Une façade ventilée est un procédé, qui permet d’isoler thermiquement et acoustiquement une façade de l’extérieur, en associant un isolant et un revêtement de finition.
Retrouvez l’article dans Bâti & Isolation n°36
Une façade ventilée est un procédé, qui permet d’isoler thermiquement et acoustiquement une façade de l’extérieur, en associant un isolant et un revêtement de finition. Le tout séparé par une lame d’air. Avec la RT 2012 notamment, cette technique d’isolation s’est largement répandue sur le territoire national. D’abord pour les bâtiments tertiaires, puis pour les logements. Les produits composant les façades ventilées ont énormément évolué. Au fur et à mesure des années, les isolants ont gagné en pouvoir isolant, tout en atteignant une plus grande finesse.
Les revêtements deviennent de plus en plus techniques et esthétiques. Mais cette large augmentation des volumes posés implique aussi nombre de problématiques. A commencer par des questions sécuritaires. En 2017, l’immeuble Greenfell, à Londres, est parti en fumée. Les isolants ont été soupçonnés d’aider à la propagation des flammes. Les producteurs ont travaillé pour apporter des solutions… Il faut encore convaincre le grand public. Outre la sécurité, c’est du côté de la créativité qu’il faudra encore progresser. Les professionnels l’ont bien compris, eux qui multiplient les matières, les couleurs ou encore les formes. Pour sans cesse donner de nouvelles options aux architectes.
Dossier préparé par Frédéric Gluzicki et Yann Butillon
Cupa Pizzaras : S’ouvrir à de nouveaux matériaux
Fin 2015, la collectivité du Haut Pays bigouden décide d’agrandir ses locaux et de rassembler ses services administratifs sur un seul site, à Pouldreuzic dans le Finistère. L’architecte du projet, Pierre Burlé propose une solution audacieuse pour mener ce projet. Une extension et une restructuration de l’existant. Le tout, réunies en un seul bâtiment passif, répondant au standard allemand. Le bâtiment se situe en centre-ville, entre un environnement urbain plutôt traditionnel au Sud, et des bâtiments plus modernes comme le gymnase ou l’école, côté Nord. « Nous voulions garder un ensemble unitaire, créer deux volumes imbriqués l’un dans l’autre, tout en jouant avec les pentes de toitures », explique Pierre Brulé. Le choix de l’ardoise, en toiture, mais surtout en façade n’est pas venu naturellement, c’est l’Architecte des Bâtiments de France, qui souhaitait l’utilisation de ce matériau traditionnel. Ce chantier est assez symptomatique de la vision générale des donneurs d’ordres au sujet de l’ardoise. L’ITE s’est largement développée avec d’autres matériaux, mais la marque Cupa Pizzaras souhaite prouver que des réalisons exceptionnelles peuvent utiliser l’ardoise en façade. Et que c’est moderne. « Le Danemark notamment, où ce matériau est neuf, l’utilise largement. », explique Erwan Galard, responsable marketing chez Cupa Pizzaras Pour ce faire, l’entreprise a développé la gamme Cupacald, qui permet de sortir de la traditionnelle ardoise rectangle. Et de la travailler en oblique, en juxtaposition ou en alternance d’autres matériaux. « Nous voulions éviter le pastiche et Cupaclad a répondu à nos exigences autant d’un point de vue esthétique, qu’en termes de durabilité », précise Pierre Brulé.
Un immeuble passif
La question du bon matériau au bon endroit est essentielle. Et pour ce projet, l’utilisation de l’ardoise intervient comme un signal fort dans le paysage urbain de Pouldreuzic. Pour Pierre Brulé : « L’architecte dessine la ville. A ce titre, nous avons cette responsabilité de choisir ou non de marquer un projet. Ici, l’ardoise apparaît comme un matériau très urbain, qui s’inscrit bien dans ce contexte traditionnel ». Il s’agit du premier immeuble de bureaux réalisé en mode passif et certifié selon le référentiel allemand PassivHaus dans le Finistère. L’ardoise participe aux performances thermiques du bâtiment, en constituant l’écrin esthétique. De plus, ses propriétés de durabilité et d’entretien s’adaptent parfaitement au projet. « Pour atteindre une qualité d’usage optimale pour les utilisateurs, nous raisonnons en termes de coût d’investissement du bâtiment. Sur 50 ans, ce chiffre est constitué à 80 % des frais d’entretien, de maintenance et de consommation, développe Pierre Burlé. En ce sens, l’ardoise est une bonne réponse à ces préoccupations. » Un seul format d’ardoise, de grandes dimensions (600 m × 300 cm) a été utilisé en toiture et en façade. Mais avec un pureau plus important pour les parties de couverture. Des clous inox fixent les plaques sur les liteaux en bois, mais restent invisibles, afin de préserver cette homogénéité de matière et de donner de l’ampleur à l’ensemble.
