Pour le groupe Mazaud, la RE 2020 s’inscrit dans sa volonté de développement durable. Explications avec Nicolas Brasier, développeur construction durable du groupe.
Article paru dans Béton[s] le Magazine n°110
Comment est organisée l’activité du groupe Mazaud ?
Le groupe Mazaud est une entreprise familiale détenue par la 5e génération. Il est basé à Villeurbanne et travaille depuis plus de 100 ans sur la métropole lyonnaise. Et depuis une décennie, sur l’ensemble de la région Auvergne – Rhône-Alpes. Nous sommes une entreprise générale de construction, mais disposons aussi d’un bureau d’études réalisant des projets en conception-réalisation. Ce qui fait de nous des acteurs très intégrés sur l’ensemble des étapes de construction. Notre ambition est de devenir un exemple à suivre pour les autres PME en matière de construction durable. C’est pourquoi nous innovons beaucoup, en intégrant dans nos réalisations du béton bas ou très bas carbone, de la terre crue, du bois ou des matériaux biosourcés.
Comment avez-vous accueilli la RE 2020 ?
La RE 2020 est venue confirmer notre volonté de faire bouger les lignes. Nous avions déjà une ambition de développement durable que Cécile Mazaud, notre présidente, a renforcée lorsqu’elle a rejoint l’entreprise, il y a 20 ans. Nous l’avions donc anticipée dans nos moyens techniques et intégrée dans les enjeux d’avenir. Ainsi, dès le début de l’année 2020, nous avions signé un accord sur le bas carbone avec Lafarge. De par notre activité de conception, nous avons deux à trois ans d’avance sur nos confrères qui ne font que de la construction.
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Aujourd’hui, nous réfléchissons déjà aux futurs seuils de la RE 2020, qui feront monter les exigences. Nous avons déjà les solutions et l’expérience pour cela.
Quelles sont les conséquences provoquées par cette réglementation sur votre organisation ?
Il y a eu quelques adaptations, en termes d’outillage ou de sourcing des matériaux. Mais c’est surtout dans la formation des équipes qu’il a fallu agir. Nous avons pris le temps pour trouver et former une équipe qui apprécie de poser des blocs en béton de chanvre. Il a fallu expliquer l’intérêt du produit et les spécificités de sa mise en œuvre. Ces nouveaux matériaux impliquent de penser autrement et de réviser ses réflexes. Le bloc en béton de chanvre assure aussi l’isolation thermique. Sa découpe et sa mise en œuvre doivent donc être soignées. Là encore, nous avons fait des tests avec les équipes pour qu’elles puissent prendre la matière en main. Cela a été la même chose pour le béton bas carbone. Nous avons eu des liens avec les producteurs pour régler les formulations. Puis, il y a les repères à faire évoluer, comme avec le béton à base de ciment CEM VI qui, en période estivale, tire un peu plus vite. Il faut donc mieux anticiper l’arrivée d’une toupie ou travailler les formulations.
La RE 2020 a-t-elle modifié ou remis en cause votre vision du matériau béton ?
Non, absolument pas ! En revanche, nous avons fait le choix d’utiliser à 100 % du béton bas carbone lorsque cela est possible d’un point de vue fournisseur. Et les clients nous suivent. En revanche, le tout béton, c’est terminé. Toutes les opérations sous l’égide de la RE 2020 se font en mixité des matériaux. Ce qui est dans la lignée de notre ambition.
A ce jour, quels sont vos chantiers emblématiques dans ce type de conceptions ?
Il y en a de nombreux, mais je pense notamment à deux qui me paraissent être représentatifs. D’une part, à Brignais, au Sud de Lyon, le centre de formation des Compagnons du Devoir et du Tour de France, qui met en œuvre des blocs en béton de chanvre. Nous avons poussé l’utilisation d’un béton bas carbone produit par SEBM à partir d’un ciment de Lafarge. Et le client nous a suivis. D’autre part, nous avons le projet de l’ancien collège Scève à Lyon, qui est une conception Mazaud et qui sera réalisé à partir de mai 2024 avec du béton bas carbone pour la structure, des blocs de béton de chanvre pour les façades et des briques de terre crue pour certains cloisonnements intérieurs. Aujourd’hui, l’ensemble de nos projets d’entreprise générale sont en solution mixte bois/béton.
Propos recueillis par Yann Butillon
Retrouvez le dossier en intégralité ici
Article paru dans Béton[s] le Magazine n°110
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