La 8e édition du Forum international Construction Bois (FCB) aura lieu du 11 au 13 avril prochain au centre des congrès de Dijon.
Démarches urbaines volontaristes
Depuis 2011, le Forum international de la Construction Bois (FCB) a lieu en France chaque année. Cela veut dire qu’il a commencé à peu près à un sommet de la construction bois en France, et que sa consolidation comme rendez-vous de la filière accompagne une sorte de déclin, sans parvenir à inverser la tendance. On peut bien sûr imaginer que ce serait encore pire sans Forum… En tous les cas, les organisateurs font sans doute bien de se déconnecter largement du programme de leurs homologues germaniques, pour qui, vraiment, tout baigne ! En Allemagne, en Suisse, en Autriche et dans de nombreux autres pays européens (Royaume-Uni, Slovénie, Pologne, pays baltes…) le bois avance. Et c’en est d’autant plus rageant de constater que ça patine en France. Il faut chercher la bonne approche.
Dans une ville métropole en pointe des Smarts Grids comme Dijon, le Forum apporte d’abord des témoignages européens sur les façons de développer une politique urbaine, ciblant la construction bois. Aux côtés de Växjö en Suède (cette dernière étant le pays invité du salon), Munich, Helsinki, la France et le Grand Paris seront présents avec l’aménageur Epamarne. L’idée, c’est que la ville durable du XXIe siècle a besoin d’une politique volontariste forte en matière de construction bois. Les bonnes intentions gouvernementales de ces dix dernières années ne mènent pas assez loin.
Le concret va dominer également les 15 ateliers thématiques parallèles des deux journées du congrès. Comme d’habitude, l’accent sera mis sur la présentation de ce qui vient d’être effectivement construit. Animé par Luc Floissac, conseiller environnemental et grand promoteur de la construction paille en France, l’atelier parallèle C1 portera sur les “Matériaux biosourcés, inertie thermique, Bepos, bilan carbone”. En effet, il tiendra compte de l’émergence d’ouvrages à la pointe des exigences énergétiques et environnementales, ce qui conduit à coupler des techniques et instrumentalisations d’avant-garde, avec un recours à des matériaux de toujours. En ce moment, la brique de terre crue fait une apparition remarquée pour apporter de l’inertie aux constructions en bois. La technique n’est pas nouvelle, mais il y a dix ans, elle n’était à l’œuvre que chez certains constructeurs bois suisses, en particulier axés sur l’écologie de la construction. Quant à la paille, un réseau actif doté de règles professionnelles permet d’aborder les défis les plus divers, qu’il s’agisse de l’utilisation des caissons en hauteur, en ERP ou même en mode paille porteuse. Ce matériau pousse à la sur-isolation des parois opaques, car l’épaisseur standard passe à 36 cm. Cela devrait inciter à franchir le pas vers des performances passives poussées, notamment en association avec des planchers de rez-de-chaussée en dalle bois. Le débat portera également sur la valorisation environnementale des isolants biosourcés, à la faveur d’une intervention de Jean-Michel Grosselin, directeur de Pavatex et vice-président de l’Association des industriels de la construction biosourcée (AICB), sur le thème du “Caractère renouvelable du carbone”.
Approches thermiques antagonistes
En matière d’isolation, on retrouvera une forme d’antagonisme lors de la cérémonie des hommages. Comme chaque année, deux personnalités de la filière en feront l’objet : Dominique Simonin, représentant la fratrie fondatrice de l’entreprise Simonin, et le célèbre, voire mythique, professeur allemand Julius Natterer. Simonin est la pionnière du caisson isolant, associant le bois, et notamment, le polystyrène, une option perfectionnée depuis des décennies et qui a débouché, lors de la dernière édition de Batimat, sur des solutions de couverture de très grand format. De son côté, Julius Natterer a cherché à simplifier les ouvrages et cette visée l’a conduit au final à prôner une approche, qui limite le recours à des isolants. Un point de vue jugé trop radical par ses pairs.
L’isolation au concret
Le vendredi matin, les congressistes auront le choix entre deux exposés, qui présenteront chacun un intérêt sur le plan de l’isolation. Au sein de l’atelier “Bois local et économie circulaire”, Christophe Beaussire, ex-bâtisseur de la présence de Pavatex en France, parlera cette fois de « l’isolation biosourcée intégrée à l’approche circulaire de la construction bois ». Et plus précisément, du cas de Novidem, une usine de recyclage de cartons usagés installée en Bourgogne. Cette dernière vient d’ailleurs tout juste de faire basculer en Avis technique deux Atex relatives à l’utilisation de l’isolant en soufflage (combles) et en projection humide, avec une perspective d’amélioration prochaine du classement Acermi actuel.
En parallèle de l’intervention de Christophe Beaussire, mais au sein de l’atelier parallèle A3, Stéphane Cochet (A003 Architectes), le concepteur du R+5 “Bois debout” de Montreuil, interviendra en “Special Guest” (invité spécial) de l’atelier dédié aux bailleurs sociaux, pour évoquer les problèmes actuels, en termes de pièces humides. Il s’agit d’avancer vers des solutions, qui permettent de garantir la pérennité, notamment des isolants intégrés aux dalles en bois, face aux risques statistiques de dégâts des eaux.
Le Forum s’efforcera cette année de lier le thème de la construction bois au champ d’activité quotidien des agences d’architecture de la région. Animé par Gilles Garby, l’atelier parallèle C5 se penchera sur les “Petits projets bois : extensions et surélévations, réhabilitations énergétiques et rénovations globales”. De fait, des projets parfois modestes d’extension ou de surélévation peuvent conduire à revoir l’isolation d’une habitation, parfois en optant pour une isolation par l’extérieur, qui peut bénéficier de l’habillage de l’extension pour créer une unité de style.
Jonas Tophoven