Touche-à-tout, le poète Jean Cocteau s'est même essayé à la "réclame". Il a notamment écrit le poème "Le chevalier Béton" pour une plaquette promotionnelle.
Article paru dans le n° 96 de Béton[s] le Magazine
Avant tout poète, Jean Cocteau (1889-1963) a été l’imprésario de son temps, le lanceur de modes et le bon génie d’innombrables artistes. On connaît sa cinématographie, de La Belle et la Bête à Orphée. Touche-à-tout, il s’est même essayé à la “réclame” de l’époque. Publié en 1960 dans “Beauté des formes”, son poème, “Le chevalier Béton” est une plaquette promotionnelle éditée par la Chambre syndicale des constructeurs en ciment armé de France et de l’Union française. Jean Cocteau porte le béton dans son poème, mais l’exercice a ses limites, et ce matériau fait ailleurs les frais du parallèle avec le marbre, dans un texte commandé cette fois par la Fédération marbrière de France : « Le béton attriste. Les ondes s’y cognent, s’y épuisent alors que le marbre elles l’imprègnent et collaborent à l’enrichissement de son organisme »…
« Le chevalier Béton
L’art est une vibration immobile
Où rien n’obéit à la marche du progrès
Mais il profite des véhicules que le progrès
Lui offre pour cet étrange et vertigineux voyage
Sur place.
Le béton est apparu dans l’arène de notre tournoi
Sous l’aspect d’un chevalier inhumain,
D’un bloc insensible et féroce.
Or une âme habitait cette armure
Et la mettait au service de la beauté qui change
Continuellement de type et peut même
Paraître laide au premier abord.
Les immeubles, les barrages, les piles nucléaires,
Les tunnels, les ponts, les routes, les usines,
Les basiliques conduisent peu à peu le béton
vers la délivrance des princesses captives
et vers le mystérieuse quête du Graal. »
Jean Cocteau, 1960