Réinventer l’esthétisme
Pour Cupa Pizzaras, ce chantier est emblématique. Si l’ardoise n’était pas l’idée de base, la marque a apporté des solutions pour qu’elle devienne l’élément constitutif du chantier. « L’enjeu futur des façades ventilées, c’est de sortir du classicisme, qui s’est installé dans leur composition, explique Erwan Galard. Et si l’ardoise est un matériau ancien, il n’en permet pas moins de réaliser des façades très modernes. » C’est d’ailleurs pour mieux répondre aux exigences particulières de ses clients que Cupa Pizzaras a créé son laboratoire de création, le Cupacald Design. « C’est à la fois notre centre de recherche en esthétismes nouveaux, mais aussi une gamme de produits qui y est associée. » Cela permet à la marque de réaliser des solutions ardoise sur mesure, tout en gardant une facilité de mise en œuvre. En partant de Bretagne, il ne reste à l’ardoise qu’à conquérir la France. Y.B.
Sto : Trois nuances de gris
En 2007, Bouygues Immobilier lançait le concept de bâtiment tertiaire à énergie positive Green Office. La première opération d’envergure était alors construite sur les hauteurs de Meudon (92). Le promoteur immobilier est revenu à Meudon, cette fois sur les bords de Seine, pour construire l’une de ses dernières opérations, livrée début 2018. Green Office en Seine est un ensemble de deux bâtiments R+3 reliés par une passerelle, qui abritent 4 800 m2 de bureaux et 500 m2 de commerces, au 43 et 43 bis route de Vaugirard. Outre son propre label Green Office, Bouygues Immobilier a souhaité que l’ensemble soit certifié NF Bâtiments tertiaires, démarche HQE 2011 Construction. Cette dernière vise le plus haut niveau HQE (Exceptionnel), privilégie le confort des salariés, la qualité de l’air dans les bureaux et la performance énergétique. L’opération doit également être certifiée Bepos Effinergie 2013. La mission de maîtrise d’œuvre de conception et de conformité architecturale a été confiée à l’agence Reichen et Robert & Associés. Deux traitements de façades différents ont été choisis par le maître d’œuvre : le bâtiment implanté au 43 route de Vaugirard est entièrement revêtu d’une isolation thermique par l’extérieur sous enduit, de même que la façade arrière du plus grand des deux bâtiments, au 43 bis. Pour la façade noble de ce dernier, face à la Seine, l’architecte a souhaité une surface lisse et épurée, qui s’affranchisse de l’épaisseur des menuiseries et masque l’assemblage de celles-ci. Seuls reliefs sur cette façade : les ouïes verticales de section triangulaire, qui rythment la surface.
Mousse résolique et verre émaillé
Pour l’architecte, le défi était relativement compliqué : trouver le moyen de marier une isolation efficace et peu épaisse à un bardage aussi esthétique que remarquable en bord de Seine. La solution adoptée a été d’associer le Kooltherm K15 de Kingspan Insulation et le bardage en verre émaillé StoVentec Glass de Sto. Pour atteindre le haut niveau de performance thermique exigé, tout en conservant une épaisseur de façade limitée (le cahier des clauses techniques prévoit une épaisseur fi nie de 242 mm), les panneaux Kooltherm K15 de Kingspan Insulation, dont la conductivité thermique λ certifiée par Acermi est de 0,022 W/m.K, ont donc été installés. « Avec Kooltherm, nous proposons la première gamme de panneaux isolants en mousse résolique sur le marché, souligne Xavier Rousseau, responsable marketing France de Kingspan Insulation. Loin de nous limiter à isoler de manière efficace, notre objectif est de créer davantage d’espace, afin de permettre aux professionnels de l’immobilier de générer plus de valeur. Nous challengeons le statu quo, en proposant des produits isolants sensiblement plus minces que les alternatives traditionnelles. Des produits à très haute performance thermique adéquats pour créer des bâtiments à faibles besoins énergétiques et répondre ainsi aux défi s majeurs du secteur. »
Pour une isolation équivalente, le panneau en mousse résolique est 30 % à 40 % plus mince qu’un isolant conventionnel en laine minérale. Sur l’opération de Meudon, le maître d’œuvre a préconisé une épaisseur de 160 mm de Kooltherm K15. « Pour atteindre la même résistance thermique R de 7,25 m2.K/W, il aurait fallu 240 mm de laine minérale », précise Xavier Rousseau. Autre avantage : la mousse résolique est sans fibres, donc sans risques de démangeaisons de la peau pour les poseurs. Les panneaux isolants sont habillés sur leur face avant d’un pare-pluie noir intégré. En plus d’une protection contre les intempéries, cette membrane offre un rendu esthétique optimal au niveau des joints entre panneaux de façade.
