Le Cérib a mené un test d’essai au feu Lepir 2. Le résultat est plus que concluant pour le béton de chanvre utilisé en construction de façade.
Durant l’automne 2020, le Centre d’essais au feu du Cérib a conduit, le 16 octobre 2020, pour l’association “Construire en Chanvre” un test Lepir 2. Autrement dit, un essai de résistance au feu grandeur nature. Ceci, sur une paroi en béton de chanvre. Objectif : compléter les références déjà acquises pour ce matériau de construction en matière de comportement au feu. Les résultats sont désormais disponibles…
Rappelons que le béton de chanvre est le mélange d’un liant minéral (chaux), d’un granulat végétal labellisé, obtenu après défibrage de la tige de chanvre, et d’eau. Une mise au point qui remonte à 1986, date à laquelle une première maison a été rénovée, en utilisant un béton de chanvre.
« Ce test s’inscrit dans la continuité du programme d’essais au feu réalisés pour l’évolution des règles professionnelles. Avec le soutien financier du programme Pacte », précise Philippe Munoz, référent “Construire en Chanvre” pour ce programme. Le corps d’épreuve est une façade en béton de chanvre de 30 cm d’épaisseur, de 5,75 m de large et 6,55 m de haut (deux étages), avec une ossature bois noyée en son sein. Et une finition extérieure avec un enduit chaux-sable. Cet ensemble a été soumis à un feu très violent pendant 1 h.
Une température de 1 100 °C après 36 mn d’incendie
« Le but était de voir comment se comportait la façade, en termes de propagation des flammes. De vérifier que le feu ne se diffuse pas par la jonction entre la façade et le plancher entre les deux étages. Et de s’assurer que la température ne dépasse pas 180 °C. Sur la face supérieure de ce plancher », détaille, Christophe Tessier, directeur du Centre d’essais au feu du Cérib.
L’analyse de l’ensemble des relevés de température issu des 125 thermocouples équipant la façade en béton de chanvre et ossature bois a permis de confirmer les appréciations qualitatives formulées lors de l’essai. L’élément soumis à essai est déclaré… « conforme à la réglementation applicable vis-à-vis de la non-propagation du feu par les façades pour une durée de 60 mn » (extrait de l’appréciation de laboratoire n° 026090).
A l’instar de ce que laissait présager « la hauteur impressionnante des panaches de flammes », la sollicitation a bien été extrêmement sévère : la température dans la chambre de feu a dépassé 1 100 °C après 36 mn pour revenir à 900 °C en fin d’essai. Et les deux panaches de flammes atteignant 950 à 1 050 °C ont sollicité la maquette par l’extérieur.
Le béton de chanvre, bon pour le service
En réponse, l’enduit extérieur de 2 cm est resté adhérent au béton de chanvre. Ce dernier a aussi joué son rôle d’écran de protection thermique de l’ossature bois noyée. En effet, à l’exception des linteaux et des doubles montants au niveau des ouvertures, aucun bois d’ossature n’a dépassé 100 °C pendant l’essai.
Le dernier résultat attendu était le comportement de la jonction façade/plancher intermédiaire pour laquelle l’élévation de température admissible en face non exposée de plancher (face supérieure) mesurée à 50 mm en retrait de la façade est bornée à 180 °C. Résultat obtenu : 44 °C ! Soit le quart de la valeur limite. A cet instant, il y avait plus de 800 °C d’écart de température entre la face supérieure du plancher et la chambre de feu (26 cm plus bas)…
La parution de l’Appréciation de laboratoire n° 026090 sera disponible sur la partie publique du site Internet de “Construire en Chanvre” (au même titre que le PV de classement EI 240). Une chose est certaine : le béton de chanvre est bon pour le service, pour une utilisation en façade.