Eco-quartier : Les deux vies du Village des Athlètes

Article paru dans le numéro 108 de Béton[s] le Magazine

Universeine. Un nom accrocheur derrière lequel se cache le futur Village des Athlètes. Celui-ci est construit dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024. Le projet se présente comme exemplaire d’un point de vue environnemental. Vinci, lui, parle d’un “recyclage urbain à grande échelle”. L’opération prend forme sur une ancienne friche industrielle sise sur la commune de Saint-Denis (93). Un terrain de 6,4 ha, en bordure d’un des méandres de la Seine. Là, prend place, entre autres, la Halle Maxwell, construite en 1903 et qui abritait une centrale électrique alimentant en énergie le métro parisien. Longue de 200 m et large de 20 m, elle s’intègre en totalité dans le projet d’aménagement. Celui-ci se divise en cinq îlots. Dont un (A3) a déjà été livré en 2010, lors d’une première tranche de travaux.

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Ainsi, Vinci Immobilier, pilote de l’opération, a délégué la réalisation de plus de 1 000 logements à Bouygues Construction, Paris-Ouest Construction et Spie Batignolles. En l’occurrence, les îlots A1, A2. Quant à l’îlot B1 – le plus imposant de tous – et à l’îlot B2. Ils sont restés dans le giron de Vinci, confié à un groupement mené par Bateg pour les parties neuves. Dumez Ile-de-France étant chargé des réhabilitations et Arbonis apportant son expertise en matière d’ingénierie constructive en bois.

Dans sa phase d’exploitation 1, administrée par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), le Village des Athlètes accueillera quelque 6 000 sportifs de haut niveau. Ainsi que leurs accompagnants. Ceci, avant une transformation en un quartier à vocation mixte logements et bureaux. Une première en France.

Intégrer deux réglementations différentes.

A terme, c’est-à-dire à l’issue de la phase 2 dite “héritage” opérée en 2025, les 145 500 m² pourront voir l’arrivée de 3 000 habitants et de 4 300 salariés.

Soit 78 100 m² de logements familiaux et étudiants. Ainsi que 63 400 m² de locaux tertiaires et de services (crèche, pôle médical…) et 4 000 m² dédiés aux activités, aux commerces et à la culture. Elément patrimonial du projet, la Halle Maxwell, réhabilitée, y conserve sa structure et son esthétique industrielle. Symbolisant ainsi le renouveau du quartier. Durant les jeux, elle hébergera les services aux délégations et aux athlètes, dont l’espace fitness. Puis, en phase “héritage”, une partie des 2 500 agents du ministère de l’Intérieur…

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« Dans ce vaste projet de construction, toute la difficulté a été d’intégrer dans les études d’exécution les deux réglementations liées au logement neuf et au tertiaire, explique Sébastien Carminati, directeur du projet pour Vinci Construction. Ceci, pour pouvoir passer de la manière la plus simple possible d’une utilisation à l’autre, à deux horizons de temps différents. » A titre d’exemple, des gaines verticales réglementaires pour le désenfumage des bureaux sont intégrées aux bâtiments. Dessus sont raccordés les réseaux horizontaux nécessaires aux logements des athlètes. Cette organisation va permettre leur démantèlement, à l’issue des jeux, sans travaux lourds pour basculer dans la configuration tertiaire définitive. Bien entendu, les gaines “logements” devraient être réemployées dans le cadre d’un autre projet. Idem pour les salles de bains préfabriquées, les cloisons et même les moquettes. Le recyclage et le réemploi concernent près de 75 % des matériaux et éléments utilisés de manière provisoire durant la phase 1.

Une véritable oasis urbaine

L’autre difficulté était la gestion des hauteurs sous plafond, qui sont de 2,70 m en logement et de 3,60 m en bureaux. Là encore, l’optimisation est passée par le choix d’un système constructif adapté. Dans ce cas précis, la suppression des retombées de poutres au profit de planchers-dalles.

Outre les aspects de valorisation des matériaux et les matières premières, l’exemplarité environnementale du projet porte aussi sur la renaturation du site. Au programme : désartificialisation des sols, dépollution des terres, création de jardins en pleine terre, de terrasses végétalisées, de canopées, introduction de faune et de flore en lien avec l’éco-système fluvial. En somme, c’est une véritable oasis urbaine qui est générée, apte à former des îlots de fraîcheur pour les habitants.

Bien entendu, cet apport de biodiversité ne doit pas être entaché par un bilan carbone néfaste. Du fait d’un mauvais choix de matériaux pour les constructions. A ce niveau, les résultats semblent prometteurs. L’utilisation du bois et de solutions constructives moins carbonées permet d’afficher une empreinte de 40 % inférieure en comparaison à celle d’une construction en béton conventionnel. Là, Vinci a pu aller très loin ! « Au départ, il était prévu de mettre en œuvre environ 30 m³ de notre béton Exegy ultra bas carbone, à titre expérimental », reprend Sébastien Carminati. Toutefois, nous avons bénéficié, avec Vinci Immobilier, du fonds Innovation et Ecologie de la Solideo. Ainsi, nous avons pu réaliser l’intégralité des planchers à l’aide de cette gamme de bétons. Ce qui correspond à un volume record de 17 870 m³. »

Ne pas changer les habitudes

Dans le détail, tous les planchers des bâtiments neufs des îlots B1 et B2 ont vu l’utilisation de l’Exegy_UBC (ultra bas carbone). Soit 12 000 m³ d’un béton à 0 % de clinker affichant une empreinte carbone de 70 kg éq CO₂/m³. A quoi ce sont ajoutés environ 6 000 m³ d’Exegy très bas carbone. Un béton formulé sur la base d’un CEM I 52,5, de laitier de hauts fourneaux et de fillers calcaire. Là, l’empreinte correspondait à 90 kg éq CO₂/m³. Ce béton a été mis en œuvre pour couler les poteaux et les voiles. Ces chiffres sont à comparer au 250 à 300 kg éq CO₂/m³ d’un béton standard… « L’organisation du planning nous a empêchés de passer à l’Exegy_UBC pour la totalité du projet nous concernant. » D’autant plus que Vinci n’a obtenu son ETE qu’en cours de chantier, le projet étant programmé, à l’origine, en très bas carbone. In fine, l’économie a été de 3 825 t éq CO₂. Sans oublier que le mode constructif mixte a permis d’atteindre un niveau de performance, équivalent à E2C2.

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Les bétons Exegy ont tous été produits sur site, au cœur d’une centrale de chantier Europ’Equipement gérée par les équipes Vinci. En période hivernale, le béton était livré chaud, c’est-à-dire à une température de l’ordre de 20 °C en sortie de centrale, grâce à une eau introduite à 65 à 80 °C. Ainsi, au moment du coulage, la température résiduelle était d’environ 12 °C. Les rotations étaient donc classiques, mais les éléments coulés étaient laissés coffrés un peu plus longtemps. « Nous avions toujours trois trames qui séchaient en même temps, sur des tableaux coffrants Doka», indique Sébastien Carminati. Et de conclure : « Le but était de ne pas changer les habitudes de travail malgré l’emploi de notre béton Exegy UBC ».

Frédéric Gluzicki

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Article paru dans le numéro 108 de Béton[s] le Magazine