Performance et esthétisme
Restait alors à jouer à fond le côté esthétique du bardage pour la façade faisant face à la Seine. L’architecte a donc choisi de faire appel à Sto et son bardage émaillé StoVentec Glass. Ce système de façade ventilée à fixations invisibles, qui fait l’objet d’un Avis technique, est constitué de panneaux de verre émaillé collés sur une plaque constituée de billes de verre expansé recyclé. Les billes très légères sont liées par un liant époxydique et pressées à haute température sous forme de plaques de dimensions variables. Ces plaques sont fibrées des deux côtés pour augmenter leur résistance mécanique. Les panneaux sont mis en œuvre par simple emboîtement de rails agrafes en aluminium sur un réseau de rails horizontaux en aluminium. Les rails horizontaux sont fixés sur un réseau d’ossatures verticales en acier galvanisé, lui-même solidarisé à la structure porteuse en béton par des pattes-équerres. L’architecte a choisi trois teintes de gris dans la gamme de 97 couleurs standards que propose Sto. La pose des panneaux de verre émaillé StoVentec Glass, en ménageant une lame d’air de 20 mm d’épaisseur et des joints ouverts de 8 mm entre panneaux, a été ensuite très rapide. « Le plus long, c’est la préparation, explique Soraya Carteron, conductrice de travaux de Castel Alu, en charge du lot “façade”. Il s’agit de fixer avec précision les châssis des menuiseries et les ossatures du bardage. Accrocher les panneaux sur les rails est ensuite un jeu d’enfant. » Les ouïes ont été posées une fois que l’ensemble des panneaux plats a été en place. Des ossatures tridimensionnelles réalisées en atelier ont été fixées aux ouvrages de menuiseries, puis habillées de panneaux de bardage émaillé. La façade en verre émaillé a été terminée en novembre 2017, à la grande satisfaction de l’architecte. « Le résultat est largement au niveau de nos attentes », confie Jean-Etienne Pernot, en charge du projet à l’agence Reichen et Robert & Associés.
Une pose facilitée par le fait que l’entreprise Castel Alu avait déjà travaillé avec le StoVentec Glass lors d’une réalisation à Paris, rue de Lourmel (XVe). Ce qui n’était pas le cas du Kooltherm K15. Kingspan Insulation a alors proposé ses services de conseil pour assurer une pose parfaite et un excellent mariage avec le bardage. Un technicien est venu une première fois sur le chantier pour expliquer aux poseurs les étapes de mise en œuvre du produit, notamment le sens de pose, la découpe des panneaux au droit des pattes de fixation, puis le chevillage, et enfin, la pose d’une bande adhésive noire sur les joints entre panneaux pour un résultat irréprochable. Une fois le chantier commencé, une deuxième visite a permis de s’assurer que les prescriptions de pose étaient bien respectées. Le contrôle à la caméra thermique n’a révélé aucun défaut. Y.B.
VM Zinc : Minéralité métallique
Qu’ils y passent plusieurs années ou quelques jours, pour des formations de mise à niveau comme pour des cursus de longue durée, élèves et apprentis vont pouvoir appréhender concrètement les matériaux les plus utilisés dans le BTP (le bois, le béton et le métal). Et ce, dans le cadre des bâtiments modernes du nouveau CFA de Blois. Les matériaux choisis illustrent les principaux ateliers d’apprentissage du CFA. Le béton représente les élévations et la maçonnerie, le bois symbolise la charpente, et le métal (plus précisément le zinc) fait référence aux travaux de façade et de couverture. « A travers leur mise en œuvre, nous avons souhaité qu’ils deviennent des supports pédagogiques pour les apprentis. Les matériaux ne se cachent pas, mais se révèlent et s’exposent de manière démonstrative », explique Jean-Pierre Rambourdin, architecte associé du cabinet CRR Architecture, en charge de l’opération. Concrètement, le béton a été utilisé en fondation et en dallage pour les infrastructures. Mais il est également employé sous forme de panneaux préfabriqués matricés à motifs verticaux pour protéger les pieds des façades des chocs et des agressions liées aux intempéries. Le bois représente en superstructure une part prépondérante du projet. Il sert à la fois de structure porteuse, d’enveloppe protectrice, de décoration et de contrôle de l’ensoleillement. Il participe à l’ambiance générale des espaces et à leur luminosité. C’est le zinc, dans une teinte Pigmento terre rouge, qui désigne le métal. D’abord, pour son aspect esthétique reconnu, mais aussi pour son efficacité à protéger les volumes en toiture ou en excroissance comme les locaux techniques, les sheds, la grande salle du gymnase, la restauration, s’alignant sur le chemin et le parvis d’accès.
