Dans l’emblématique siège du Parti communiste français conçu et aménagé par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, décédé le 2 décembre 2012, qui en dressa l'esquisse dès 1965, se déroule l’exposition “Brasilia, un demi-siècle de la capitale du Brésil”, jusqu’au 30 juin prochain, dans l’espace Oscar Niemeyer.
C’est durant son exil en France au milieu de années 1960 que l’architecte « offrit à ses camarades le projet d’un siège pour le parti à Paris ». L’immeuble fut achevé en 1971, tandis que la coupole, le parvis et le hall souterrain ne le furent qu’en 1979-1980. Les façades sont recouvertes d’un mur-rideau de Jean Prouvé. Cet ouvrage rappelle les courbes et les lignes de Brasilia. Un lieu tout trouvé pour cette exposition, qui est un hommage non seulement à la capitale du Brésil, mais aussi à ses bâtisseurs et au peuple brésilien.
Brasilia, une cité utopique et futuriste
L’idée de transférer la capitale du Brésil à l’intérieur du pays était un vieux rêve. Défendue par le marquis de Plombal à l’époque de la Colonie, elle eut beaucoup d’autres partisans durant l’Empire, mais la démarcation du quadrilatère où Brasilia serait finalement inaugurée plus de 60 ans plus tard ne fut réalisée qu’en 1892 par l’astronome et ingénieur belge Luiz Cruls. Le 18 janvier 1922, le président Epitacio Pessoa signe un décret déterminant la pose de la première pierre de la capitale fédérale au Planalto Central. Les travaux commencèrent en 1956, entrepris par des “candangos”, nom donné aux ouvriers qui construisirent la ville, venant des quatre coins du pays, spécialement de la région Nord-Est. Ils furent plus de 60 000 à la fin de travaux. En 1956, le nouveau président de la République Juscelino Kubitschek donne le coup d’envoi à son ambitieux projet de développement urbain de la région centrale du Brésil. Le nom de Brasilia est officiellement choisi pour la ville. Juscelino Kubitschek présente le projet à l’architecte Oscar Niemeyer qui commence immédiatement à travailler et suggère le lancement d’un concours public pour le choix du projet urbanistique, finalement confié à Lucio Costa. Niemeyer est chargé des bâtiments et Costa élabore le plan de la ville.
Brasilia est une cité utopique et futuriste qui a vu le jour dans la grande plaine désertique et inhabitée du Planalto Central. Chef d’œuvre de l’architecte Oscar Niemeyer, de l’urbaniste Lucio Costa et du paysagiste Roberto Burle Marx, elle représente l’un des évènements architecturaux majeurs du XXe siècle. L’exposition parisienne témoigne de la pensée moderniste de ses bâtisseurs, tout en leur rendant hommage.
Un parcours en 6 pôles
Le parcours commence par des photographies d’époque, des instruments de relevé topographique et carnets de note d’explorateurs, utilisés par la mission Cruls. Témoignages de l’expédition entreprise vers le Planalto Central à partir du 9 juin 1892 par l’astronome et ingénieur belge Luiz Cruls et son équipe, chargés de 10 t d’équipements, afin de délimiter le quadrilatère de la future nouvelle capitale. Ensuite, sur les murs de béton brut apparaissent de nombreuses photographies du Brésilien Mario Fontenelle et des Français Marcel Gautherot et Jean Manzon, qui ont suivi la construction de la ville. Le 3e pôle présente une trentaine de photographies de Fabio Colombini, colorées et très graphiques, des principaux monuments de Brasilia : le Parlement avec ses deux demi-sphères, dont une inversée, l’emblématique cathédrale Notre Dame-de-Aparecida supportée par 16 piliers de béton représentant des bras fervents tendus vers le ciel, le palais de l’Itamaraty semblant flotter sur l’eau ou celui en verre du Planalto, dont la série de colonnes recouvertes de marbre blanc soutient voluptueusement le large toit de béton. Ensuite, des espaces individuels retracent l’histoire et les faits les plus marquants des vies de Juscelino Kubitschek, d’Oscar Niemeyer, de Lucio Costa et d’Athos Bulcao, accueillant objets de leurs collections, photographies et textes accompagnés d’informations générales sur leurs vies et leurs œuvres. Une représentation de la ville actuelle se découvre grâce à une maquette de 4,80 m sur 6 m. Pour finir, gravures, dessins, peintures, maquettes, sculptures, mais aussi pièces de monnaie, timbres, objets décoratifs, médailles et livres rares témoignent des nouvelles acquisitions de l’exposition. On découvre aussi des œuvres très colorées sur toile et papier du peintre français Jacques Benoit, fasciné et inspiré par Brasilia. Tout y est maximal, étudié, symbolique : qualificatifs que l’on pourrait tout autant appliquer aux réalisations architecturales d’Oscar Niemeyer pour la capitale brésilienne.