Lafarge France : « Avec EcoPact, nous ciblons 1 Mm3 à fin 2025 »

Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 109.

Pourriez-vous nous rappeler ce qu’est EcoPact ?

Denis Garant : Il s’agit de la gamme des bétons Lafarge qui propose une réduction de l’empreinte carbone, en comparaison à une formulation réalisée sur la base d’un CEM I. Nous avons choisi ce ciment comme référence pour avoir un langage commun, à l’échelle du groupe. Pour les mêmes raisons, nous parlons de taux de réduction et non de poids carbone. Il était indispensable d’avoir un référentiel unique au niveau mondial, car EcoPact n’est pas une marque réservée uniquement à la France. [inscrit] Et ce n’est pas l’arrivée de la RE 2020 qui a été le déclencheur de la mise sur le marché de cette offre de bétons.

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EcoPact propose ainsi trois niveaux de réduction carbone. De – 30 à – 50 %, les bétons s’appellent juste EcoPact. Entre – 50 et – 70 %, on parle d’EcoPact A, et au-delà de – 70 %, on passe à la version EcoPact AA. Toutefois, avec les entreprises, les discussions portent bien sur un poids carbone par m³. Nous assurons même le calcul précis du ou des bétons qu’elles seront en mesure de mettre en œuvre.

L’offre existe depuis deux années à présent ? Quel bilan pouvez-vous en faire ?

L’année du lancement de la gamme EcoPact, en 2021, les ventes ont atteint les 50 000 m³ sur l’ensemble du territoire. Ce qui représentait tout juste 0,5 % du chiffre d’affaires de l’activité BPE de Lafarge en France. A fin 2023, nous devrions dépasser le cap des 500 000 m³ et 10 % de notre chiffre d’affaires !

Pour 2025, nous ciblons la barre symbolique de 1 Mm³… En résumé, le bilan est plutôt positif avec une très belle montée en puissance. Près de 60 % des ventes concernent les EcoPact classiques et environ 40 %, les EcoPact A et AA.

EcoPact, ce sont les bétons à empreinte carbone courants de l’offre Lafarge. Les bétons qui ont un nom bien défini et identifié ne sont pas estampillés EcoPact. Leur version moins carbonée bénéficie du suffixe 360, qui correspond chez nous à une caractéristique éco-responsable. Par exemple, un Artevia formulé avec ciment moins carboné devient Artevia 360…

Durant cette période, EcoPact a-t-il connu des changements ? Et avec l’évolution de la RE 2020, va-t-il connaître d’autres mutations ?

Bien entendu, EcoPact a changé au fil du temps et continuera à évoluer. Une situation normale en fin de compte, car liée à la disponibilité de certains ciments et à l’arrivée de nouveaux ciments moins carbonés. A l’image du CEM V-SQ, à base d’argiles calcinées, issu de la cimenterie Lafarge de La Malle, dans les Bouches-du-Rhône. Ou encore du nouveau CEM VI du Theil, en Ardèche. Il est évident que d’autres ciments verront le jour dans les mois et années à venir, pour aller toujours plus loin dans la décarbonation.

En parallèle, EcoPact a aussi évolué dans ses utilisations, en particulier en dehors du secteur du bâtiment. Enfin, il ne faut pas oublier la formulation, sur laquelle nous jouons pour faire baisser l’empreinte carbone de nos bétons.

EcoPact est-il disponible sous la forme d’une licence ?

La marque EcoPact n’appartient qu’à Lafarge et nous sommes les seuls à pouvoir la proposer à nos clients. Toutefois, les utilisateurs des ciments de la ligne EcoPlanet peuvent profiter du droit d’usage de la marque Galaxim Planet.

Concernant EcoPact, nous avons développé un principe de partenariat avec les entreprises de bâtiment pour permettre un essor plus rapide de cette offre moins carbonée. Après tout, qui est le mieux placé pour parler aux donneurs d’ordre des solutions bas carbone ?

A l’heure actuelle, une vingtaine de partenariats avec des entreprises sont en place. Et concernent aussi bien des échanges techniques que le business. Nous avons aussi une coopération avec un promoteur et même avec un industriel du coffrage. Sateco en l’occurrence, qui est en mesure de parler de décoffrabilité des bétons EcoPact. En effet, si un béton bas carbone “classique” ne nécessite pas un temps de prise plus long, il n’en est pas tout à fait de même pour les EcoPact A et AA. Il faut que chacun ait conscience qu’un ciment moins carboné, donc moins riche en clinker, reste moins réactif qu’un ciment traditionnel, tel que produit jusqu’à présent…

Les partenariats fonctionnent donc bien et vous aident dans les développements ?

“La marque EcoPact est celle qui a le plus de notoriété sur le marché des bétons bas carbone”, a déclaré un de nos clients fidèles. En effet, la première année de l’existence des bétons EcoPact, nous cherchions des partenaires. A présent, ce sont eux qui viennent toquer à notre porte.

Et qu’en est-il du prix de ces nouveaux types de bétons ?

Faire baisser de plus de 30 % d’empreinte carbone d’un béton ne se fait pas en le formulant avec un simple CEM II ! Il faut aller chercher des ciments beaucoup plus techniques, dont le surcoût est plus important. Du fait de la nature même de ses constituants, de la R&D qui a été mise dedans… Mais d’une manière générale, un béton dit “bas carbone”, c’est un prix en hausse 10 % en comparaison à un béton courant équivalent.

Propos recueillis par Frédéric Gluzicki

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Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 109.