Avec son ciment Act, Ecocem permet de réduire de 70 % l’empreinte carbone du secteur cimentier. Et cette technologie sera accessible aux industriels via une licence de fabrication.
A travers sa solution Act – Acuna1 Cement Technologie -, l’industriel irlandais Ecocem dévoile le résultat d’une décennie de recherche & développement. « Act constitue une réponse au besoin urgent de décarboner l’industrie cimentière », résume Conor O’Riain, directeur général d’Ecocem Europe et France. Et de poursuivre : « Il s’agit d’un ciment ternaire comparable à un CEM VI “turbo-boosté” ! » Dans le détail, cet Act, premier d’une famille en devenir, est basé sur une formule mélangeant, dans des proportions précises, du clinker (apporté par un ciment du marché), du laitier moulu de hauts fourneaux et un filler minéral. Celui-ci peut être de type calcaire, argile calcinée, pouzzolane…
« Ce ciment va permettre de réduire de près de 70 % l’empreinte carbone du secteur cimentier. » De quoi s’inscrire dans l’Accord de Paris sur les émissions de CO2 pour limiter le réchauffement climatique… « Il y a deux manières de réduire l’empreinte. Soit en capturant à la source le CO2, mais les technologies sont balbutiantes et très coûteuses pour le moment. Soit en évitant ces émissions. En diminuant fortement le taux de clinker dans le ciment Act, nous nous inscrivons dans ce second cas de figure. »
Des bétons avec un rapport E/C de 0,25
L’avantage n° 1 de la technologie proposée par Ecocem est de permettre une massification de la production à l’échelle globale. En effet, clinker, laitier moulu de hauts fourneaux et fillers minéraux sont disponibles en quantité, partout sur la planète ! L’avantage n° 2 concerne l’outil industriel. Y intégrer la production du ciment Act ne nécessite, pour ainsi dire, aucune modification ou adaptation lourde.
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Côté béton, les choses s’annoncent tout aussi simple. « Avec ce ciment, il est possible de formuler tous les types de bétons, structurels ou non. La mise en œuvre sur chantier ne change pas non plus les habitudes. La différence fondamentale est un besoin en eau très réduit. » En effet, le E/C annoncé est de l’ordre de 0,25… L’autre spécificité vient de l’adjuvantation, mise au point en interne par Ecocem en France, avec ses partenaires habituels (ENS Paris et Insa Toulouse). « Aujourd’hui, nous travaillons activement à mettre en place un partenariat avec un adjuvantier pour assurer la fabrication et la commercialisation de cet adjuvant particulier », indique Conor O’Riain. De la même manière, Ecocem a entamé des discussions avec tous les cimentiers pour licencier la solution Act.
Autant d’Act que de cimentiers
« C’est la seule manière d’accélérer la massification de la production d’une manière globale et ainsi de réduire le plus vite possible l’empreinte carbone du ciment. » En effet, à lui seul, Ecocem n’a pas cette capacité, ayant un outil industriel limité en comparaison aux majors du ciment. Ce qui ne lui interdira pas d’assurer une production d’Act sous sa propre marque.
Dans la réalité, il y aura, potentiellement, autant de ciments bas carbone basés sur la technologie Act que d’industriels signataires d’une licence. Comme il y a autant de CEM II sur le marché que de cimentiers ou de cimenteries… « La réduction rapide des émissions carbone du ciment est un défi majeur de toute stratégie de décarbonation. La Cop 27 a rappelé l’urgence à trouver des solutions évolutives, indique Carmichael Roberts, co-dirigeant du comité d’investissement du Breakthrough Energy Ventures2. La solution Act arrive à un moment crucial et permettra d’accélérer nos efforts pour mettre au point un ciment zéro carbone. »
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Il y aura des Act 2 et des Act 3
Avec Act, Ecocem propose aux cimentiers de prendre plusieurs années d’avance dans la réduction de leur empreinte CO2. « Nous avons consacré dix années de recherche pour atteindre ce résultat. Chaque industriel peut y avoir accès aujourd’hui. En plus d’une licence de fabrication, nous proposons un accompagnement technologique complet. » En parallèle, Ecocem poursuit les recherches. « Il y aura des ciments Act 2, Act 3… qui viendront enrichir l’offre dans les années qui viennent », insiste Conor O’Riain.
En attendant, c’est le déploiement de l’Act 1 qui est en cours. Le calendrier prévoit une disponibilité de la solution dès le marquage CE obtenu. Ecocem l’attend pour 2023 pour lancer les premières applications commerciales. Le ciment Act n’entrant pas dans le champ d’application des normes EN 197-1 et EN 197-5, des demandes d’Atex, puis d’Avis techniques suivront, tout comme la réalisation de chantiers-tests. Mais, c’est bien la mise à jour majeure des normes ciments européennes qui marqueront le véritable acte de naissance de la solution Act d’Ecocem !
Frédéric Gluzicki
1Berceau en espagnol.
2Fonds d’investissement fondé par Bill Gates, dont l’objectif est de favoriser le développement de solutions permettant d’atteindre zéro émission nette de CO2.