Le groupe lyonnais Mazaud a mis en place une démarche environnementale engagée et innovante. Il n’hésite pas à tester de nouveaux modes constructifs, comme l’explique Cécile Mazaud, sa dirigeante depuis 9 ans.
Article paru dans Béton[s]le Magazine n° 111
Pouvez-vous nous présenter l’entreprise Mazaud en quelques mots ?
Notre aventure a débuté il y a presque 130 ans, avec l’entreprise de maçonnerie lyonnaise Tixier. Celle-ci est devenue Mazaud en 1925, suite à son rachat par mon arrière-grand-père. Je représente la 5e génération à la tête de l’entreprise. J’en ai repris les rênes en 2019.
J’ai été séduite par la beauté du geste, de l’architecte au compagnon. Mais aussi, par ce côté humain qui vous touche. Construire pour les autres, cela donne du sens. Sans oublier ce franc-parler caractéristique de nos métiers !
Le groupe Mazaud d’aujourd’hui, ce sont 130 collaborateurs, un chiffre d’affaires de 35 M€ et un territoire couvrant toute la région lyonnaise en allant jusqu’à Dijon et à Clermont-Ferrand [Inscrits]. Surtout, nous sommes présents dans quatre métiers principaux : la conception-réalisation, l’entreprise générale, le gros œuvre et la rénovation tertiaire.
Comment se présente votre marché local de la construction ? A quelles difficultés êtes-vous confrontée ?
On ne va pas se voiler la face. Avec un recul de 22 % des mises en chantier de logement neuf1 et une situation à peine moins mauvaise pour le non-résidentiel neuf, associés à un manque d’action du gouvernement, il y a quoi être inquiet. D’autant plus que la promotion immobilière peine à obtenir des permis de construire… Quant au plan “Zéro artificialisation nette”, qui empêche quelque part de construire, il peut être antinomique avec les objectifs de réindustrialisation fixés par l’Etat.
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Les territoires ont chacun leurs spécificités et les politiques doivent prendre en compte ces aspects. Toutefois, malgré cet état des lieux quelque peu sombre, le gros œuvre profite encore de carnets de commandes plutôt corrects !
L’environnement et la construction durable semblent constituer des valeurs cardinales de l’entreprise. Pourquoi un engagement si fort ?
J’ai toujours été très engagée. Et encore plus quand je suis devenue maman, en 2008. Des choses me touchaient davantage. J’ai voulu que le groupe Mazaud fasse encore plus et mieux. Nous avons lancé notre démarche ISO 14001 et décroché la certification, dès 2009, bien accompagné en cela par BTP Rhône et Métropole.
Nous avons mis en place le tri sur chantier, des bacs de décantation pour les bennes à béton. Nous luttons contre les gaspillages, d’eau en particulier. L’huile de décoffrage bio est devenue la norme. Nos bungalows de chantier sont mieux isolés, les systèmes de chauffage plus vertueux.
Est-ce aussi une manière d’exister face aux majors du BTP français ?
Notre ambition de devenir leader de la construction durable en région Auvergne – Rhône-Alpes traduit la volonté d’être, dans notre domaine, la PME de référence qui assume un rôle de pilote dans l’innovation. Nous ouvrons la voie… On vient nous chercher pour nos compétences, pour nos conseils. Nous progressons et nous innovons ensemble, avec nos partenaires, nos fournisseurs, nos clients.
Mazaud teste et applique différents modes constructifs. Quels bilans pouvez-vous en faire ?
Nous avons testé la construction hors-site en bois avec le groupe Constructions Socopa et la réalisation de cages d’ascenseur et d’escalier en bois. Nous n’avons pas peur de l’innovation et aimons travailler sur la mixité des matériaux, tout comme sur l’intégration d’éco-matériaux. Cela nécessite plus de temps d’étude, mais peut permettre de gagner en délais d’exécution. Il est aussi nécessaire que l’architecture s’adapte aux nouveaux modes constructifs.
En 2020, nous avons mis en œuvre des bétons bas carbone avec Lafarge. Puis, en 2022, nous avons utilisé le béton de bois, dans le cadre d’éléments préfabriqués par l’industriel Spurgin. En 2023, nous avons réalisé le premier ERP de l’agglomération lyonnaise en blocs de béton de chanvre Biosys, système développé par Vicat et préfabriqué par Vieille Matériaux
Tous nos chantiers lyonnais utilisent du béton bas et très bas carbone. Nous travaillons main dans la main avec nos fournisseurs sur les bétons ultra bas carbone qui nécessitent encore quelques adaptations au niveau de leurs formulations.
En 2015, vous avez mis en place un service de conception-réalisation. Quel en est l’objectif précis ?
C’est un laboratoire d’idées. Cela nous donne une vision environnementale globale. Nous bénéficions du retour d’expérience de nos chantiers sur la pose des matériaux, leurs forces et leurs limites. Nous échangeons avec nos fournisseurs dans une démarche collective d’amélioration continue. Cela nous permet ainsi de toujours proposer le matériau le plus adapté sur chacun de nos projets en conception-réalisation.
Propos recueillis par Frédéric Gluzicki
1Source FFB.
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Article paru dans Béton[s]le Magazine n° 111
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