Mise en œuvre traditionnelle
« Il s’agit d’un bardage traditionnel nommé VM Clin, qui a été posé en chevauchement, là aussi une technique assez traditionnelle, explique Fabien Moulin, responsable marketing de VM Zinc. Avec cette couleur dite “Pigmento rouge terre”, le but recherché était d’apporter une touche minérale au projet. La trame se rapproche du laminage du bois, c’est d’ailleurs l’effet escompté sur ce chantier. » La pose du VM Clin débute par la base de pied du bardage, étape critique, nécessitant la pose d’une grille anti-rongeurs. Et la mise en place de la première lame de bardage de façon parfaitement horizontale. Ensuite, il suffit de visser mécaniquement les lames les unes après les autres, en surépaisseur. « Nous fournissons une gamme d’accessoires pour nos poseurs. Leur faciliter la pose est un enjeu important pour le futur des bardages ventilés. Tout comme le recyclage de ces derniers. C’est pourquoi nous fournissons des accessoires de coupe performants, qui permettent de récolter des chutes de matières propres, qui sont par la suite recyclées. » Le système de pose par vissage permet aussi aux compagnons de pouvoir démonter proprement une simple lame, et ainsi prolonger la durée de vie d’une façade, en changeant les éventuelles lames abimées. « Le chantier du CFA de Blois est d’une nature assez classique, la pose se fait selon un schéma bien établi. Mais c’est aussi pour nous un symbole, puisque dans ce bâtiment vont grandir les futurs bâtisseurs de demain. » Pour ces derniers, la marque cherche à réinventer ses bardages en zinc, afin de répondre aux problématiques futures. « Les architectes veulent créer des choses de plus en plus nouvelles. C’est à nous d’offrir des possibilités et des créations, qui leur permettent de réinventer les futures façades. » A commencer par les couleurs proposées. « Nous avons une palette de base de couleurs pour nos lames, mais nous sommes capables d’offrir du sur mesure à nos clients. En complément, nous continuons d’introduire des couleurs à notre palette. Par exemple, actuellement, le laqué or, par petites touches, est très à la mode. »
Pour se différencier des concurrents ou pour contenter tous ses clients, VM Zinc continue aussi de réinventer ses formes. L’industriel s’adapte aux besoins de ses clients, avec des lames nervurées, ondulées…, tout en offrant la possibilité de les associer entre elles. Il offre aussi la possibilité d’associer les lames de zinc avec d’autres matériaux, comme l’ardoise ou le verre. Enfin, il propose un service de sur mesure dans le format des lames, avec le calepinage, ou dans la finition.
Des enjeux pour le futur
Pour VM Zinc, le futur se résume à une association de plusieurs enjeux, la créativité, la facilité de pose, la rapidité de mise en œuvre, tout en respectant les contraintes constructives. « Dans ce cadre-là, nous gardons évidemment les qualités intrinsèques de nos produits, qui ont fait notre réputation. Pour donner des exemples, nous cherchons à aider les poseurs dans leur travail, en leur proposant des systèmes toujours plus faciles à mettre en œuvre, même dans le cas de chantiers avec des éléments sur mesure. Nous accompagnons ces produits de kit de pose pour ne pas perdre en qualité et en rapidité. Nous travaillons aussi sur l’amélioration des jonctions, notamment les entourages de baies, pour qu’ils progressent en technicité et en esthétisme. Enfin, notre créativité nous permet de réfléchir à des solutions d’apports de lumière ou de rétro-éclairage, qui accompagneraient nos lames de bardage. » Le CFA de Blois présentera donc, aux futures générations de constructeurs, l’esthétisme et la facilité de pose du zinc. De quoi créer des vocations. Y.B.