A l’abandon depuis 1999, l’ancien mini-métro SK de Noisy-le-Grand (93) est devenu le paradis des adeptes de l’urbex. Mais une seconde vie semblerait s’offrir à ce lieu souterrain incomparable.
Saviez-vous qu’il existe un mini-métro dans le ventre du quartier du Mont d’Est, à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis ? De cette ville nouvelle, on connaît surtout les programmes d’habitations des années 1970-1980. Des architectures telles que les Espaces d’Abraxas, de Ricardo Bofill, les Arènes de Picasso, de Manuel Nunez, ou encore La Noiseraie et le George Sand, d’Henri Ciriani.
Alors qu’est-ce que cette curiosité ? D’une longueur de 518 m et doté de deux terminaux, ce mini-métro avait été conçu en 1993, pour un montant de plusieurs millions de francs. « Un immense gâchis pour un métro qui n’a jamais été mis en service », souligne Brigitte Marsigny, maire de Noisy-le-Grand. Le but de cette réalisation était de relier la gare RER du Mont d’Est au futur quartier d’affaires Maille Horizon, à l’Ouest. Mais le projet n’a jamais vu le jour, avalé par la crise immobilière du début des années 1990.
Le métro SK en deux mots…
Le SK était une ligne de transport de type “navette hectométrique”. Son principe : actionner des cabines-capsules au moyen de câbles, sur le modèle des téléphériques. Le nom “SK” rendait hommage à la fois au nom de son constructeur – l’entreprise Soulé – et de son concepteur – Yann de Kermadec.
Durant quelques années, la RATP a fait fonctionner ce mini-métro, à raison d’une mise en marche mensuelle, avant de jeter définitivement l’éponge en 1999 !
Au fil du temps, les différents espaces composant la ligne SK, à l’écart de toute habitation, sont devenus le paradis des graffeurs et autres adeptes de l’urbex (exploration de lieux à l’abandon). Murs en béton, bruts ou recouverts de granite rose, et cabines-capsules couverts de graffitis, de tags, de fresques y côtoient, aujourd’hui, les armoires électriques éventrées et les escalators plus ou moins vandalisés… On pénètre comme dans un monde post-apocalyptique… Le règne d’un milieu interlope et underground. « Quand je suis arrivée aux affaires, en 2015, j’ai découvert ce lieu singulier, un peu hors du temps, reprend Brigitte Marsigny. Il est tout de suite devenu évident qu’il fallait en faire quelque chose. »
Le projet K, symbole de la transformation de Noisy-Le-Grand
Plus question de (re)mettre en service cette mini-métro fantôme. Les temps ont changé. Marcher 500 m n’est plus un concept abstrait, mais tout à fait dans les mœurs urbaines actuelles. D’autant plus que la promenade se passe dans un environnement dédié, aménagé… L’idée est donc de lui redonner vie, autrement. C’est le pari de la ville de Noisy-le-Grand, qui a lancé le 8 avril dernier, l’appel à projets baptisé “Station K”. Un hommage au nom d’origine – SK – et un clin d’œil à la Station F, à Paris, qui a vu la transformation de l’ancienne Halle Freyssinet en mini-Silicon Valley, sous la houlette de Xavier Niel, le patron de Free.
Le projet vise à « créer différents lieux de vie hybrides et animés, regroupant sur un même site. Une brasserie conviviale, des cafés troglodytes, une salle de spectacles, un mur d’escalade. Mais aussi un espace d’expositions organisées dans le cadre d’une programmation culturelle et sportive », explique Téo Garcia, chargé d’opération à la Socaren, maîtrise d’ouvrage. Et, Brigitte Marsigny, de conclure : « Certains lieux, plus que d’autres, sont porteurs d’un imaginaire et d’un potentiel infini. A Noisy-le-Grand, nous avons la chance de disposer d’un tel endroit, magique et incomparable. Si l’ancien métro SK reste perçu comme un échec industriel, je suis restée ébahie par cette cathédrale souterraine où des artistes passionnés ont pu exprimer une forme d’art underground. Aujourd’hui, le SK est amené à devenir un lieu emblématique d’animation du Mont d’Est ».