La cave à vins Dom Zébulon de Saint-Nazaire expose jusqu’au 12 décembre 2019 les œuvres en béton de l’artiste Jean-Yves Boulay.
« Mon premier métier fut carrossier réparateur automobile. Redresser les voitures accidentées, retrouver la forme des tôles froissées, mastiquer, poncer. Mais ce que j’aimais le plus, c’était la mise en peinture et voir se révéler la lumière sur les formes automobiles. La peinture au pistolet, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas », explique l’artiste Jean-Yves Boulay (JBY). Et de poursuivre, « C’est dans l’industrie nucléaire au côté des techniciens et ingénieurs que j’ai œuvré les dix dernières années, avant de démissionner fin 2017, retrouvant le goût du printemps, de la paresse automnale et de la poésie. » Alors, pourquoi ne pas utiliser le sable, le ciment et l’eau ? C’est en effet le béton que l’artiste utilise pour la création de ses tableaux. C’est une rencontre avec ce matériau, qui a été le déclencheur. Jean-Yves Boulay s’intéresse aux nouvelles générations de béton, notamment au Bfup i.design Effix Crea de Ciments Calcia. Il a tenté aussi de nouvelles approches au niveau de la formulation, mais cela a été mis de côté.
Retour à la forme et aux couleurs
Désormais, JBY est revenu à la forme et à l’exploration plastique du béton. Son rapport à la forme, aux couleurs. Lors du coulage, il palpe le béton, le roule, le galbe, le tord… dans une logique de chaudronnier-carrossier. Ses tableaux sont assez proches des tôles froissées de son passé, véritables boucliers. Ils sont constitués de plaques de 2 mm à 8 mm. « L’angle droit, la verticale, l’horizontale parfaite n’existent pas à l’état naturel. C’est une contrainte, une limitation, un format, une facilité, une aliénation industrieuse de l’esprit humain. » Comme le peintre Pierre Soulages, il se réapproprie la matière, donne des effets de texture, fait ressortir la lumière. « Peindre une forme, une couleur, des textures sur une toile. Il arrive un moment, où la toile devient la forme. Le tableau est une forme, une forme abstraite qui ne doit plus/pas se limiter aux rectangles ou aux carrés. A moins que la toile, avec son châssis et l’enduit, ne soit devenue inutile, voire un obstacle. La forme avec son expression (impressions, couleurs, textures, sens …) est la seule chose qui me semble essentielle. Le tableau est donc la forme, et même les formes. Le tableau est la couleur. Le tableau est la texture. Le tableau est la matière de l’œuvre. La matière devient tableau. Le tableau n’est plus l’idée habituelle du tableau, cela devient autre chose. Une chose, qui encore s’accroche au mur, ou pas. L’art moderne, abstrait, contemporain, n’a de sens que dans une recherche constante et dans l’expérimentation. Le repos, l’immobilisme, le déjà vu, la répétition du passé, ne sont pas de mise », insiste Jean-Yves Boulay.
Chez Dom Zébulon à Saint-Nazaire jusqu’au 12 décembre 2019, l’artiste expose 4 grands formats entre 1 m et 1,5 m, pour un poids compris entre 3 et 4,5 kg. Ainsi que deux totems, des tableaux pliés en deux, de plus de 2 m de haut et posés sur la tranche. « En mai 2019, après plusieurs années de travail et de recherche, je bouscule le béton dans ses derniers retranchements, par la déformation du béton frais. Avec “Bluejeans Totem” et “Bouclier béton bleu doré”, des œuvres en béton peintes au pistolet. Je retrouve mon idéal, la joie, le plaisir des formes et de la lumière », conclut Jean-Yves Boulay.
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Muriel Carbonnet
Le Dom Zébulon fait ses expositions à Saint-Nazaire
Trois questions à l’organisateur de l’exposition, Lionel Sananès, de la cave à vins Dom Zébulon, avenue de Mun à Saint-Nazaire.
Vous exposez des artistes dans votre bar à vin à Saint-Nazaire, pourquoi ?
Les gens sont toujours curieux de découvrir des choses nouvelles. Ici, ils prennent le temps de la détente et de la discussion autour d’un verre. C’est un lieu aussi, où je veux donner l’opportunité à des artistes d’exposer et de s’exprimer. Il arrive que ce soit la première fois qu’il expose. Il faut leur donner cette chance.
Mais, alors, comment cela passe, si l’on veut venir exposer chez vous ?
La plupart du temps, c’est un client qui me présente un ami, un artiste, et tout simplement, il me parle de son travail. C’est comme ça, que j’ai rencontré Jean-Yves Boulay (JYB), grâce à Christophe Coffec, un client passionnant, un artiste dans son genre aussi, qui customise des vélos. Un mois après, il expose son travail hors norme. C’est extra, du jamais vu. Et les clients, ils posent des questions.
Vous organisez un calendrier, une sélection…
On improvise au fil du temps, des expositions qui se suivent, en tout simplicité. Maintenant, les clients savent qu’ils découvriront presque à chaque fois une œuvre nouvelle. Cela peut être une semaine, un mois, un peu plus.