Comment surfacer mécaniquement un béton esthétique ?

Frédéric Gluzicki
04/05/2016
Modifié le 13/02/2023 à 11:59

Différentes techniques mécaniques permettent de donner un effet esthétique à un béton de sol. Elles s’utilisent sur béton neuf, pour créer l’aspect initial, comme sur béton ancien, en lui apportant une seconde jeunesse.

Retrouvez cet article dans le n° 66 de Béton[s] le Magazine

Opération de boucharge d’un béton d’aménagement en centre urbain. [©Blastrac]
Opération de boucharge d’un béton d’aménagement en centre urbain. [©Blastrac]

I- Qu’entend-on par “béton esthétique”, s’agissant d’une surface horizontale ?

D’une manière générale, on peut appeler “béton esthétique” toute surface ayant bénéficié d’un traitement permettant de mettre en valeur sa texture, sa couleur, son aspect ou les éléments qui le composent. Ce traitement peut être chimique ou mécanique, réalisé quand le matériau est encore frais ou après durcissement. 

II- Quelles sont les différentes techniques mécaniques permettant de rendre un béton esthétique ?

a – On peut commencer par citer le béton poncé ou poli. Ces deux variantes sont très proches, la première étant plutôt réservée aux sols extérieurs, et la seconde, aux sols intérieurs. Dans les deux cas, il s’agit d’adoucir la surface et de lui donner une brillance plus ou moins prononcée. 

Le béton poncé se limite à trois ou quatre passes de meules à grains de plus en plus fins. Ceci, afin de limiter la glissance finale su support. On commence par un disque à grains de classe 18/20 pour finir sur un 120/150. Les deux autres classes sont 30/40 et 60/80. Pour ces quatre finesses, les diamants sont noyés dans une matrice métallique.

Pour le béton poli, on travaille avec des meules à matrice en résine, du fait de la finesse des grains de diamant. Les finesses vont de 30 à 3 000, en passant par 36, 60, 150, 300, 500, 800, 1 000 et 2 000. Sur le béton, il est possible de travailler à sec ou sur surface humidifiée. 

Béton désactivé ancien rattrapé par bouchardage (avant/après).  [©Blastrac]
Béton désactivé ancien rattrapé par bouchardage (avant/après). [©Blastrac]

A sec, on voit directement le résultat, sachant que les machines de ponçage-polissage sont couplées à des aspirateurs, qui éliminent au fur et à mesure la poussière. Le second avantage est d’obtenir une meilleure brillance. Attention : à sec, il a un risque que l’outil se glace, lui faisant perdre toute son efficacité de ponçage-polissage. 

Sur béton humide, l’outil est plus agressif, permettant un meilleur rendement. Revers de la médaille, l’outil s’use plus vite… Mais le risque de glaçage disparaît. Autre inconvénient, on travaille en présence de boue, ce qui interdit de voir ce que l’on fait. Le résultat final n’est visible qu’après élimination de la boue par aspiration. 

b – Le bouchardage constitue une autre technique très utilisée. L’exercice consiste à passer un rouleau muni d’une quarantaine de pointes au carbure de tungstène sur un béton, pour enlever la laitance et casser par piquage la tête des granulats. Ainsi, le béton devient légèrement rugueux et très agréable à circuler, en particulier pieds nus. 

c Le “micro-sablage” mécanique est très proche du bouchardage. La différence se situe au niveau de l’outil : un rouleau pourvu de près de 600 pointes… Résultat : une texture rugueuse ultra fine. 

d – Le béton squamé est, lui aussi, proche du bouchardage. Mais cette fois-ci, les granulats ne sont pas piqués, ils sont étêtés, modifiant ainsi leur aspect et celui du revêtement béton dans son ensemble. 

Rouleaux à boucharder.[©Blastrac]
Rouleaux à boucharder.[©Blastrac]

e – La désactivation à sec cumule les procédés chimiques et mécaniques. Dans un premier temps, sur béton frais, on épand le désactivant de surface. Puis, après durcissement, la pellicule de surface est éliminée, non plus à l’aide d’un jet haute pression, mais par brossage à sec. De cette manière, on révèle les granulats, tout en récupérant les résidus. 

f – Le béton grenaillé est aussi une forme d’alternative au bouchardage, avec un résultat ultra fin. Cependant, cette technique exige un excellent opérateur, sans quoi il y a risque de voir apparaître sur le sol le spectre du passage de la machine au niveau des zones de recouvrement. 

g – Le béton multi-scié permet de créer un effet vagué sur la surface ainsi traitée. L’outil nécessaire est un support équipé d’une série de lames diamant (jusqu’à 80 sur 33 cm de large). C’est en jouant sur le nombre et sur l’écartement entre les différentes lames qu’on arrive à obtenir l’effet esthétique recherché. 

III- Sur quels types de béton ces techniques peuvent être appliquées ? 

S’agissant de procédés mécaniques, ils doivent être mis en œuvre sur des bétons durcis. En revanche, l’âge du béton n’est pas essentiel. Celui-ci peut n’avoir que quelques jours (construction neuve) ou être là depuis de nombreuses années. Dans ce second cas, ces différentes techniques permettent de créer une nouvelle esthétique à un béton plus ancien (squamage ou bouchardage d’un béton désactivé, par exemple), de lui apporter un aspect esthétique qu’il ne possédait pas (ponçage d’un sol industriel dans le cadre d’un changement d’affectation d’un local). En définitif, ces traitements mécaniques donnent une seconde jeunesse à une surface en béton. 

Aspect d’un béton de sol après passage d’une grenailleuse. [©Blastrac]
Aspect d’un béton de sol après passage d’une grenailleuse. [©Blastrac]

IV- Comment doit-on procéder de manière concrète ?

A vrai dire, il n’y a pas de règle. Sur béton neuf, certains interviennent 48 h après le coulage, d’autres quelques semaines plus tard. Sur béton ancien, la question ne se pose pas… 

Avant de commencer, plusieurs points doivent être vérifiés ou réalisés. Bien entendu, l’ancien revêtement doit avoir été éliminé, le cas échéant. Ensuite, il faut valider la dureté du support, par scléromètre ou via le test à la rayure, et sa tenue pour s’assurer qu’il est possible de traiter la surface. 

Pads de polissage. [©Blastrac]
Pads de polissage. [©Blastrac]

La planéité du sol est un facteur essentiel pour garantir l’esthétique finale. Si besoin, une opération de rectification devra être programmée. Sur la base de toutes ces informations, l’opérateur pourra savoir s’il est possible ou non de traiter la surface. Et avec quels outils. 

Blastrac en bref

Blastrac est une société d’origine américaine fondée en 1906, spécialisée dans la fabrication et la distribution de machines pour la préparation et la maintenance de sols. Elle est présente en Europe depuis le début des années 1980 et s’est établie en France en 2005, en tant qu’entité autonome. 

Polissage d’un sol en béton à l’intérieur d’un bâtiment. [©Blastrac]
Polissage d’un sol en béton à l’intérieur d’un bâtiment. [©Blastrac]

Son offre va des grenailleuses aux décolleuses de sol, en passant par les ponceuses/rectifieuses, les surfaceuses, les fraiseuses/raboteuses ou encore les véhicules multi-tâches ou les aspirateurs de chantier. 
Blastrac France emploie aujourd’hui 14 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 8 M€.

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