En Nouvelle-Aquitaine, le groupe Garandeau est présent dans les carrières, le béton prêt à l’emploi, la préfabrication et le négoce de matériaux. La culture de la prévention est au cœur de ses différents métiers.
Retrouvez cet article dans Béton[s] le Magazine n° 82
Implanté en Charente, Charente-Maritime, Gironde, Vienne et Haute-Vienne, le groupe Garandeau possède 12 centrales à béton, gère 75 toupies et 80 chauffeurs. A l’heure où les experts expliquent que l’avenir est à l’externalisation, les dirigeants du groupe font exactement le contraire. Ils prennent en compte l’ensemble du cycle, de la centrale à la livraison sur chantier. Aussi, ils possèdent leurs propres ateliers de maintenance et de réparation.
Le suivi et le respect des mesures de prévention est assuré par Jean-Paul Thomas, responsable sécurité, qui édicte les procédures et les suivis. Identiques pour les 12 centrales. « Nous travaillons en permanence à l’analyse du risque. De plus, nous informons, nous formons, nous sensibilisons, afin que la prévention devienne un réflexe. Sans qu’il soit nécessaire de faire des rappels réguliers. Chaque mois, nous faisons un point sur les accidents et incidents survenus dans l’ensemble du groupe. Chaque incident ou accident est analysé : arbre de causes, retour d’expérience, conclusions… et mesures de prévention adaptées, le tout faisant l’objet d’un affichage dans les différentes zones de l’entreprise. »
En fonction du profil du poste, différentes formations sont organisées : sauveteurs-secouristes, habilitations électriques, Caces, Formation continue obligatoire (FCO) et autorisation interventions proches des lignes (AIPR) pour les chauffeurs… L’ensemble du personnel, qu’il s’agisse des opérateurs de centrale et des chauffeurs, reçoit chaque année sa dotation d’EPI : chaussures de sécurité, casques, gants… Des EPI adaptés à chaque poste de travail et renouvelés au cas par cas, en fonction de l’usure du matériel.
Des règles communes à toutes les centrales
Les 12 centrales Garandeau répondent aux mêmes critères d’organisation du travail, d’ergonomie et de prévention. Les risques communs à ces entités se situent au niveau des opérations de nettoyage des malaxeurs, des chutes de plain-pied, de hauteur, dans les escaliers ou depuis une échelle. Les risques sont aussi d’ordre électrique, de pollutions par les différents adjuvants, sans oublier ceux liés à la co-activité entre piétons, caristes et camions.
Le premier danger se situe au niveau du nettoyage des malaxeurs. Afin d’interdire leur mise en route durant cette intervention, les opérateurs utilisent pour l’ouverture du capot des malaxeurs, une double clef “prisonnière”, qui impose de couper au préalable l’alimentation générale. Les eaux de nettoyage issues des malaxeurs et des toupiessont recyclées par passage dans un système de tamis et de vis sans fin. Les sables et les gravillons sont récupérés. Ces eaux sont ensuite stockées dans des bassins étanches, les boues sont, elles, envoyées dans des décharges spécialisées. Les chauffeurs de toupies étant tous des salariés de l’entreprise, la contrainte de l’accueil est limitée aux particuliers et aux artisans, qui viennent se fournir en petites quantités de béton. Cette organisation réduit les procédures de sensibilisation systématiques, ce qui n’empêche pas les rappels réguliers sur les conduites à tenir : respect des voies de circulation dédiées, port des EPI, des limitations de vitesse sur les sites des centrales, des consignes d’évolution en marche arrière... A l’entrée de chaque centrale, un plan indique les procédures et les voies de circulation à suivre. Des marquages au sol délimitent des circulations VL, PL et piétonnes, ainsi que les zones de stationnement.
De la centrale au chantier, une prévention spécifique
Garandeau possède 75 toupies, qui parcourent, chaque année, environ 50 000km. Ces véhicules sont géolocalisés dans un souci d’organisation et de planification des rotations, afin que les opérateurs dans les centrales soient toujours en mesure de les suivre en temps réel. Face au risque routier, le respect des limitations de vitesse, l’absence de consommation d’alcool, de drogues, l’interdiction de téléphoner en conduisant, la sensibilisation aux risques de renversement… font partie des actions d’information récurrentes. Les manquements et délits sont très mal perçus au niveau de la direction, qui peuvent aller jusqu’au licenciement de l’intéressé. Mais là encore, « Le fait que les chauffeurs soient des salariés de l’entreprise, aide à faire passer les messages de prévention dans la durée », précise Ann Soucaret, responsable BPE du groupe Garandeau.
Sur chantier, les mesures de prévention doivent pouvoir s’adapter à tous les cas de figure, du grand chantier à la plus petite entreprise. « Pour le chauffeur, la première des sécurités vient de son droit de retrait, s’il estime que des conditions de sécurité suffisantes ne sont pas réunies : accès mal revêtu, mal stabilisé, voire impossible, opérations de coulage mal étudiées, bennes inadaptées, risque électrique…, détaille Jean-Paul Thomas.Le chauffeur doit aussi veiller à limiter les co-activités, en s’assurant de la sécurité des piétons et des véhicules extérieurs au chantier. » Le deuxième risque est lié aux lignes électriques et à l’électrocution. Toutes les pompes et tapis sont équipés de détecteurs de lignes. Et des informations/sensibilisations sont dispensées en interne de manière régulière, afin d’éviter la routine et de maintenir un état de vigilance assez élevé. Enfin, des visites de chantiers sont organisées, accessibles aux professionnels comme aux particuliers, afin de sensibiliser les clients aux contraintes de la livraison de BPE.
Turn-over limité en centrale
Chaque nouvel arrivant reçoit un livret d’accueil. Il est pris en charge par un tuteur, qui l’initie à son poste. Des formations sont organisées à intervalles réguliers sur l’ergonomie, les gestes et postures, le port et les conditions de port des EPI. Un affichage renouvelé souvent en centrale permet de maintenir le personnel en éveil. L’ancienneté du personnel, ainsi qu’un turn-over réduit pour les centrales, facilite l’intégration de la culture sécurité. Le problème récurrent reste le renouvellement des générations au niveau des chauffeurs. « Alors que nous connaissons un développement important, nous avons du mal à embaucher de nouveaux chauffeurs. Nous avons créé une école de chauffeurs. Nous proposons de les accompagner. Nous les formons en totalité, y compris en leur faisant passer le permis poids lourds, pour les candidats qui sont seulement titulaires du permis B », précise Jean-Paul Thomas. Et Ann Soucaret d’ajouter : « Le monde du béton n’attire pas les jeunes. Nous devons nous adapter à des horaires de livraison, qui peuvent être très élastiques, et génèrent de la fatigue supplémentaire aux chauffeurs. Nous proposons à ceux qui le souhaitent de concentrer leur semaine de travail sur 4 j, afin de bénéficier de week-ends de 3 j ».
« D’une façon générale, j’estime que nous devons plus “jouer collectif”. Il y a un an, je lançais le slogan “travailler ensemble”. La sécurité est au centre de tout. C’est un cheval de bataille, quotidien qui ne peut progresser que dans le cadre d’une meilleure transversalité et des échanges accrus entre tous les postes. Chacun doit réfléchir “global” et pas seulement vis-à-vis de son environnement immédiat. Cette remarque vaut aussi pour le staff, qui doit être en permanence sur le terrain à l’écoute du personnel », conclut Ann Soucaret.
Gérard Guérit