La coupole de l’Hôtel de ville de Vincennes

Muriel Carbonnet
16/09/2019
Modifié le 11/08/2020 à 13:46

L’exposition à l’Hôtel de ville de Vincennes incite à porter un regard critique sur les coupoles en béton dit “translucide” selon la terminologie de l'époque, à travers les maquettes de plusieurs d'entre elles, accompagnées de leurs pavés et briques de verre.

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Coupole de l’Hôtel de ville à Vincennes.

Une étonnante coupole de l’Hôtel de ville de Vincennes (94) surplombe l’escalier d’Honneur. Elle est représentative d’un procédé de construction. Celui-ci associant le verre sous forme de pavés, de briques ou de dalles à des poutrelles en béton armé. Cette technique a connu son apogée dans l’entre-deux-guerres. Elle s’est imposée dans les halls de banque, les gares, les piscines et autres établissements publics. Tout à la fois pour sa fonctionnalité et son potentiel décoratif. Issu de deux périodes de construction distinctes, l’Hôtel de ville illustre le style néo-Renaissance. Ce dernier s’inspire du modèle que constitua l’Hôtel de ville de Paris au début de la Troisième République. Et le style Art Déco, par les aménagements intérieurs, réalisé lors de son agrandissement dans les années 1930.

« Ce procédé dit “de béton translucide” s’est révélé être une alternative économique et une solution architecturale. Et ce, dans la quête de la lumière dans des gabarits anachroniques. Le béton, matériau moderne, se substitue à la pierre de taille, le verre et sa capacité à reprendre les efforts de traction. Ces trois matériaux forment un amalgame homogène et monolithique », explique Yassine Kébir, architecte-urbaniste et doctorant en histoire de l’architecture.

Un premier brevet en 1909

En France, un premier brevet pour du “Glaseisenbeton”, sous la terminologie de l’époque de “béton translucide”, est déposé en 1909 par Gustave Joachim. Cet ingénieur s’est saisi des techniques de confection du béton pour élargir l’usage de ce procédé au bâtiment. Son procédé consista à mouler des pavés de verre dans des poutrelles en béton armé. Afin de confectionner des panneaux lumineux. Dans un premier temps, ce béton va prendre place dans les équipements publics et privés. Une orientation qui sera motivée par l’assurance d’une viabilité économique pour le constructeur. Mais c’est à partir de 1855 que l’industriel Thaddeus Hyatt entreprit de noyer dans un amalgame de ciment des pavés ronds en verre. Depuis cette époque, l’évolution des modes de confection des ciments armés et des verres n’a cessé d’améliorer ce matériau composite.

« Ce patrimoine architectural, rendu banal par une large diffusion jusque dans les années 1960, nous renvoie à ses premières distinctions. Et récompenses lors de l’Exposition internationale des arts du travail de 1912 et celle des arts décoratifs de 1925. Il n’en reste pas moins que sa persistance dans le temps et dans le paysage des centres-villes doit nous interpeller sur sa qualité, sa vocation et les enjeux liés à sa valeur patrimoniale. L’exposition à l’Hôtel de ville de Vincennes vous incite à porter un regard critique sur ce patrimoine. Et ce, à travers les maquettes de plusieurs coupoles accompagnées de leurs pavés et briques de verre », conclut Yassine Kébir.

Muriel Carbonnet

Exposition Les coupoles remarquables en “béton armé translucide” : Hôtel de ville de Vincennes, du 21 au 22 septembre, dans le cadre des Journées du Patrimoine.