industriels proposent des créations sur mesure, en fonction des besoins des clients, mais aussi pour répondre aux souhaits des architectes.
II – Comment préparer sa matrice ?
La première chose à faire est de bien choisir sa matrice. Il s’agit d’un moule amovible, en polyuréthane, dont la dureté et la souplesse doivent être adaptées au nombre de réemplois à effectuer. Ceux-ci allant en général de 10 à 100.
Il faut ensuite préparer le coffrage sur lequel la matrice sera collée. Le support coffrant doit être propre, sec et dégraissé. Il peut aussi être poncé pour obtenir une planéité parfaite. Dans l’organisation du chantier, des coffrages sont mobilisés de façon spécifique pour les bétons matricés.
A la réception de la matrice sous forme de rouleaux, il est nécessaire de la stocker à plat et de la laisser reprendre sa forme pendant 48 h. Elle stabilisera ainsi son niveau dimensionnel. Passé ce délai, il convient de réaliser un montage à blanc, afin de bien vérifier le plan de calepinage et les joints. Il est possible de recouper la matrice avec un simple cutter pour un ajustement parfait.
Ensuite, la matrice peut être collée sur la surface coffrante avec le produit conseillé par le producteur de la matrice. Il est important d’éviter les surépaisseurs de colle, afin d’éviter tout désordre sur le parement final. Il convient ensuite de lester, de façon homogène, la matrice sur toute la surface et de laisser sécher la colle durant 48 h.
III – Comment procéder au coulage du béton ?
Une fois la matrice collée sur le coffrage, il est indispensable d’appliquer sur la matrice un agent de démoulage spécifique, conseillé par le fabricant. En effet, la nature poreuse de la matrice impose de la “nourrir” en surface. Pour cela, il faut appliquer au chiffon une cire en pâte. Cette opération doit être renouvelée tous les 10 à 20 démoulages. La dernière étape avant le coulage sera de pulvériser sur l’ensemble un agent de démoulage pauvre en solvant. Cette opération sera renouvelée à chaque décoffrage.
Pour le coulage, le choix de la formule béton est important. Il convient de réaliser de beaux bétons, qui suivent bien les contours de la matrice. Le béton sera donc fluide, au minimum un S4, voire un S5 et quelques fois un béton auto-plaçant s’imposera. C’est la matrice, qui dicte le choix du béton : plus le dessin est complexe, plus les rainures sont profondes, plus le béton devra être fluide. Dans tous les cas, l’utilisateur des matrices devra se rapprocher de son fournisseur de béton prêt à l’emploi pour qu’il réalise une formulation “de parement”, enrichie en éléments fins.
IV – Quelle est la procédure pour le démoulage ?
D’un point de vue technique, le démoulage ne pose pas de problème particulier. Mais il est important de respecter un temps de séchage constant sur la durée du chantier. Dans les cas de matrices dites “classiques”, le phasage idéal étant de démouler le matin, d’enchaîner avec la préparation du coulage suivant et de couler les bétons en début d’après-midi. Ainsi, le temps de séchage reste le même pour chaque pièce.
Pour pérenniser l’esthétique des bétons matricés, il conviendra ensuite d’appliquer une protection de type anti-graffitis ou encore une lasure qui, en plus d’assurer une protection, apportera de la couleur et mettra en valeur les reliefs du parement béton.
Sujet réalisé en collaboration avec Benoît Baulande, directeur technique de GCP Applied Technologies.