Exposition Auguste Perret : Architecte du béton armé

Rédaction
28/11/2013
Modifié le 17/09/2019 à 15:55

Jusqu’au 19 février prochain, le Palais d’Iéna propose l’exposition “Auguste Perret, huit chefs-d’œuvre !/? – Architecture du béton armé”. Quoi de mieux que ce lieu, construit par l’architecte en 1939, pour mettre en scène ses huit plus majeures réalisations. Découverte.

130930_ Poster design_A4.inddJusqu’au 19 février prochain, le Palais d’Iéna propose l’exposition “Auguste Perret, huit chefs-d’œuvre !/? – Architecture du béton armé”. Quoi de mieux que ce lieu, construit par l’architecte en 1939, pour mettre en scène ses huit plus majeures réalisations. Découverte.

Palais d'Iéna - -® Benoit FougeirolAuteur du Palais d’Iéna, Auguste Perret y définit un ordre classique, dont les proportions découlent directement de la logique du matériau. Les colonnes élancées portent d’un seul jet la toiture, sous laquelle se glisse un second édifice. Elles s’élargissent vers le sommet pour s’évaser en chapiteaux. Machine implacable, captant l’ombre et la lumière sur ses bétons de marbre rose et de porphyre vert, le Palais d’Iéna est l’une des contributions les plus remarquables du rationalisme moderne à l’architecture universelle.

C’est ainsi que dans cet écrin de la modernité, l’’exposition “Auguste Perret, huit chefs-d’œuvre !/? – Architecture du béton armé”présente huit édifices choisis parmi les nombreuses réalisations d’Auguste Perret (1847-1954). Ceux dont la valeur universelle s’est imposée dans l’histoire du XXe siècle : l’immeuble de la rue Franklin (1903), le théâtre des Champs-Elysées (1913), l’église du Raincy (1923), la salle Cortot (1928), le Mobilier national (1934), le Plais d’Iéna (1937), l’Hôtel de ville du Havre (1950) et l’église Saint-Joseph (1951). On retrouve également dans des vitrines au centre du parcours Auguste Perret intime, des séries de portrait, des lettres, des albums personnels, des coupures de presse, des objets, du mobilier… Au total, 400 documents originaux (photographies, dessins, maquettes…) sont dévoilés, dont certains n’ont jamais été présentés au public. On regrettera cependant que certaines photos d’époque soient exposées trop bas et ne permettent pas d’en apprécier leur juste valeur.

Une exposition intimiste

1Grâce à des moyens de production contemporains, l’exposition entend renouveler de fond en comble le regard porté sur cet intellectuel-constructeur qu’était Auguste Perret. Les huit édifices présentés ont marqué par leur mode d’élaboration inventif et leur rapport à la matière, un enrichissement décisif de l’architecture du XXe siècle.

 L’exposition prend place dans la salle hypostyle du Palais d’Iéna qui constitue la première œuvre révélée au visiteur.
 La scénographie de l’exposition est un collage de ces différentes recherches. Cette installation temporaire, cette architecture dans une architecture, est profondément contextuelle et met en avant la force de la permanence de cette architecture de béton.

Auguste Perret a développé une pratique architecturale exigeante fondée sur des dispositifs inédits reliant le pensé, le graphique et le construit en une puissante mécanique créative à l’origine d’un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre. Son talent a été salué, en 2005, par l’inscription d’une partie de son œuvre sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Les débuts d’Auguste Perret

Auguste Perret, 1925 - -® IFAAuguste Perret s’inscrit dans la lignée d’un grand-père carrier et d’un père tailleur de pierre : il a toujours gardé un goût du matériau simple traité noblement et un sens tout aussi modeste que pragmatique de la construction. Né dans les environs de Bruxelles, où son père avait trouvé refuge après son implication dans la Commune de Paris, il s’initie aux procédés de constructions modernes au sein de l’entreprise familiale, avant d’orienter définitivement sa carrière en tant qu’“architecte spécialisé dans le béton armé”. Dans le même temps, il effectue ses études à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, où il reçoit l’enseignement de Julien Guadet, l’un des théoriciens de l’architecture contemporaine qui lui transmet la démarche rationaliste et classique des Beaux-Arts. Au-delà de ce rationalisme classique, son souci particulier de la structure prend également sa source dans une lecture assidue des ouvrages d’Auguste Choisy et surtout d’Eugène Viollet-le-Duc. Bien qu’il soit un élève brillant, il quitte l’Ecole des Beaux-Arts pour rejoindre l’entreprise familiale — avant même d’obtenir son diplôme, ou de tenter un possible Prix de Rome.

Architecte, théoricien, intellectuel

Authentique théoricien de l’architecture, il s’est attaché, au cours des années 1930, à une tâche culturelle inédite : créer un nouvel ordre architectural, comparable aux ordres antiques, mais dérivé des techniques modernes de construction. Cet ordre du béton armé, dont il élabore le modèle en 1937 au Palais d’Iéna trouvera, après la Seconde Guerre mondiale, un vaste champ d’application au Havre. L‘inscription de cette ville reconstruite sur la Liste du patrimoine mondial en 2005 a contribué à attirer l’attention du public sur l’œuvre de l’architecte, mais sa trajectoire créative reste méconnue.

Le Havre, vue aerienne vers l'eglise Saint Joseph - -® CNAMAuguste Perret est un des premiers techniciens spécialistes du béton armé. Il apparaît dans ce nouveau contexte comme l’un des très rares architectes à avoir su discerner les enjeux et les limites du Mouvement moderne. « L’architecture est l’art d’organiser l’espace, c’est par la construction qu’il s’exprime. »

Auguste Perret a joué un rôle déterminant : premier architecte à saisir l’intérêt constructif du béton armé (au début des années 1900), il est toujours resté attaché à ce matériau à la fois économique et robuste, tout en posant quelques principes comme le “style sans ornement”, la structure poteau-poutre-dalle ou le plan libre. Il n’utilise aucun revêtement, « le béton se suffit à lui-même ». Placée sous le signe de la continuité historique, la cohérence de son œuvre — qui s’étale sur plus d’un demi-siècle — reflète la volonté d’inscrire la construction moderne au sein d’un nouvel ordre architectural défini comme l’École du classicisme structurel. Cette terminologie ne doit pas cacher un exceptionnel sens pratique qui peut tout aussi bien être compris comme une quête de durabilité et de démocratisation de la Modernité ; un idéal architectural qu’il a pleinement concrétisé en reconstruisant le centre-ville du Havre.

2Il était donc naturel que cette exposition soit accueillie au sein du Palais d’Iéna, le plus bel aboutissement du nouvel ordre classique inventé par Perret, comparable aux ordres antiques, mais dérivé des techniques modernes de construction – l’ordre du béton armé. Pour celui dont « La construction est la langue maternelle de l’architecte. L’architecte est un poète qui pense et parle en construction ».

Exposition jusqu’au 19 février 2014
Palais d’Iéna – Conseil économique, social et environnemental
9, place Iéna
75016 Paris
Métro ligne 6 (Trocadéro) et 9 (Iéna) / Bus n° 32, 63, 82 (Iéna)
Téléphone : +33 1 44 43 60 00
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