Draguignan : Faire le mur, sans armatures

Article publié dans Béton[s] le Magazine n°106

Au cœur du Var, au Sud de la commune de Draguignan, la RD 562 fait l’objet d’un réaménagement de sécurité. En effet, cet axe prioritaire – car autorisé aux convois exceptionnels – présente un passage étroit de 600 m sans accotement et avec une succession de deux virages de faible rayon. Une configuration à l’origine de nombreux accidents… Pour y remédier, le Département du Var a lancé un projet de réaménagement d’un montant de 1,25 M€, confié à Eurovia Paca. Réalisés sous circulation alternée, les travaux prévoient l’élargissement de la plate-forme routière de 1,50 à 2 m. Ceci, afin de créer un accotement de part et d’autre de la voie de circulation. Ainsi, le projet intègre un mur de soutènement situé au niveau d’une maison individuelle, construite en contrebas de la chaussée.

Lire aussi : Master Builders Solutions décortique la norme béton

.

.

D’une longueur de 90 ml, ce mur se développe sur une surface d’environ 210 m², soit une hauteur moyenne de 2,20 m. Ainsi, sa singularité est d’être réalisée à l’aide de 220 blocs BétoTitan XL, dans une version nouvelle, sans armatures passives. « Dans le cadre du réaménagement de la vallée de la Roya, suite à la crue catastrophique de 2020, l’industriel du béton CMSE Perasso Alpes nous avait demandé d’étudier une version sans armatures de notre bloc, explique Dominique Rossi, fondateur et président de BétoConcept. Nous avions aussi la même volonté de remplacer l’armature par une solution de bétons fibrés. » En effet, cette approche permet une plus grande souplesse dans la gestion du process de fabrication. Sans compter la suppression des contraintes liées au transport, au stockage, à la manutention et à la pose des armatures…

Des fibres en lieu et place des armatures

« Nous avons fait donc appel à Master Builders Solutions pour nous aider à mettre au point une formulation de béton correspondant au cahier des charges de BétoConcept », résume Stéphane Harand, responsable d’exploitation préfabrication de CMSE Perasso Alpes. Telle une résistance aux chocs de 90 kJ… In fine, la formule finale correspond à un Bap C50/60 intégrant près de 8 kg de fibres MasterFiber 236. « Une telle quantité reste exceptionnelle ! », indique Florent Lavorel, ingénieur technico-commercial MBS. L’adjuvant, lui, est le superplastifiant MasterGlenium Sky 841. De quoi obtenir ainsi un béton fluide au sein duquel la répartition des fibres s’opère sans difficultés. « Cette fibre de 29 mm de long offre une bonne capacité de dispersion durant le malaxage et sans nécessité d’augmenter le temps de brassage », confirme Basma Zouhny, ingénieure produits fibres béton chez MBS. L’outil utilisé par CMSE Perasso Alpes est un turbo-malaxeur Teka d’une capacité de 2 m³ par gâchée. Si les fibres sont introduites au niveau du skip, mais rien n’interdit de le faire via la trappe du malaxeur.

D’un poids unitaire de 740 kg, les blocs BétoTitan XL présentent une dimension de 110 cm de large, 80 cm de haut et 120 cm de profondeur. Ils sont matricés – exigence esthétique -, mais avec une échancrure importante. Ce qui posait de plus le problème de l’enrobage des armatures, ici disparu de par leur suppression au profit des fibres. « Trois matriçages sont proposés en standard, sachant qu’il est possible de s’adapter aux demandes particulières », confirme Dominique Rossi. Pour les besoins du chantier de Draguignan, CMSE Perasso a fait le choix de matrices spécifiques développées par l’Italien Polyulab.

Remplis de ballast pour assurer la stabilité

Empilés en quinconce, les blocs BétoTitan XL sont auto-stables. Mais leur partie arrière, évidée, est destinée à être remplie pour assurer la stabilité de la totalité de l’ouvrage réalisé. Dans le cas présent, un ballast 20/60 constitue ce remplissage. L’ensemble est isolé du terrain naturel (situé sous la chaussée) par le biais d’un géotextile. Ceci, pour éviter toute pollution et garantir la fonction drainante du ballast.

Frédéric Gluzicki

Suivez-nous sur tous nos réseaux sociaux !

Article publié dans Béton[s] le Magazine n°106