La paille s’utilise dans de nombreux secteurs d’activité. Et cela fait plus d’un siècle qu’elle s’est développée dans la construction.
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Tout le monde connaît la paille, cette tige de céréale, largement produite en France. En balade champêtre, nombreux sont ceux qui ont déjà essayé de pousser ces ballots qui habillent le paysage agricole. Certains même, s’amusent à se jeter dans les lits de bottes de paille. En le regrettant instantanément au vu de la colonie de tiques qui s’est installée sur leur corps. La paille s’utilise dans de nombreux secteurs d’activité. Et cela fait plus d’un siècle qu’elle s’est développée dans la construction.
Le matériau s’emploie de différentes façons. Selon le Réseau français de la construction paille (RFCP), la paille de remplissage, c’est-à-dire pour remplir une structure porteuse, est la technique la plus répandue. Dans l’Hexagone, la maison Feuillette [lire notre article] incarne la première réalisation de ce type en Europe. Ici, la paille est intégrée à une ossature bois. Le matériau peut être mis en œuvre en préfabrication dans le cadre de système constructif, en isolation thermique par l’extérieur ou pour les toitures, ou encore comme structure. C’est d’ailleurs dans le Nebraska, aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle que naissent les premières constructions en paille. Des bottes y sont utilisées comme murs porteurs.
Depuis 2011, les règles professionnelles sont acceptées par la C2P1. La construction paille est reconnue, et entre dans le “domaine traditionnel” et les “techniques courantes de construction”.
Un matériau éco-responsable
A travers les âges, la paille dans le bâtiment connaît des regains d’énergie. Poussée par les tendances de l’auto-construction ou encore de la mise en lumière des matériaux biosourcés. Souvent, l’art de bâtir avec de la paille s’accompagne d’une vision éco-responsable. En effet, elle bénéficie de plusieurs atouts. Selon le RFCP, la paille dispose d’une empreinte carbone de -14 kg EqCO2/m2 (Fdes). Aussi, d’un point de vue d’approvisionnement, la filière est déjà opérationnelle. « Près de 5 Mt sont disponibles tous les ans, sans porter préjudice aux autres usages, explique le RFCP. Si la totalité des bâtiments construits était isolée en paille, il en faudrait seulement 3Mt/an – soit 10 % de la production annuelle. » D’autre part, le matériau jouit d’une bonne performance thermique : λ = 0,048 W/(m·K) (norme EN 12-667) et d’un bon déphasage : entre 12 et 16 h. A cela s’ajoutent des qualités hygrométriques et de perméabilité, ou encore un confort phonique et une qualité de l’air intérieur. En bref, la paille à toutes ses chances pour faire de la résistance face aux matériaux de construction. En 2019, le RFCP a dénombré 5 000 bâtiments ayant eu recours à la paille.
1Commission Prévention produits de l’AQC.
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