La FFB appelle à une réaction du gouvernement pour tuer dans l’œuf une crise du logement qui s’annonce « profonde et sévère », selon son président, Olvier Salleron.
Parfois l’actualité percute l’actualité. Le rendez-vous était pris de longue date avec le Pôle Habitat de la FFB pour la présentation des chiffres du logement à la fin du troisième trimestre. Mais dans la nuit, le couperet du 49.3 est tombé, pas de discussion ou si peu sur le premier volet de la loi Budget 2023, et les amendements espérés par le FFB non débattus.
Le lien est sans doute direct, mais c’est Olivier Salleron, président de la FFB qui a ouvert la conférence pour exprimer toute son inquiétude quant à l’avenir du bâtiment. « Le logement neuf est en danger. Si rien n’est fait, nous subirons une crise sévère dans les six mois. Et 30 % de nos entreprises seront en grand danger. Il faut sauver le soldat “Logement neuf”. » Une intervention brève, concise et précise.
Des chiffres tous plus alarmants les uns que les autres
Place ensuite à Grégory Monod, président du Pôle Habitat de la FFB, pour dérouler les chiffres. Et ces chiffres, ils ne sont pas bons. La maison neuve connaît une chute brutale, avec des ventes qui s’écroulent de 26,8 % sur les huit premiers mois de 2022. Sur l’ensemble de l’année 2022, les ventes pourraient descendre autour de 102 000 unités, un niveau très proche du pire exercice de ces quinze dernières années. L’habitat individuel groupé ne se porte pas mieux, avec des ventes aux particuliers en recul de 17,3 % sur le premier semestre. Quant au logement collectif, sur la même période, les réservations par les particuliers s’y replient de 9 % et les ventes aux institutionnels de 33,4 %. Tandis que les mises en vente reculent de 9,8 %.
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Pour la FFB, les causes, ou coupables, sont nombreux. Et sont conjoncturels et structurels. L’accès au crédit immobilier est de plus en plus compliqué, auquel se conjugue l’inflation qui réduit le pouvoir d’achat et augmente l’incertitude dans les têtes des acheteurs. Le tout alors que le prix des matériaux a explosé. Pour le structurel, les premiers effets du principe de Zéro Artificialisation Nette se feraient ressentir, en augmentant de façon continue les prix du foncier. Enfin, l’arrivée de la RE 2020 a fait croître les coûts de construction, déjà à la hausse à cause des tarifs des matériaux. La construction neuve paraît ainsi de moins en moins accessible aux primo-accédants, mais devient un rêve illusoire aussi pour une partie de la classe moyenne.
Des leviers d’action pour sauver le soldat logement neuf
Le Pôle Habitat appelle donc le gouvernement à apporter plusieurs réponses rapides. Face à la crise des matériaux, il faudrait « soutenir les opérateurs en neutralisant les pénalités de retard dans les contrats privés et en réformant les modalités de révision de prix en Contrat de construction de maison individuelle ou CCMI ». Pour l’accession à la propriété, il s’agirait de « desserrer les contraintes en matière de financement, en rétablissant le prêt à taux zéro à 40 % sans discrimination territoriale. Mais aussi, en relevant les plafonds d’opération pris en compte pour son calcul et en instaurant un crédit d’impôt sur les annuités d’emprunt pour compenser l’impact des hausses de prix ». Enfin, en rétablissant « l’attractivité du dispositif Pinel et en engageant la mise œuvre d’un régime universel d’investissement locatif privé », l’investissement privé reprendrait de la confiance.
« La situation exige des réponses dès la loi de finances pour 2023, sous peine d’un effondrement du logement neuf, malgré la persistance des besoins, explique Grégory Monod. Au-delà, il faut donner au secteur plus de stabilité et de visibilité, et lui permettre de construire plus, mieux et moins cher. C’est donc aussi un enjeu de transition écologique, au cœur des territoires, pour ceux qui y travaillent et y vivent ».