Le Museo Atlántico, situé à Lanzarote, est le premier musée d'art contemporain sous-marin, en Europe. Il est dédié aux sculptures de l’artiste écologiste Jason deCaires Taylor. Un hymne artistique… en béton à la protection de notre si fragile éco-système.
Ouvert en 2016, le Museo Atlántico est le premier musée 100 % aquatique, en Europe. Dans la baie de Las Coloradas, à Yaiza, à la pointe Sud de Lanzarote, une île de l’archipel espagnol des Canaries, les plongeurs peuvent admirer les sculptures de l’artiste britannique Jason deCaires Taylor (né en 1974), organisées en douze groupes, créant un véritable dialogue visuel entre art et océan. Sur quelque 2 500 m2 sous la mer et à environ 15 m de profondeur, le sculpteur a immergé, parmi la faune et la flore marines endémiques, quelque 300 statues de béton, à taille et aux allures humaines.
Tour à tour, ses sculptures évoquent la crise migratoire (“Le Radeau de Lampedusa”, un bateau transportant 13 réfugiés sculptés, version moderne du “Radeau de la Méduse” du peintre Théodore Géricault, datant de 1818), l’environnement ou la vie quotidienne. Elaborées en béton au pH neutre et en matériaux non-polluants, compatibles avec l’environnement, elles créent des mini-éco-systèmes. La vocation du Museo Atlántico est à la fois « la préservation, la conservation et l’éducation sur le milieu marin et la nature » et « un appel à la défense des océans ».
En harmonie avec la faune et la flore
Une évidence pour cette île volcanique, qui, depuis les années 1970, a su préserver son identité, grâce notamment à l’éco-tourisme. Et ce, sous l’action de l’artiste du pays César Manrique (1919-1992), à travers des sculptures monumentales, dont il a parsemé l’île, et à son engagement environnemental. Les sculptures de Jason deCaires Taylor s’inscrivent dans une démarche similaire, une vraie dynamique écologique. Ce pionnier du land art sous-marin reconnu depuis 2006 a très tôt été sensibilisé à la protection des fonds marins.
D’ailleurs, ses œuvres aident à reconstituer les récifs coralliens, très souvent menacés, transformant ainsi le Museo Atlántico en récif artificiel à grande échelle. La progressive disparition des sculptures est dans la logique même du projet de Jason deCaires Taylor. Elles sont vouées à se fondre dans leur milieu. L’éco-sculpteur présente des statues, qui « représentent un point d’entrée vers un monde différent et favorisent une meilleure compréhension de notre précieux environnement marin et de combien nous dépendons de lui ». Les habitants de Lanzarote, eux-mêmes, ont servi de modèles pour la plupart des œuvres, créant un paysage sous-marin peuplé de gens ordinaires. Un clin d’œil pour un archéologue du futur…