Architecte et ingénieur d’origine espagnole, exilé au Mexique, puis installé aux Etats-Unis, Félix Candela a marqué l’architecture du XXe siècle avec ses voûtes en béton précontraint.
Quand la guerre civile espagnole éclate en 1936, Félix Candela a 26 ans. Il s’oppose au franquisme et rejoint les rangs de l’armée populaire espagnole. Il sera interné dans un camp de réfugiés à Perpignan, en France, jusqu’à la victoire de Franco. Cette situation entraînera son exil au Mexique en 1939. Pays où il va développer un style architectural unique. Il fait ainsi la synthèse entre la tradition mexicaine des coupoles à arcs-boutants et les voûtes catalanes de son compatriote Antoni Gaudí. Ses œuvres résultent ainsi de la fusion de trois composantes : la géométrie (paraboloïde hyperbolique ou hypar), le matériau (béton) et le processus constructif. Le tout adapté au contexte mexicain.
Sa passion pour les structures légères et ses recherches sur le béton précontraint lui permettent de réaliser des œuvres défiant les lois de la gravité. Félix Candela se réfère aux bâtiments pionniers de l’Italien Pier Luigi Nervi, aux constructions en béton précontraint du Français Eugène Freyssinet. Ainsi qu’aux travaux des ingénieurs allemands Ulrich Finsterwalder et Franz Dischinger.
La magie des voûtes en béton
Félix Candela est ainsi surtout connu pour ses voûtes en béton précontraint. Souvent inspirées par la nature, ses structures évoquent des formes organiques et fluides. Architecte de formation (bien qu’il n’en ait pas le diplôme, n’ayant pas terminé sa formation en Espagne), son cœur bat pour l’ingénierie. Il œuvre ainsi aussi bien en tant qu’architecte, ingénieur, concepteur de structures, consultant, ingénieur calcul et constructeur au travers de son entreprise mexicaine Cubiertas Ala.
Adepte d’une architecture économe, il travaille aussi à minimiser le volume de béton utilisé. Une démarche de conception en phase avec les préoccupations actuelles en matière de construction et de transition. Parmi ses réalisations emblématiques, la chapelle de la Vierge de la Santé à Mexico ou le Palacio de los Deportes, construit pour les Jeux Olympiques de 1968, illustrent parfaitement son travail.
Le béton, un matériau presque aérien
L’architecture de Félix Candela se distingue par son utilisation audacieuse du béton, qu’il transforme en un matériau presque aérien. Ses voûtes en coques sont à la fois des prouesses techniques et des œuvres d’art. Elles permettent de couvrir de grandes portées sans supports intermédiaires, créant ainsi des espaces intérieurs vastes et dégagés. Ses réalisations prouvent ainsi que l’architecture peut être à la fois pratique et belle.
Au-delà de ses créations, Félix Candela a aussi été un enseignant passionné. Professeur à l’université nationale autonome du Mexique, il a partagé son savoir avec de nombreuses générations d’architectes et d’ingénieurs. Fondée sur l’expérimentation et l’approche pédagogique, il a incité beaucoup d’étudiants à explorer les possibilités infinies du béton. En 1971, il quitte le Mexique pour s’installer aux Etats-Unis. Date à partir de laquelle il se consacre exclusivement à l’enseignement. Il y décède en 1997.
Muriel Carbonnet-Villenave
Exposition à l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées jusqu’au 12 février. En partenariat avec Cemex.
Un grand merci à Cyril Douthe, de l’ENPC, et à Lucia Alarcon Ruiz, de Cemex.